Automne à la ferme

De la ruche au labo

Loïc Thomas, apiculteur à Proveysieux, participe pour la première fois à l’opération « L’Automne à la ferme » organisée par le réseau Bienvenue à la ferme des chambres d’agriculture. Les 2 et 3 octobre, il accueillera les visiteurs dans sa miellerie récemment aménagée.
« Je suis devenu apiculteur professionnel il y a trois ans, raconte-t-il. J’ai 150 ruches installées en Chartreuse, sur les balcons sud. Mais je cherche encore des endroits pour entrer davantage dans le massif. »
La Ferme aux abeilles de Chartreuse est spécialisée dans la production de gelée royale et développe une gamme en apithérapie comme la propolis, le pollen frais ou la cire d’abeille. Elle propose également des miels cuisinés : miels au gingembre et curcuma, au zeste de citron confit, à la mandarine et au cointreau.

Le plaisir de cuisiner

« Il y a tout un travail en laboratoire qui me plaît. Pour faire de la gelée royale, il faut du temps pour greffer, aller chercher les larves dans les alvéoles, les remettre dans des cupules et les replacer dans la ruche. J’y consacre quatre heures par jour, tous les trois jours, de mai à juillet. » Des manipulations longues et délicates qui cependant apportent de la valeur ajoutée à son entreprise.
A cela s’ajoute aussi le plaisir de cuisiner et « d’inventer de nouvelles recettes » de miels améliorés.
« J’essaie de jouer sur la qualité, je produis du miel de montagne, les ruchers sont sédentaires, mais je me diversifie un maximum. J’ai démarré mon activité à 45 ans et je ne voulais pas être bloqué par des emprunts. J’ai préféré partir dans cette voie. »  
Loïc Thomas a réalisé les travaux de son laboratoire dans le sous-sol de son habitation la première année de son installation. Il s’agissait d’une reconversion professionnelle, après une carrière passée dans l’humanitaire.
« Je me retrouve totalement dans cette activité agricole, mais financièrement, c’est beaucoup moins que les prévisions. J’étais censé produire deux fois plus de miel. Les investissements sont énormes et pourtant, ce n’est que de l’apiculture ! »

Sur les marchés de Noël

Comme tous les apiculteurs, Loïc Thomas vient de traverser une année compliquée. « J’ai deux fois moins de miel que l’an dernier : 800 kg contre 1 500 kg. En gelée royale, c’est la même chose. » Il vise l’installation de 200 colonies, mais il a essuyé des pertes dues aux mauvaises conditions météo.
« Nous avons eu un mois d’avril pluvieux et froid, mai a été encore pire. Même les anciens n’avaient jamais vu ça. Les reines ont arrêté de pondre, il n’y avait plus de pollen, plus de nectar et le but n’est pas de les nourrir pour retrouver le sirop dans les hausses ! » Une difficile question d’équilibre alors que l’apiculteur comptait commencer à dégager un revenu cette année. 
Il commercialise sa production en vente directe, à la miellerie, le samedi matin et sur rendez-vous.
Depuis le 15 septembre il a un stand sur le marché des producteurs à Saint-Egrève et vise les marchés de Noël et de créateurs. « Je fais les marchés seulement dans les périodes creuses, d’octobre à avril », mentionne-t-il.

Le réseau Bienvenue à la ferme représente pour l’apiculteur un label de qualité et lui permet de se faire connaître. « D'autant que Proveysieux est un petit village. Il n’y a pas de passage. »
Samedi 2 et dimanche 3 octobre, de 9 h 30 à 18 h, il montrera au public ses ruches destinées à la fabrication de gelée royale et en expliquera le processus. « J’aurais aussi une simple ruche pour montrer comment on fait du miel et puis je proposerai une dégustation de miels et de miels cuisinés. »

Isabelle Doucet