Filière lait
« Rester soudés pour avancer »

Morgane Poulet
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L’assemblée générale de l’OP saint-marcellin s’est tenue à Chatte le 21 décembre. L’occasion pour Jean-Michel Bouchard de revenir sur la situation plutôt bonne de l’IGP par rapport à la situation laitière générale.

« Rester soudés pour avancer »

Pendant l’assemblée générale de l’Union des producteurs laitiers de saint-marcellin, qui s’est déroulée à Chatte le 21 décembre, Jean-Michel Bouchard, son président, a tenu à rappeler l’importance d’être soudés pour maintenir une IGP forte.
 
Situation stable
 
« Il y a assez de volume de lait pour l’instant dans la zone de l’IGP saint-marcellin », rassure Jean-Michel Bouchard, avant d’ajouter qu’il est tout de même important de les surveiller « pour ne pas trop en perdre ». « De nouveaux producteurs ont intégré les fromageries, donc nous avons trouvé une certaine stabilité des volumes, même s’il manque encore des producteurs ». Les ventes ont d’ailleurs été bonnes, du moins jusqu’à août 2023. La fin de l’année marque en effet un recul des ventes de saint-marcellin, « peut-être à hauteur de 23 % », explique le président.
Une conjoncture plutôt rassurante pour l’IGP, donc, et bien différente de la situation du lait en France et en Europe. « Depuis 2022, le cours du lait baisse et le prix du lait à la ferme diminue dans tous les pays », explique Jean-Michel Bouchard. En France, comme en Italie, les volumes chutent tandis qu’en Espagne et au Portugal, ils augmentent. « La France est d’ailleurs un des seuls pays où il y a une chute vertigineuse en termes de collecte de lait », se désole-t-il. La Normandie faisant figure de seule région du pays à être dans le positif en termes de collecte et la région Auvergne-Rhône-Alpes reculant de 1,9 % de janvier à septembre 2023.
En ce qui concerne les prix, « l’Europe décroche totalement, et en Irlande, par exemple, les 1 000 litres sont vendus à 300 euros ».
 
Nécessaire valorisation
 
C’est pour ne pas atteindre une telle situation que le président souhaite avant tout que les 74 producteurs que compte l’IGP saint-marcellin restent « soudés pour avancer », et surtout soudés pour que la production de ce fromage ne diminue pas.
« Nous devons travailler sur la valorisation de notre lait, car les industriels doivent prendre conscience que le producteur doit avoir une rémunération, se tirer un revenu », explique le président de l’union fromagère.
Et d’ajouter que pour renouveler les générations, les jeunes installés doivent pouvoir couvrir leurs investissements et obtenir un revenu décent. « Les salaires doivent être suffisants pour que les agriculteurs puissent avoir du temps libre, voire des loisirs, mais en tout cas passer du temps en famille… Car ils ne pourront pas travailler à 100 % comme nous sommes obligés de le faire aujourd’hui. »
« Avec l’IGP, nous produisons de bons produits, il y aussi la gamme bio qui amène de la qualité… C’est pourquoi nous devons travailler ensemble et valoriser ces produits afin que les industriels et les producteurs en tirent un bénéfice », ajoute-t-il.

Morgane Poulet

Saint-marcellin et saint-félicien en chiffres

La production de saint-marcellin et de saint-félicien a connu une augmentation depuis 2014. En huit ans, la production de lait de vache est passée de 35 millions à 44 millions de litres collectés pour la production de ces deux fromages (130 producteurs au total).
Du côté du saint-félicien : 3 200 tonnes ont été vendues entre mi-2022 et mi-2023. Pour une année, on compte environ 5 millions de litres de lait collectés pour la production de saint-félicien. En mai 2022 par exemple, 549 000 litres de lait ont été produits. Une légère baisse de la production se remarque en 2023 (396 000 litres collectés en octobre). Enfin, on compte 23 producteurs engagés dans la zone saint-félicien.
En ce qui concerne le saint-marcellin, lenviron 30 millions de litres de lait sont produits chaque année.

Romane Pegoud