SYNDICAT
« Agriculteurs, proposez des contrats, faites valoir vos droits »

Les élus de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes appellent tous les agriculteurs à reprendre en main leur destin en envoyant leur contrat aux coûts de production à l’ensemble de leurs acheteurs, y compris aux coopératives. Car c’est une occasion inédite de retrouver des perspectives.

« Agriculteurs, proposez des contrats, faites valoir vos droits »
Michel Joux et David Chauve, respectivement président et secrétaire général de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. ©SChatenet

Le conseil d’administration de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes qui s’est tenu le 18 janvier à Aubière, dans le Puy-de-Dôme, a été largement consacré à la mise en œuvre de la contractualisation, mesure phare de la loi Egalim 2. « La contractualisation n’est pas un gros mot, elle offre une opportunité inédite aux agriculteurs d’avoir enfin leur mot à dire. La loi a ouvert des perspectives aux producteurs en gravant dans le marbre la notion de référence aux coûts de production, chacun doit s’en emparer. Cela fait cinq ans que nous bataillons pour obtenir une loi qui redonne de la capacité d’action aux agriculteurs, pour que leur travail soit rémunéré au juste prix, désormais c’est à chaque agriculteur de prendre ses responsabilités », a indiqué David Chauve, secrétaire général de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. Un seul mot d’ordre donc, celui d’inciter chaque agriculteur à proposer un contrat à son ou ses acheteurs, y compris s’il s’agit d’une coopérative comme l’a précisé Adrien Bourlez, président de la FDSEA de l’Ain : « à quand les États généraux de la coopération ? Alors qu’elle devrait être leader sur ce dossier, il n’en est rien ». Selon Jérôme Despey, invité du conseil d’administration en visioconférence, « il n’est pas question que les coopératives se soustraient aux engagements de la loi. La coopérative doit proposer un contrat ou sinon c’est à l’agriculteur de le faire. La tonalité est donnée au niveau national et nous poussons pour que cela soit appliqué ».

La balle est dans le camp des producteurs

Désormais obligatoire en viande bovine notamment, la contractualisation ébranle un système à l’œuvre depuis plus de trente ans et qui, force est de constater, n’a jusqu’à présent satisfait qu’une partie de la filière. S’il faudra probablement plusieurs mois pour faire bouger les lignes, chacun est convaincu que c’est par l’implication de tous que la loi aura ou non l’effet escompté. « Il faut y aller, ce n’est pas le moment de lâcher, quitte à expliquer et réexpliquer les enjeux, en multipliant les réunions de terrain. C’est une opportunité inédite pour enrayer le déclin de la production bovine, pour donner envie et de la lisibilité aux jeunes, et surtout sortir d’une spirale de crises successives », estime Jonathan Janichon, président de la section régionale bovine. Un sentiment partagé par Christophe Jardoux, président de la FNSEA 03 nouvellement élu : « la balle est dans le camp des producteurs. Surtout, ne nous laissons pas enfermer dans des débats autour de la problématique du pouvoir d’achat à l’heure où sur 100 euros de valeur alimentaire seulement 6 reviennent aux paysans. C’est indécent et ce n’est pas le sujet ! » Et de prévenir, sur les conséquences de voir passer le train sans monter à bord : « La nature a horreur du vide. Les agriculteurs ou leurs groupements de producteurs doivent envoyer leur contrat au risque de se voir voler ce droit par d’autres qui auront toujours une bonne raison pour pratiquer des prix bas ».

Pas de contrat, pas d’effet de la loi

Pour Gérard Gallot, président de la FDSEA de la Loire, le pire des scénarios serait de constater que très peu de contrats ont été proposés par les agriculteurs. « Mais enfin, nous sommes tous légitimes à demander un prix. Quel secteur ne se soucie pas de son prix avant de faire une offre à son client ? » La loi Egalim 2 remet enfin de la logique dans un secteur qui en manquait cruellement, où le premier maillon de la chaîne était la seule et unique variable d’ajustement… « Ne loupons pas le coche. La loi répond aux situations en sanctionnant notamment le non-respect des indicateurs de coûts de production, à condition que les agriculteurs se saisissent des contrats et que les coopératives s’engagent dans la démarche », insiste Michel Joux, président de la FRSEA Aura. Alors, agriculteurs, vous l’aurez compris, à vos contrats !

Sophie Chatenet