Les pommes de terre iséroises viennent désormais compléter la gamme des produits isérois qui provisionnent la Banque alimentaire de l’Isère.
10 000 bénéficiaires de la Banque alimentaire de l’Isère (BAI) par semaine : les chiffres ont presque doublé en sept ans.
« Après le covid, il y a eu une grosse tendance à la hausse. Le nombre de bénéficiaires augmente de 3 à 4 % chaque année (1) », annonce Sylvain Géry, le directeur de l’établissement isérois.
Alors forcément, les besoins augmentent aussi, et l’agriculture n’est pas en reste pour approvisionner l’association sous forme de dons ou de contrats d’achats.
Cette année, 30 tonnes de pommes de terre made in Isère, produites par l’association Terre d’Isère, seront livrées à la Banque alimentaire.
Au juste prix
« Après le covid, nous avons mis en place des achats de fruits et légumes en circuit court, explique le directeur. Nous travaillons avec des agriculteurs locaux du département ou proches de nous en région. »
La BAI s’approvisionne ainsi auprès d’une quinzaine d’agriculteurs mais aussi auprès des plateformes Mangez bio Isère et Récolter.
« Ce n’est pas parce que nous sommes une association que nous n’achetons pas au juste prix. Il ne s’agit pas de créer de la précarité là où elle existe déjà. Nous travaillons en bonne entente avec les agriculteurs pour une rémunération au juste prix », insiste le directeur.
Le montant des achats s’élève à environ 8 tonnes par semaine de fruits et légumes pour un prix allant de 1,20 cts à 1,50 cts d’euros/kg.
Un nouveau débouché
« L’intérêt est de travailler ensemble sur des volumes conséquents », indique Yann Bouvier, le président de l’association Terre d’Isère qui rassemble quatre producteurs de pommes de terre de la Bièvre.
« La Banque alimentaire avait besoin de diversifier ses approvisionnements. Nous avons planté en conséquence afin d’assurer le volume demandé. Tout le monde était partant. C’est un nouveau débouché, des contrats super intéressants qui nous ont fait exploser nos volumes de production », poursuit-il.
Le groupe, qui est passé de 50 tonnes de pommes de terre en 2023 à 100 tonnes cette année, est toujours accompagné par la Chambre d’agriculture de l’Isère et la conseillère Mélanie Hovan qui a fait le lien entre les producteurs et l’association.
« Comme nous étions bien structurés, c’était pour la Banque alimentaire la certitude que nous étions capables de livrer un certain volume », reprend Yann Bouvier. Les agriculteurs se sont ainsi engagés à livrer trois tonnes par semaine pendant 10 semaines.
2 700 tonnes par an
« Depuis que nous faisons des achats, les associations partenaires sont ravies de la qualité des produits », mentionne Sylvain Géry.
La Banque alimentaire travaille avec plus d’une centaine d’associations iséroises et a livré 2 700 tonnes de marchandise l’an passé.
Pour son fonctionnement, elle s’appuie sur 10 salariés et 180 bénévoles. « Sans les bénévoles, nous ne fonctionnerions pas », glisse le directeur.
L’association fonctionne grâce aux dons (entreprises commerciales) et aux subventions que lui accordent le Département de l’Isère, l’État via la Deets (2), la Région, les communautés de communes et les communes. « Nous demandons aussi une participation de solidarité aux associations que nous aidons, soit 65 cts par colis de 6 kg », précise Sylvain Géry.
Des agriculteurs bien présents
Le budget de fonctionnement s’élève à 1,4 million d’euros pour cette quasi-délégation de service public, soit 10 fois moins que ce que pourrait supporter une entreprise de droit commun en termes de service.
« Cela, parce qu’il y a les bénévoles et que nous fonctionnons avec 90 % de dons. Nos deux leviers sont d’ailleurs la défiscalisation et le fait que le traitement des déchets coûte cher, donc les entreprises préfèrent donner. »
C’est la raison pour laquelle la Banque alimentaire bénéficie de la mise à disposition de la cuisine du collège de Seyssins afin de transformer la viande avant sa date de péremption en plats cuisinés.
Pas moins de 1 200 repas par jour sont ainsi préparés et distribués en barquette, du lundi au jeudi.
La BAI reçoit aussi les dons en abats et bourguignon des Éleveurs de saveurs iséroises. Sans oublier le lait de Plein lait yeux qui vient régulièrement alimenter les palettes de dons.
Les collectifs d’agriculteurs isérois sont donc bien présents au sein de la BAI.
Approvisionnement en lait du collectif isérois Plein lait yeux.
Nouveau local, nouvelle gouvernance
Pour faire face à son développement, l’association a investi en juillet dernier un vaste entrepôt de 3 500 m2 à Fontaine, financé par le Département de l’Isère pour un montant de 4,8 millions d’euros.
Une aile est dédiée à la réception des marchandises et au stockage, l’autre, à la distribution. La BAI dispose aussi de 400 m2 de chambre froides à température positive et négative.
« En déménageant, nous nous sommes rendu compte que nous n’étions pas assez nombreux. Nous avons besoin de bénévoles. C’est la raison pour laquelle nous avons organisé des journées portes ouvertes mi-octobre où nous avons reçu une centaine de personnes. Nous avons besoin de chauffeurs, de personnes à la distribution, au tri, de préparateurs de commandes, de préparateurs de plats cuisinés, de bénévoles à l’épicerie étudiante… », énumère Sylvain Géry.
Un nouveau local de 3 500 m2
Ce changement d’échelle s’est aussi accompagné d’un changement de gouvernance. Françoise Dessertine a, pour des raisons de santé, cédé la présidence de la BAI à trois personnes.
Eric Lavis, le nouveau président, est épaulé de Chantal Vivier et de Philippe Guérin, vice-président(e)s. Les trois responsables se répartissent ainsi les tâches opérationnelles de cette très grosse association.
Isabelle Doucet
(1) 60 % des bénéficiaires sont des femmes actives, seules avec enfants, de 45 ans en moyenne. Les autres bénéficiaires sont les étudiants, les retraités avec petites pensions et l’hébergement d’urgence.
(2) Direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités.
Une épicerie sociale pour les étudiants
Le Rayon esope 38, épicerie sociale pour les étudiants, ouvrira se porte le 5 novembre en centre-ville de Grenoble. « La précarité étudiante a explosé. Elle touche environ 5 % des 70 000 étudiants grenoblois soit 3 500 jeunes », constate Sylvain Géry, le directeur de la Banque alimentaire de l’Isère.
L’épicerie est accessible aux étudiants de l’aire universitaire de Grenoble Alpes métropole sur dossier d’inscription.
Et avant son ouverture, la liste d’attente est déjà longue, signe « que nous répondons à une attente incomplète », note le directeur.
L’épicerie fonctionnera comme un libre-service où les jeunes pourront trouver des produits alimentaires de qualité secs, frais et surgelés ainsi que des produits d’hygiène vendus à 10 % de leur valeur. Gérée en direct par la Banque alimentaire, elle sera ouverte 5 jours sur 7.
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