Chaque année, la FNSEA conduit, via son réseau de FDSEA, près de 7 000 enquêtes sur l'emploi et la formation en agriculture dont 750 en Auvergne Rhône-Alpes.
Alors que le secteur agricole traverse de profondes mutations, qu’il s’agisse des méthodes de production, de la transition écologique ou de la difficulté à attirer de nouveaux talents, qui mieux que les agriculteurs employeurs de main-d’œuvre ont la capacité d'identifier leurs besoins et priorités. C'est la raison pour laquelle, chaque année, la FNSEA mène l'enquête auprès de ses adhérents de façon anonyme. « Ces enquêtes nous aident à répondre aux problématiques actuelles rencontrées par les exploitants agricoles. Les questions du recrutement, des prestations de services, des conditions de travail, du travail saisonnier, de la stratégie des ressources humaines et des profils spécifiques de salariés agricoles sont traitées », indique Arthur Hibert, responsable de l'observatoire des affaires sociales à la FNSEA. Le nombre d’agriculteurs interrogés (la plupart du temps des employeurs) oscille entre 6 000 et 7 000. Ces enquêtes respectent un échantillonnage par filière, taille d’entreprise et département basé sur les données MSA afin de garantir leur validité.
Embaucher, former, fidéliser
En Auvergne Rhône-Alpes, en 2023, 745 employeurs ont été interrogés sur un total de 12 801, selon les chiffres de la MSA, soit une moyenne de 64 par département. Ces exploitations emploient 2 331 équivalents temps plein (ETP) soit 3,1 ETP en moyenne par exploitation. En comparaison aux chiffres nationaux, Auvergne-Rhône-Alpes se distingue par une part plus importante de salariés de 25 ans et mois (64 %) et de salariés étrangers hors UE (21 %). À l’inverse, les salariés de plus de 55 ans et plus et les salariés familiaux sont moins présents (34 %). Derrière ces chiffres factuels, se trame un profond désarroi des agriculteurs, en difficulté pour trouver et fidéliser des salariés. « Beaucoup d'offres en élevage, notamment, ne sont pas pourvues. Des gens en reconversion, très volontaires au départ, se heurtent aux réalités des métiers avec ses contraintes physiques et d'astreinte, et malheureusement ne restent pas en poste », témoigne Sandrine Cheramy-Perben, chargée de mission emploi formation dans le Rhône. Parmi les 135 enquêtes remontées dans ce seul département, la plupart des répondants témoigne d'un réel besoin d'accompagnement. À l'échelle régionale, 26 % des employeurs ont mis en place une stratégie RH, tandis que 71 % expriment au moins un besoin d'accompagnement sur ces sujets. « Des efforts sont à consentir sur ce volet avec des exigences réciproques côté employeurs et salariés », estime la chargée de mission. Près de la moitié des agriculteurs enquêtés dans la région ont mis en place des moyens spécifiques pour fidéliser leurs salariés. Il peut s'agir d'amélioration de leurs conditions de travail, de formations, de transformation de CDD en CDI, d'épargne salariale, ou encore d'association aux décisions techniques.
Externaliser le recrutement
Au quotidien, l'agriculture est souvent confrontée à des impasses : de nombreux salariés étrangers qui postulent mais qui n'ont pas de papiers, et des personnes en insertion souvent volontaires mais qui, faute de mobilité, déclinent les offres d'emploi. Faute de pouvoir embaucher en direct, 30 % des entreprises agricoles de la région emploient des salariés externes, via un groupement d'employeurs (45 %), le service de remplacement (31 %), les Cuma (13 %), les ETA (12 %).