INTERVIEW
A.Delahaye : « La solidarité n’est pas un vain mot »

Solaal, association d’intérêt général dont la mission est de faciliter et d’organiser les dons des filières agricole et alimentaire vers les associations d’aide alimentaire, met en avant la solidarité agricole durant tout le mois de septembre. Le point avec Angélique Delahaye, présidente de Solaal.

A.Delahaye : « La solidarité n’est pas un vain mot »
Angélique Delahaye, présidente de Solaal. ©DR

Vous avez enclenché, début septembre, une nouvelle campagne d’appel aux dons. Comment se déroule-t-elle ?

Angélique Delahaye : « Ce sont effectivement les 8e Journées nationales du don agricole que nous organisons partout en France. De nombreuses opérations sont en cours et malgré ces temps incertains, la solidarité continue de jouer à plein. Nous l’avons d’ailleurs constaté cet été. En effet, grâce aux dons que nous avons reçus, Solaal a distribué, entre le 1er juillet et le 31 août, près de 415 tonnes de produits agricoles, soit l’équivalent de 830 000 repas distribués pour nos concitoyens les plus précaires. Récemment, nous avons organisé un glanage solidaire sur le plateau de Saclay au sud de Paris pour y ramasser des courges à destination des étudiants dont la précarité augmente. Malheureusement, nous n’avons pas pu être aussi généreux que nous l’aurions aimé car les sangliers étaient passés juste avant. Ces opérations de glanage solidaire se multiplient d’ailleurs un peu partout et elles permettent à des personnes de se réinsérer, de retrouver une normalité dans les rapports sociaux. C’est aussi l’un des aspects de Solaal. »

Les conditions climatiques extrêmes que nous avons connues depuis le mois de mai ont-elles affecté le volume des dons ?

AD : « C’est assez difficile à mesurer car il existe de nombreuses différences d’une production à l’autre. Il faudra attendre la fin de l’année pour avoir une vision plus précise des volumes que nous avons redistribués. Cela étant, ma première impression est que nous pourrions constater un recul de nos dons, mais un recul maîtrisé, moins important que celui auquel nous pouvions nous attendre. Cela étant, il existe quand même quelques tensions, notamment sur le lait. Je vous rappelle que depuis sa création, Solaal a distribué l’équivalent de 56 millions de repas. »

Où en êtes-vous du développement de votre réseau ?

AD : « Nous disposons maintenant de dix antennes régionales que nous avons construites en moins de quatre ans. Ce qui représente un investissement en temps très important. La dernière antenne créée est celle du Centre-Val-de-Loire qui a été portée sur les fonts baptismaux lors des Terres de Jim, en présence du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. À ce jour, il nous manque trois antennes régionales : la région Nouvelle-Aquitaine qui est très vaste (84 000 km2, ndlr), ce qui pose des soucis logistiques ; la Bourgogne-France-Comté. Mais nous avons réussi à trouver deux agricultrices bénévoles, une en Bourgogne et l’autre en Franche-Comté, pour travailler sur l’implantation d’une antenne. Enfin la Corse qui, en tant qu’île, a également ses spécificités, sa typicité. Ce qui ne l’empêche pas de nous fournir régulièrement des clémentines locales. Enfin, nous portons une attention particulière aux DOM-TOM, notamment la Guyane où la grande précarité et l’insécurité alimentaire sont deux réels sujets. Nous nous sommes rapprochés des associations locales pour porter notre effort sur ces populations démunies. Ce sont toutes ces demandes qui sont autant de détresse qui nous poussent à agir. Chez nous, la solidarité, ce n’est pas un vain mot. »

Allez-vous fêter l’an prochain vos dix ans d’existence ?

AD : « Oui nous avons prévu de fêter l’événement. Mais vous savez, il sera à notre image. Nous sommes plus dans l’action que dans la communication. Ce que nous cherchons c’est être efficace et solidaire envers ceux qui ont le plus besoin d’une alimentation saine et équilibrée. Toutes les personnes impliquées dans Solaal, quel que soit leur niveau, cherchent toutes à être utiles et à mettre en œuvre, au quotidien, la phrase de notre fondateur Jean-Michel Lemétayer : « Je ne supporte pas de voir des gens qui ne mangent pas à leur faim dans mon pays ». C’est ce qui nous guide et je puis vous assurer que tous ceux qui sont à nos côtés et qui nous apportent leur concours et leur mécénat, comme les entreprises, les Salons agricoles, les fondations à l’image de La France s’engage ou de la Fondation Avril, sans oublier les ministères de l’Agriculture et des Solidarités, sont fiers de contribuer à cet élan solidaire. Qu’ils soient aussi vivement remerciés pour le soutien qu’ils nous apportent. »

Propos recueillis par Christophe Soulard