La crise sanitaire n'a pas eu les mêmes conséquences pour toutes les entreprises des territoires (EDT). Si certaines ont dû suspendre immédiatement leur activité à l'annonce du confinement, d'autres ont continué en mettant en place les mesures barrières.
L'activité des EDT iseroises a été inégalement impactée

Durant toute la période de crise, l'activité de travaux agricoles est restée soutenue.

Les entreprises ont  continué leurs chantiers avec leurs clients.

Selon Martine Perrin, présidente des Entrepreneurs des territoires de l'Isère, « il n'y a pas eu de baisse d'activité pour les entreprises agricoles iséroises. Le travail s'est fait. La difficulté que nous avons eu, et que nous avons toujours, concerne le respect des gestes barrières. Malgré toute la communication mise en place à ce sujet, les exploitants ont tendance à continuer à faire comme avant, c'est-à-dire à vouloir monter dans la cabine avec le chauffeur, ou à vouloir partager les repas. Ce n'est plus possible. J'ai le sentiment que le monde agricole se sent plus protégé que d'autres personnes parce qu'il vit à l'extérieur. Mais aujourd'hui, nous devons tous intégrer dans notre quotidien les gestes barrières. Se laver les mains plus souvent. Ne plus s'approcher les uns des autres. Privilégier le téléphone au contact direct, même lorsqu'on est dans la même parcelle, doit devenir une habitude », martèle la présidente du syndicat.

Mais si les entreprises n'ont pas été mises en difficulté pour continuer leur activité, elles sont aujourd'hui gagnées par l'inquiétude économique.

« Nous savons que les agriculteurs sont en difficulté. Le règlement des factures pourrait être compliqué et poser des problèmes de trésorerie », indique Martine Perrin, qui souligne également que la mise à disposition d'équipements de protection aux salariés représente un surcoût qui peut s'avérer non négligeable pour les petites structures (de l'ordre de 1 000 euros).

Pour autant, il n'est nullement question de le répercuter aux exploitants.

Préjudiciable

La situation est plus contrastée pour les entrepreneurs de travaux forestiers.
Sophie Verdoia, gérante de la SARL Martin-Grand à Saint-Paul-de-Varces, qui fait de la prestation de services pour l'entretien des lignes électriques, reconnaît avoir échappé à la baisse d'activité grâce aux contrats qu'elle avait avec RTE (Réseau de transport d'électricité) et qui étaient situés dans le secteur.

« RTE, en tant que gestionnaire du réseau de transport d'électricité, a la mission d'assurer la continuité du réseau électrique. Reconnue d'utilité vitale, nous n'avons pas cessé de travailler pour son compte, comme nous avons dû le faire pour nos autres clients EDF et Enedis, qui eux ont dû interrompre leur activité », explique la responsable de la structure. « Mais c'est vrai que c'était compliqué la première semaine. Nous ne savions pas si c'était bien de ne pas nous arrêter. Il n'était pas question de mettre en danger nos salariés. Nous avons donc réorganisé notre activité et mis en place les mesures de protection adaptées. Au final, cela s'est bien passé », se souvient Sophie Verdoia.
Stéphane Coing-Belley, entrepreneur de travaux forestiers à Montaud, assure aussi s'en être assez bien sorti grâce à la prestation de services.

S'il indique avoir connu une situation de flottement au début du confinement et une désorganisation des plannings, il a pu vite poursuivre ses chantiers, en mettant en place les gestes barrières (mise à disposition des équipements de protection, organisation des chantiers en intégrant la distanciation physique, fin du co-voiturage...).

L'impact de la crise sera donc assez modéré pour son entreprise.
Entrepreneur de travaux forestiers au Gua, Patrick Brun travaille seul.

Il n'a donc pas de difficulté à exercer son métier. Mais il ressent depuis la mi-avril une baisse d'activité, conséquence de l'arrêt des scieries qui n'arrivent pas à écouler leur stock et qui ont actuellement une activité très irrégulière.
L'analyse est confirmée par Guénaelle Scolan, directrice de la Fibois, l'interprofession de la filière bois, mise à disposition pour l'animation de l'Adif, l'Association Drôme Isère Forêt, qui rassemble les sous-traitants de la filière.

« La situation a été très préjudiciable pour les entrepreneurs de travaux forestiers qui travaillent au sein de la filière résineuse, en lien avec les scieries et dépendante de l'activité BTP, qui a été en arrêt pendant plusieurs semaines. Heureusement, les filières bois énergie et piquets se sont mieux tenus », remarque-t-elle.

D'une structure à une autre, selon son activité, la situation peut donc beaucoup varier. Mais dans certaines entreprises, les baisses de chiffre d'affaires et le recours au chômage partiel sont importants.

Enfin, dans les domaines des travaux ruraux et de l'élagage, « l'activité a aussi fortement diminué à cause de l'absence de mise en place des conseils municipaux », précise Martine Perrin.

Isabelle Brenguier