Interview
« C’est la fin des instruments dans la boîte ! »

Le chef grenoblois, Patrick Souillot est en charge de l’ouverture du Festival Berlioz, le 17 août à Roybon. 

« C’est la fin des instruments dans la boîte ! »
Patrick Souillot est le chef d'orchestre pour l'ouverture du festival au lac de Roybon. Crédit photo : Festival Berlioz

Comment vous préparez-vous pour le Festival Berlioz ? 


Je commence par rééditer des partitions : l’offre que nous allons proposer n’est pas forcément connue de tous, puisque je dois présenter un répertoire qui correspond au Watermusic. Les membres de l’orchestre ont récupéré les partitions et ont débuté leur travail individuel. Le 13 août, nous allons reprendre les répétitions ensemble en commençant par les répétitions dites partielles. C’est-à-dire par instruments, tous les violons ensemble, etc.
 
Quel est le thème de cette représentation ? 
 
Cette année, le Festival Berlioz porte sur le thème du « Retour à la vie » et, à tout hasard, c’est le sous-titre d’une des œuvres de Berlioz. Après, j’ai dû être cohérent dans mes choix. Pour ce spectacle sur l’eau, j’ai sélectionné des morceaux en lien avec l’eau comme la suite du Lac des Cygnes, Orage de Beethoven, plutôt connus, puis d’autre un peu moins comme un opéra intitulé Le Lac des fées
 
Pourquoi avoir accepté de participer ? 
 
Déjà, je suis ravi de faire partie de cette édition. Depuis que Bruno Messina a repris la direction du festival, il lui a redonné une dimension très importante. Puis des artistes incroyables sont présents. Il y a aussi cette volonté d’un engagement de proximité : travailler avec des acteurs locaux. La musique amateur a aussi sa place et c’est ce genre d’évènement qui permet de les tirer vers le haut. 
 
Ce rendez-vous est un renouveau après cette année Covid ? 
 
Je confirme ! C’est ma toute première représentation depuis la réouverture des salles. Durant cette période, compliquée, seules les grandes formations ont pu répéter, pas les amateurs. Ils avaient l’instrument dans la boîte et il est temps de le ressortir. 
 
Pourquoi vous êtes-vous destiné à l’opéra ?
 
Depuis mes 6 ans, j’ai toujours voulu être chef d’orchestre. La musique me parle tellement et me procure une joie immense ! J’ai suivi un parcours en classe à horaires aménagés à Besançon. Au début, je détestais l’opéra puis j’ai été assistant du grand chef, Leonard Bernstein qui m’a inspiré. Un jour il m’a dit : « Tu dois faire de l’opéra ». J’ai su que je devais le faire. Parce qu’après réflexion, dans l’opéra, on emmène les personnes dans la musique avec une histoire et c’est plus simple pour l’imaginaire, l’accès est facilité donc les émotions aussi. 
 
Quelle place occupe la Fabrique Opéra ?
 
C’est mon bébé ! Je ne suis pas tout seul et heureusement. C’était il y a 15 ans, on voulait changer le rapport du public avec le lyrique et on a monté la Fabrique Opéra avec nos petits bras musclés. À Grenoble, nous produisons nos propres œuvres avec beaucoup de jeunes auxquels nous offrons une éducation artistique et culturelle. L’année prochaine, la représentation sera sûrement une comédie musicale cabaret. Mais avec la pandémie, nous n’avons pas pu présenter Roméo et Juliette donc si on peut le faire, en 2022 nous donnerons les deux spectacles. 
 
Quel échange se passe entre vous et les jeunes professionnels ? 


Je leur apporte autant qu’ils m’apportent. Pour avoir une émotion, il faut être en symbiose, c’est un instant où tout le monde pense à la même chose. Ce travail a réellement une dimension humaine, j’essaie de les guider eux-mêmes. 
 
L’opéra, aujourd’hui, c’est quoi ?
 
Malheureusement c’est beaucoup d’a priori. Des préjugés nous en avons beaucoup sur les navets, les choux de Bruxelles mais aussi sur l’opéra. Les raisons sont lointaines et ça paraît élitiste comme rendez-vous. L’opéra est venu de Florence en Italie directement à Versailles. Tout de suite, il y a eu un engouement de la royauté puis de la bourgeoisie et donc une distance avec la société civile. Il y a aussi l’aspect impressionnant et intimidant quand l’on rentre dans un opéra. Les politiques s'en sont ensuite emparés pour son enjeu de rayonnement mondial. En France, 4% des personnes vont à l’opéra, c’est bien moins que ceux qui vont au ski… Et la moyenne d’âge augmente de 0,5 an par an. Il faut sauver l’opéra car c’est du patrimoine et de l’histoire ! On ne peut pas le laisser s’écrouler, c’est un témoignage à l’art. 

 

Léna Peguet
 

« Ce sera un moment merveilleux et extraordinaire ! »

Évènement / Le Festival Berlioz s’ouvre le 17 août 2021 au lac de Roybon. Une volonté d’anticiper le retour à la vie de la commune et sa renaissance. 
 
 
Serge Perraud, maire de Roybon, est ému de pouvoir recevoir l’ouverture de ce festival et de pouvoir « redonner vie à la commune et de montrer qu’il se passe quelque chose de positif ». Jean-Pierre Barbier, président du département de l’Isère complète : « C’est un aboutissement et nous en sommes très heureux. » Du côté du déroulement de la soirée, l’orchestre présent, sous la houlette de Patrick Souillot, jouera directement sur le lac. « Une plateforme va être installée sur l’eau », explique le maire. Un feu d’artifice est prévu « avec les équipes de celui du lac d’Annecy », ajoute Serge Perraud. 
Il est indiqué de réserver les places sur le site : https://www.festivalberlioz.com/programmation/grande-fete-de-leau-a-roybon/

Écologie / Mercredi 7 juillet, la commune de Roybon a reçu le label « station verte », une distinction d’écotourisme en France. 
 
Jean-Pierre Barbier, président du département de l’Isère, se réjouit de cette remise de prix pour un tourisme vert : « C’est la première commune de « plaine » qui le reçoit, les autres sont des stations de montagne. » Le maire de Roybon, Serge Perraud ajoute : « Pour les projets de développement, ce label est essentiel et nous allons respecter chaque point de la charte. Pour nous, c’est une vraie réussite du point de vue de la qualité de vie des habitants et des touristes. » Nadine Grangier, vice-présidente de Bièvre Isère Communauté en charge du tourisme, complète : « C’est une correspondance avec des vacances plus responsables. C’est le tourisme de demain, plus vert et plus responsable. » La remise du prix se fait par la présence de Daniel Acker, le président national de la Fédération française des stations vertes. La commune a été officiellement labélisées le 28 août 2020. En France et dans les DOM-TOM, 488 communes le sont dont 10 en Isère. Pour lui : « Roybon a de nombreux atouts ! »
 
Une station verte, c’est quoi ? 
 
Elle se définit comme un territoire d’accueil, de séjours et de loisir qui est porteur d’un tourisme humain, authentique et respectueux. La station propose des activités liées au patrimoine naturel, culturel et historique. La ville présente aussi des initiatives durables pour une nature respectée.