ADIVALOR
La filière de valorisation des déchets agricoles a tenu le choc.

Malgré d’importantes perturbations logistiques, le taux de collecte des déchets agricoles a progressé l’année dernière. La filière organisée autour d’Adivalor vise un objectif de 100 % de recyclage d’ici 2030.

La filière de valorisation des déchets agricoles a tenu le choc.
Pierre de Lépinau, directeur d'Adivalor. (Crédit : Réussir)

En dépit d’importantes perturbations logistiques consécutives à la pandémie, la collecte des déchets agricoles (bidons, big bags, films et gaines plastiques, tubes et conduits, etc.) a progressé de 5 000 tonnes en 2020, pour atteindre au total 85 000 tonnes. « Ces déchets sont aujourd’hui recyclés à près de 90 % hors films de paillage usagés », s’est félicité Christophe Grison, le président d’Adivalor, la filière en charge de la gestion des déchets de l’agrofourniture.  « Malgré ce contexte, notre écosystème a été résilient car il s’est montré solidaire », a renchéri Pierre de Lépinau, le directeur de cette organisation qui fédère agriculteurs, distributeurs (coopératives, négoces) et industriels de la collecte et du recyclage. « Le premier confinement a en partie paralysé la collecte des déchets agricoles au printemps, période traditionnellement très active puisqu’elle correspond à l’utilisation élevée d’intrants par les agriculteurs, a rappelé Pierre de Lépinau. Les acteurs se sont organisés pour faire face. Tandis que les agriculteurs ont stocké leurs déchets sur leurs exploitations, les distributeurs ont adapté ou reporté les collectes, ce qui a abouti à des enlèvements records au quatrième trimestre. »

Hausse de l’écocontribution

La filière a également su s’adapter à un environnement économique qui s’est beaucoup dégradé dans la filière du recyclage. « Nous avons dû faire face depuis deux ans d’une part à une forte augmentation des coûts de collecte, notamment logistiques, et d’autre part à une baisse très nette de la valorisation des déchets notamment due à l’arrêt, il y a trois ans, des importations chinoises de déchets recyclables, alors que la Chine était devenue la recyclerie de la planète », a expliqué Pierre de Lépineau. Dans ce contexte, les actionnaires d’Adivalor ont dû procéder à une augmentation très forte des écocontributions mises en œuvre auprès des différents groupes de metteurs en marché (produits phytopharmaceutiques, plastiques agricoles, engrais, semences etc.). Celles-ci ont par exemple augmenté de 100 % en trois ans sur les big bags agricoles utilisés notamment pour les engrais et semences et de 60 % sur les films plastiques. Malgré l’adversité, les partenaires d’Adivalor entendent accentuer leurs efforts dans les années qui viennent. « Nous avons fixé dans notre feuille de route un objectif de 100 % de déchets recyclés d’ici 2030 », a précisé Christophe Grison. « Cela passe par une progression de la collecte qui peut encore être optimisée », a complété son directeur. Pierre de Lépinau a notamment évoqué « des marges de progrès possibles dans le Sud de la France, en particulier en viticulture, ou encore dans le secteur de l’élevage en Bretagne et Normandie sur les films plastiques et filets ».

Première mondiale

L’amélioration des performances de la filière passe également par la consolidation et le développement de filières de recyclage. À ce propos, les dirigeants d’Adivalor ont signalé la mise au point prochaine de lignes de recyclage pour les films de paillage, très utilisés en maraîchage, qui ne sont pas recyclés aujourd’hui car trop souillés. « À la suite d’un appel à projet que nous avons lancé, une unité de transformation devrait voir le jour à la fin de 2021 ou au début de 2022 ». Adivalor soutient également un autre projet de recyclage des filets de balles rondes, utilisés pour le conditionnement des fourrages et aujourd’hui peu recyclés. « C’est un procédé qui constituera une première mondiale », a assuré Pierre de Lépineau. La filière du recyclage agricole compte beaucoup sur le plan de relance et son volet « économie circulaire » pour relocaliser des unités de recyclage en France. « On a beaucoup délocalisé cette activité ces dernières années », a déploré le directeur d’Adivalor. « Le plan de relance pourrait permettre de faire revenir près de 30 000 tonnes de capacités de recyclage en France dans les prochaines années. »

Une filière soutenue par les pouvoirs publics

Le 15 janvier dernier, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a prorogé de trois ans l’accord-cadre signé avec Adivalor. Cet engagement prévoit notamment la mise en place d’ici à 2023 d’une éco-modulation pour soutenir l’amélioration de l’écoconception des emballages et produits plastiques utilisés en agriculture, le soutien à la mise en place de trois unités de recyclage sur le territoire français et des expérimentations de solutions de réemploi, de substitution en vue de la mise en place d’un indicateur de réemploi et de réutilisation. Rappelons que l’article 62 de la loi “Économie circulaire” inscrit, depuis début 2020, le caractère spécifique de la filière de gestion des déchets de l’agrofourniture dans le paysage des filières de gestion des déchets, dites à responsabilité élargie du producteur (REP).