PRÉDATION
Les loups bientôt à l’étroit dans l’espace alpin européen

C’est une nouvelle qui ne devrait pas ravir les bergers français victimes de la prédation. D’après une étude publiée par le Groupe Loup Suisse, la colonisation de l’arc alpin par le loup se poursuit. Près de 800 meutes devraient être installées d’ici cinq ans.

Les loups bientôt à l’étroit dans l’espace alpin européen
D'après les prédictions, il y aura huit-cents meutes de loups dans les Alpes d'ici cinq ans. ©Flickr

Dans un communiqué, le Groupe Loup Suisse, un groupement favorable au classement du loup comme espèce protégée mais malgré tout attaché à la protection des activités d’élevage, a publié de nouvelles estimations sur la présence du prédateur dans les Alpes. Et elles se révèlent particulièrement inquiétantes pour les professionnels aujourd’hui durement touchés par les attaques de loups. Si on comptait déjà plus de 250 meutes de loups dans l’espace alpin européen en 2021 et environ 300 en 2022, les prédictions tablent sur près de 800 meutes de loups d’ici cinq ans. Cela signifie que l’espèce pourra alors réguler elle-même les naissances. Et ainsi, rapidement, se trouver à l’étroit sur ce territoire de peuplement majeur en plein cœur de l’Union européenne.

Une colonisation irrémédiable

Les nouvelles estimations publiées par le Groupe Loup Suisse confirment une tendance observée depuis plusieurs années par la communauté scientifique : l’irrémédiable progression de la population de loups en Europe. Pour arriver à ces chiffres et au constat que le loup manquera bientôt de place dans les Alpes, les spécialistes du Groupe Loup Suisse sont partis du principe qu’un loup a besoin d’environ 250 km2 pour vivre. Or, on estime aujourd’hui que la moitié de l’espace vital du loup sera bientôt colonisée. Ainsi, si le nombre de meutes venait à passer de 300 à 800 meutes en cinq ans, cet espace vital deviendrait insuffisant. D’après le Groupe Loup Suisse, en raison de la qualité de l’habitat et des effectifs de gibier très élevés dans les Alpes, même des interventions de régulation renforcées ne parviendraient pas à freiner la croissance de la population. L’espèce étant par ailleurs très mobile, aucune zone ne semble pouvoir lui échapper. Devant ce constat qui ne demande qu’à être vérifié dans les prochaines années, le Groupe Loup Suisse, qui se déclare opposé à un repeuplement actif de l’espèce, considère comme une nécessité absolue de généraliser et systématiser la protection des troupeaux d’animaux de rente menacés.

Pierre Garcia