ASSISES
Quatre ministres au chevet de la filière bois et forêt

Le 19 octobre, quatre ministres ont lancé officiellement les Assises de la forêt et du bois pour relancer une filière devenue stratégique pour lutter contre le changement climatique et restaurer notre souveraineté en la matière.

Quatre ministres au chevet de la filière bois et forêt
En France, la forêt couvre 16,8 millions d’hectares dont 72 % de feuillus, 28 % de résineux. Elle permet la captation de 83 millions de tonnes de carbone par an.

Les Assises de la forêt et du bois ont été officiellement lancées, le 19 octobre, par quatre ministres : le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie ; la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher ; la ministre déléguée au Logement, Emmanuelle Wargon, et la secrétaire d’État à la Biodiversité, Bérangère Abba. Dans le cadre du plan France Relance, l’État a décidé d’y consacrer 100 millions d’euros (M€) auxquels viennent s’ajouter 20 M€ annoncés par la ministre déléguée à l’Industrie. La forêt et le bois sont en effet au cœur des enjeux d’avenir. Sur le changement climatique d’abord, la forêt constitue un remarquable puits de carbone en stockant le CO2 dans son feuillage, les branches, le tronc et les racines. Quant au bois issu de l’exploitation de la forêt, il est en mesure de se substituer aux matériaux de construction, l’acier notamment, et aux énergies fossiles, gaz et pétrole, fortement émetteurs de CO2. Ainsi, la forêt a un rôle essentiel à jouer dans l’objectif de la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Encore faut-il préserver ce potentiel, éviter qu’il se dégrade, à défaut de l’améliorer. En effet, beaucoup de nos forêts sont victimes d’attaques parasitaires et de la sécheresse, même si les surfaces sont en constante augmentation depuis 150 ans. Une question parmi d’autres qui est posée ici est le choix des essences à implanter de façon prioritaire pour que la forêt soit plus résiliente. Et si la forêt est en meilleure santé, elle sera mieux à même de répondre à la restauration de la biodiversité. Bérangère Abba l’a rappelé en soulignant par ailleurs la contribution que peut apporter la forêt dans la transition énergétique grâce à la biomasse, à la place du gaz et du pétrole importés.

Déficit commercial

Depuis la crise de la Covid, la souveraineté nationale se retrouve au cœur des préoccupations de l’opinion et des pouvoirs publics. Ainsi la forêt joue un rôle essentiel en tant que pourvoyeuse de bois pour la construction, les charpentes et le logement, le papier, l’ameublement et la menuiserie, le chauffage ainsi que la fourniture de matières premières à l’industrie chimique, comme la cellulose et la lignine. Enfin, la forêt a une fonction sociétale, comme espace récréatif et de loisirs et, à ce titre, elle n’est pas à l’abri de conflits entre les différents usagers. Or, la forêt et la filière bois française sont en mauvaise santé et mal gérées. Nous sommes dans une situation paradoxale où « la forêt progresse et le bois recule », a souligné Julien Denormandie. Notre forêt, constituée surtout de feuillus, n’est pas adaptée à la demande de bois issus de résineux. Pire, nous exportons quantité de bois bruts, essentiellement des grumes, qui nous reviennent ensuite sous forme de produits finis. Bref, la forêt française ne parvient à satisfaire que 40 % de ses besoins, faute d’entreprises de transformation. Il s’agit d’une défaillance particulièrement importante pointée par la ministre Agnès Pannier-Runacher qui a décidé de débloquer 20 millions d’euros supplémentaires dans le cadre du Plan de relance pour soutenir les projets innovants des entreprises. Et cela sans attendre les résultats des groupes de travail que les ministres ont créés pour établir un diagnostic partagé et proposer des solutions susceptibles de relancer la filière bois forêt. Les assises seront closes fin janvier 2022 avec la publication d’une synthèse des travaux et une série de propositions opérationnelles. Avec le souci exprimé par le ministre de l’Agriculture que les mesures soient réellement efficaces et qu’elles ne restent pas, comme celles qui ont été annoncées souvent dans le passé, sans suite.