Alors que l’accord d’Istanbul sur les exportations de céréales ukrainiennes en mer Noire devait expirer le 19 novembre, l’Ukraine et la Russie, avec l’entremise de l’ONU et de la Turquie, ont convenu de le reconduire pour une période similaire de cent-vingt jours.
Après d’intenses négociations, l’Ukraine et la Russie, avec la coopération de l’ONU et de la Turquie, ont finalement réussi à s’entendre le 17 novembre pour prolonger de cent-vingt jours l’accord d’Istanbul (conclu le 22 juillet), qui a permis à l’heure actuelle d’exporter plus de 11 Mt de céréales ukrainiennes. « Cette prolongation se fera selon les mêmes conditions que celles observées depuis le mois de juillet », a annoncé la Turquie, qui a joué dans ce dossier un rôle important de médiation. Ankara précise que « de nouveaux arrangements » pourront être pris après la période hivernale. De son côté, le ministre ukrainien des Infrastructures Oleksandre Koubrakov a indiqué qu’il s’agissait d’un pas « important dans la lutte contre la crise alimentaire mondiale ». Suite à cette décision, les cours des céréales ont poursuivi leur baisse observée depuis plusieurs jours. Sur le marché européen Euronext, les cours ont ainsi nettement décroché : celui du blé a atteint son plus bas niveau depuis septembre, sous les 316 €/t. Quant au maïs, il dévisse sous les 302 €/t, du jamais-vu depuis le mois d’août.
Des garanties sur les engrais et céréales russes
Concernant la question sensible des exportations d’engrais et de céréales russes qui fait l’objet d’un accord séparé conclu également le 22 juillet (et dont Moscou avait fait une condition pour prolonger l’accord sur les céréales), le secrétaire général Antonio Guterres a affirmé que « l’ONU était pleinement engagée à lever les obstacles qui entravent leurs exportations » vers les marchés mondiaux. Le 15 novembre lors du G20 à Bali (Indonésie), il avait indiqué à Moscou qu’il tenait « des promesses écrites de la part des États-Unis et de l’Union européenne (UE) pour mettre en oeuvre ce second accord ». Selon une source onusienne, associée aux tractations, il a fallu « travailler dur » pour trouver les moyens de garantir les exportations russes de produits agricoles et d’engrais, rapporte l’AFP. Avant de préciser qu’un cadre a pu être établi « en matière d’assurance, d’accès aux ports, de transactions financières et d’accès au transport maritime », cohérent avec les trois systèmes de sanctions en vigueur, des États-Unis, du Royaume Uni et de l’UE. Depuis des mois, Moscou se plaint que ces échanges soient restreints par les sanctions occidentales. En raison de la fragilité de l’accord d’Istanbul, la Commission européenne, la Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) et la Banque mondiale, ont annoncé le 11 novembre mobiliser un milliard d’euros pour renforcer les Voies de solidarité (dispositif d’exportations de céréales ukrainiennes par voie terrestre via l’UE lancé en mai). Les fonds sont destinés à réduire les temps d’attente des camions et des trains qui traversent la Moldavie et l’Ukraine vers la Pologne et la Roumanie. Dans ce cadre, l’exécutif européen prévoit une subvention d’urgence de 250 M€ pour fournir des équipements visant à améliorer la fluidité du trafic aux postes frontières et aux routes qui y mènent, selon un communiqué. Le financement à plus long terme des banques de développement, à hauteur de 750 M€, permettra plus spécifiquement de soutenir les réparations et le développement des infrastructures de fret routier et ferroviaire en Ukraine. Le ministre ukrainien de l’Agriculture, Mykola Solskyi, était notamment venu le 26 septembre dernier solliciter une aide financière auprès de l’UE afin de soutenir le développement de plusieurs projets (oléoduc, investissement dans des terminaux, achats de camions).
R. M.