Stratégie
« Des choix économiques et techniques en lien avec l’évolution climatique »

Isabelle Doucet
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Lauréate du Prix de l’Excellence agricole et rurale, l’EARL Barthalay s’est vue décerner le Prix de la transition agricole dans la gestion des ressources par le Crédit agricole Centre Est.

« Des choix économiques et techniques en lien avec l’évolution climatique »
Florence Prud'homme, associée de l'EARL Barthalay, a fait le choix de communiquer sur l'évolution des pratiques de l'exploitation.

« Nous avons pris le virage en 2019-2020 », raconte Florence Prudhomme, associée avec son conjoint Grégory Barthalay, de l’EARL Barthalay.
Cette exploitation de grandes cultures céréalières implantée à Saint-Quentin-Fallavier souffrait de l’évolution climatique. Des productions exposées à la sècheresse, situées dans une zone de captage : les pratiques réclamaient adaptabilité et durabilité.
Les exploitants souhaitaient également diversifier leurs cultures pour ne pas être trop dépendants d’une production spécifique, celle des semences.
Pour « produire autrement », Florence Prudhomme et Grégory Barthalay ont entièrement revisité le système de production. « Ce sont des choix économiques et techniques en lien avec l’évolution climatique », explique l’exploitante. 

Nouvelles cultures

Les changements sont allés bon train depuis l’association de Grégory Barthalay sur ce qui était alors la ferme de Montjay en 2006, le départ à la retraite de Jean-Paul Prudhomme en 2011 et l’installation de sa fille, Florence Prudhomme, en 2016. 
« Nous avons commencé par revoir les productions de printemps et la préparation des semis à cause du risque d’ambroisie. Nous avons procédé à des faux semis et nous nous sommes tournés vers des outils de travail du sol. Il ne s’agit pas de travailler profond, mais d’éliminer un maximum d’adventices », détaille l’exploitante. 
Parallèlement, les associés mènent une réflexion sur l’eau en révisant leurs assolements et en introduisant des cultures moins gourmandes en eau. L’accent est mis sur les cultures d’automne et le blé, porté par le développement de la filière CRC et label rouge de la coopérative Oxyane.
De nouvelles cultures sont introduites, qui ne craignent pas le sec au printemps : grand épeautre et seigle notamment. « Nous nous sommes penchés sur les résultats à la parcelle », explique encore Florence Prudhomme.
Les cultures sont implantées en fonction de la valeur agronomique du sol. 

L’eau et le sol

Par ailleurs, l’EARL Barthalay a signé en 2020 un PSE ou paiement pour service environnemental avec la Communauté de communes Capi. « C’est un vrai coup de pouce économique », signale la jeune femme.
L’exploitation est présente sur une zone de captage. Elle s’est donc engagée auprès de l’Agence de l’eau à mener un certain nombre d’actions : diversification des cultures, allongement de l’assolement en cassant le système cultural en place, implantation de haies et d’arbres, réduction des IFT avec le groupe 30 000, limiter les apports (extérieurs) d’azote par l’introduction de légumineuses. 
« C’est un projet cultural qui s’inscrit dans le moyen et le long terme, explique l’agricultrice. Nous labourons encore un peu, tous les trois ou quatre ans, mais travaillons dans le respect de la vie du sol. » Elle insiste sur un modèle « qui correspond à l’exploitation. Il est important de se reconnaître dans une agriculture qui nous convient ». L’exploitation vise à très court terme la certification HVE. 

Gérer la ressource

Si le Crédit agricole Centre Est a distingué l’EARL Barthalay lors du Prix de l’Excellence agricole et rurale décerné en septembre à Beaucroissant, c’est pour sa gestion pointilleuse de la ressource et sa démarche de transition. L’exploitation s’est rapprochée de la banque pour mener ses investissements dans l’achat de matériel de travail du sol : une bineuse et un système d’audioguidage RTK « un outil de précision qui apporte un vrai confort technique ». Elle a également acquis un nouveau pulvérisateur. 
« Nous avons aussi un projet de rénovation des bâtiments existants avec une installation de panneaux photovoltaïques. Oxyane est partenaire et nous accompagne sur la réflexion technique », indique Florence Prudhomme. 
L’EARL Barthalay a, en outre, saisi l’opportunité qu’offre la mise en route au printemps prochain du méthaniseur porté par la ferme Vial voisine. « Nous avons commencé à travailler ensemble, explique l’exploitante. Nous avons déjà exporté 50 ha de Cive. »  
Elle fait valoir l’échange de bons procédés : l’apport de matière pour le méthaniseur, le développement des couverts et des cultures intermédiaires pour l’exploitation. 
Les agriculteurs étudient aussi un projet de cultures légumières. « Mais si une nouvelle production entre, il faut qu’elle soit intégrée au système de l’exploitation », insiste Florence Prudhomme.
Elle conclut : « Il ne faut pas attendre qu’on nous impose un modèle, il faut adapter notre travail et nos productions avant. Nous procédons à des essais et nous observons s’ils sont concluants. »

Isabelle Doucet

Service environnemental

Les paiements pour services environnementaux (PSE) rémunèrent les agriculteurs pour des actions qui contribuent à restaurer ou maintenir des écosystèmes, dont la société tire des bénéfices.
Les PSE engagent d’une part des financeurs, en principe les bénéficiaires directs des avantages comme des entreprises, des individus, parfois représentées par des associations ou des acteurs publics. Ils engagent d’autre part des agriculteurs considérés comme fournisseurs d’un service environnemental, et qui reçoivent en échange un paiement conditionné à l’atteinte de résultats sur l’écosystème.
(Source ministère de l’Agriculture)