Elevage ovin
Brebis et petits fruits investissent le sud de Belledonne

Charlotte Doucet et Guillaume Sieurin ont créé un élevage ovin et un atelier de petits fruits dans le massif de Belledonne en janvier 2019.
Brebis et petits fruits investissent le sud de Belledonne

La création de la ferme de la Bermotine à Vaulnaveys-le-Haut, est l'histoire d'une rencontre.

Celle de Charlotte Doucet, alors animatrice pour l'Adabel (Association pour le développement de l'agriculture de Belledonne), et de Guillaume Sieurin, ancien associé du Gaec du Thicaud à Herbeys.

« Depuis longtemps, je savais que je voulais m'installer. Mais pas forcément à court terme. Quant à Guillaume, qui était responsable d'élevage, il avait envie de créer son propre projet. Lorsqu'il m'a proposé de m'associer à lui, cela a chamboulé mes plans, mais comme je nous voyais bien travailler ensemble et que j'étais consciente qu'une telle opportunité ne se représenterait pas de sitôt, je me suis lancée », se souvient Charlotte Doucet.
Leur recherche pour s'installer les a conduits à Vaulnaveys-le-Haut dans le massif de Belledonne, où ils ont trouvé 15 hectares à exploiter au sein de deux sites distants de trois kilomètres l'un de l'autre.

Si ces deux corps de ferme existaient, ils avaient cessé toute activité depuis plusieurs années.

Une aubaine pour les deux nouveaux associés, qui leur a permis de créer leur ferme mais aussi de s'installer dans chacun de ces lieux avec leur famille respective.

C'était en 2018 et c'est à partir de ce moment qu'ils ont pu donner vie à leur projet d'élevage de brebis laitières et de production de fromages ainsi que de culture de petits fruits rouges.

La carte de la complémentarité

Le Gaec a démarré en janvier 2019. Ils ont d'abord créé leur troupeau, constitué dans un premier temps de 50 lacaunes, porté à 80 tout récemment, et leurs 50 agneaux.

L'existence des deux sites, l'un à 550 mètres d'altitude, l'autre à 850 mètres, a été propice pour installer les bêtes dans les meilleures conditions.

Elles sont à Montperret, dans la bergerie principale durant les mois d'automne et d'hiver, et au Fujaret (sous un tunnel) pour le printemps et l'été où elles profitent d'une herbe de qualité supérieure.

Eleveur dans l'âme, Guillaume a d'abord pris en main la conduite de l'élevage et l'apprentissage de la transformation en suivant une formation au centre Carmejane de Digne-les-Bains.

Mais comme il était clair pour eux que chacun soit polyvalent et à même de s'occuper de tous les ateliers, ils ont beaucoup fonctionné en binôme au départ pour que Charlotte acquiert les mêmes compétences. Les brebis produisant du lait de mars à octobre, c'est la période durant laquelle les jeunes gens le transforment en fromages, yaourts et autres fromages blancs.
Pour jouer la carte de la complémentarité, ils ont aussi planté 3 000 m² de pieds de framboisiers, muriers, cassis, myrtilles.

Transformée en confitures et coulis, la production de ces fruits qui arrivera au cours de l'année 2021 leur permettra de compléter leur gamme de produits laitiers.

Actuellement, l'exploitation est en conversion, car les parcelles que les jeunes gens ont reprises étaient en conventionnel.

Ils devraient obtenir leur agrément AB (Agriculture biologique) en janvier 2021. « Travailler en bio était pour nous une évidence. C'était déjà le mode de production de Guillaume et j'étais moi aussi convaincue », souligne l'éleveuse.

Financement participatif

La production de la ferme de la Bermotine (pour l'instant des fromages et des agneaux) est commercialisée en direct grâce à un marché de proximité à Brié-et-Angonnes, à huit Amap (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne) du Grésivaudan et de l'agglomération grenobloise et au magasin de producteurs « La combe gourmande » de Saint-Martin-d'Uriage.

« Nous avons eu beaucoup de chance pour trouver nos débouchés. Comme nous ne sommes pas très nombreux à être installés en brebis laitières, nous avons été très bien accueillis par tous les points de vente que nous avons démarchés », explique Charlotte Doucet.

Si les jeunes associés ont eu une année 2019 bien chargée pour commencer leur activité, les projets pour la développer sont encore nombreux.

Ils prévoient dès cette année la construction d'une nouvelle bergerie à Montperret, à laquelle s'adjoindra aussi la fromagerie et un local de vente à la ferme.

Mais la traite continuera de se faire au Fujaret, là où se trouve les bêtes en période estivale.

Le transport de lait se réalise assez facilement puisque les volumes ne sont pas très conséquents.
Sur le plan financier, l'ensemble du projet a été évalué à 500 000 €.

Il a pu être lancé grâce à un apport personnel de 90 000 € de chacun des associés, de prêts bancaires et de demandes de subventions.

Pour compléter, Charlotte Doucet et Guillaume Sieurin viennent de lancer une collecte sur la plateforme de financement participatif Miimosa.

« Ces dons avec contrepartie avaient vocation à nous aider à financer la fin de la constitution de notre cheptel, l'extension de notre fromagerie et une partie de notre réseau d'irrigation des petits fruits et du réseau d'abreuvement de nos bêtes ».

La collecte a bien fonctionné, puisque les 14 000 € espérés ont rapidement été atteints.

Ils ont donc rajouté une tranche de 2 500 € pour financer la construction bois d'un poulailler mobile, la plantation d'arbres, ainsi que divers outils de récolte et d'entretien des petits fruits.

Isabelle Brenguier