Les 19 et 20 juin, la Haute-Loire recevait le séminaire national des conseillers forêt-agroforesterie de Chambres d'agriculture France. Un temps d'échanges, de partage de pratiques et d'expériences innovantes.
Les 19 et 20 juin derniers, 73 conseillers forêt et agroforesterie de Chambres d'agriculture France accompagnés d'élus se sont réunis en Haute-Loire pour participer au séminaire bisannuel. Au gré de visites et d'interventions des conseillers des chambres d'agriculture (Delphine Charrier (Haute-Loire), Thierry Roche (Puy-de-Dôme), François Debrosse (Loire), Myrtéa Chaumien (Drôme) et Robinson Stieven (isère), Régis Brun de la FDcuma et Pierre Bordage de Mission Haie Auvergne), trois grandes thématiques ont été abordées : l'agroforesterie et la valorisation de plaquettes bois comme litière pour animaux, le changement climatique et la mobilisation des bois dans un contexte de morcellement des parcelles.
En litière : des plaquettes issues de haies
Certaines exploitations agricoles se sont engagées dans l'agroforesterie, c'est le cas de Lionel Darne, installé sur le Gaec du Gerbizon à Mézères avec une soixantaine de vaches aubracs. Depuis six ans l'éleveur utilise des plaquettes de bois comme litière dans sa stabulation. Les plaquettes sont issues de l'entretien de ses haies sur ses parcelles et permettent ainsi de bénéficier d'une litière à moindre coût. Un atelier a permis de retracer l'itinéraire technique pour la réalisation des plaquettes : marquage des arbres, coupe de la haie, au moyen d'une tronçonneuse ou d'un grappin coupeur en prestation, la préparation du chantier de déchiquetage, le déchiquetage (réalisé via une prestation de la Cuma des Deux Rochers), le transport et le stockage-séchage (durant troid mois) avant l'installation en stabulation. Un autre atelier a permis d'évoquer les nombreux atouts des haies et les modes de gestion employées en Auvergne notamment.
En forêt, sur le secteur de Retournac (en forêt de Vaux), le groupe de conseillers et d'élus a pu constater les lourds dégâts occasionnés par le changement climatique sur certaines essences, en particulier le sapin pectiné. À la suite de deux étés très chauds et secs (2022 et 2023), cette essence souffre d'un dépérissement important. Pour tenter pour tenter de quantifier les dégâts, le service forêt de la chambre d'agriculture de Haute-Loire a fait appel à la chambre d’agriculture de Savoie Mont-Blanc pour réaliser notamment un survol de 150 ha. Par la suite, un logiciel de photogramétrie a permis la création d'une orthophotographie de ce massif qui a révélé un fort taux de dépérissement (plus de 70 % des parcelles sont concernées). L'un des ateliers était consacré à cette technologie qui permet d'établir un diagnostic très précis en prenant de la hauteur.
Regroupement des propriétaires
Cette visite a également permis d'aborder d'autres problématiques comme l'extrême morcellement des parcelles et l'indivision qui gênent voire empêchent les chantiers de coupe et la mobilisation des bois. Pour contourner cette difficulté, la chambre d'agriculture de Haute-Loire a entrepris une action de regroupement des propriétaires des parcelles concernées en lien avec la coopérative Coforêt intervenue chez l'un des propriétaires en forêt de Vaux. Les conseillers ont participé à d'autres ateliers centrés sur la régénération de la forêt à travers les indices de consommation par les cervidés ; le dépérissement du sapin pectiné et la réflexion autour des nouvelles essences à privilégier.
En amont de ce séminaire, les référents régionaux membres du groupe technique national agroforesterie se sont réunis pour échanger sur la stratégie de déclinaison du Pacte en faveur de la haie dans les départements et le développement de deux outils à disposition des chambres d'agriculture : le plan de gestion durable des systèmes agroforestiers (PGDSAF) et le plan de gestion durable des haies partagées (PGDHP)
Véronique Gruber