Face à la multiplication de la fièvre catarrhale ovine de sérotype 8 (FCO-8) sur les ruminants, deux représentants de la filière ovine alertent sur la nécessité de détecter l’épizootie et de procéder à la vaccination des animaux.
Jusqu’à présent, trois départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes étaient restés indemnes. Le dernier recensement effectué par le réseau GDS France, en date du 26 août, montre une claire avancée de la fièvre catarrhale ovine de sérotype 8 (FCO-8) en France, et plus particulièrement dans le quart Sud-Est. Entre le 19 août et le 27 août, les départements du Rhône, de la Savoie et de la Haute-Savoie ont rejoint la longue liste des départements touchés par cette épizootie transmise par des moucherons piqueurs du genre culicoïdes. Ces derniers, dont le développement est favorisé par des températures élevées, jouent le rôle de vecteurs de la maladie.
Vaccination et désinsectisation
Si le sérotype 8 a été détecté pour la première fois dans le sud du Massif central durant l’été 2023, sa rapide propagation ces dernières semaines inquiète les professionnels de l’élevage ovin. « Ça explose partout », affirme avec une certaine inquiétude Michèle Boudoin, éleveuse d'ovins dans le Puy-de-Dôme et présidente de la Fédération nationale ovine (FNO). « Dans la Drôme, la FCO-8 est présente depuis le 9 août et les cas sont nombreux », ajoute le président de la section régionale ovine de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, Frédéric Gontard. « À titre d’exemple, un élevage du Diois a déjà perdu 7 béliers sur 17, tandis que dans le sud du département, un éleveur a détecté, le week-end dernier, 4 brebis avec la langue bleue* ». Selon les deux responsables, la filière ovine va avoir beaucoup de mal à absorber les pertes liées à cette maladie. « Je me fais du souci, car sur les 50 000 brebis que compte la Drôme, nous allons en perdre 10 00 et les sélectionneurs auront moins d’animaux à vendre pour remplacer les pertes… Or, il faut des années pour remonter un troupeau », s’alarme Frédéric Gontard. Perte d’appétit, fièvre, langue couverte de pustules, secousses au niveau des articulations : les symptômes sont nombreux. Outre la souffrance causée aux ovins, Michèle Boudoin déplore une certaine inégalité des tarifications. « Les seules parades sont la vaccination et la désinsectisation, affirme-t-elle. Or, si la FCO-8 touche également les bovins, le problème est que les prix des PCR sont les mêmes pour les deux espèces. Avec la FNO, nous demandons à l’État de prendre sa responsabilité politique en ramenant les PCR à la rentabilité économique de la filière ovine et en encadrant le prix des vaccins. » Actuellement, le coût des PCR est de 15 euros par bête, tandis que celui du vaccin BTV, adapté aux deux espèces et qui nécessite deux injections, est de 8 euros.