Téléthon
Le grand défi de la générosité

Marianne Boilève
-

En raison de l'annulation de la plupart des manifestations dans les villes et les villages, les organisateurs redoutent que le Téléthon souffre d'un manque de visibilité. Sur le terrain, les bénévoles rivalisent d'imagination pour faire vivre l'événement malgré tout.

Le grand défi de la générosité
Face au contexte de crise sanitaire, les bénévoles de l'AFM Téléthon se démènent pour faire vivre la collecte nationale en faveur de la recherche. A Thullins, une équipe d'agriculteurs à la retraite a collecté 200 kilos de noix au profit de l'AFM. Crédit photo : Francis Annequin

Pour le Téléthon aussi, l'année est compliquée. L'AFM Téléthon a beau inviter les bénévoles à imaginer des animations «en mode confiné», créer des pages de «e.collecte» sur internet et «faire du bruit sur les réseaux sociaux», le cœur n'y est pas tout-à-fait. Car le confinement complique beaucoup les choses : les rassemblements étant interdits, la quasi totalité des animations prévues ont été annulées. A Frontonas par exemple, le collectif Téléthon comptait, comme chaque année, installer un mur d'escalade et proposer de multiples animations ce qui permet généralement de récolter entre 10 000 et 12 000 euros de dons en faveur de la recherche. Malgré la générosité de la cause, tout a été ajourné. Une vente aura tout de même lieu samedi 5 décembre, complétée d'une urne et d'une e.collecte

Garder le contact

De Vienne à Tullins, en passant par Grenoble, Biol ou Izeaux, c'est un peu partout le même schéma : pas d'événement festif ni de record du monde, pas de pièce de théâtre, de loto ni bien sûr de repas partagé. Dans certaines communes, on reporte ; ailleurs, on annule. Les organisateurs se démènent pour faire exister l'événement comme ils peuvent.  «L'objectif, cette année, c'est surtout de garder le contact avec les habitants des communes», signale Olivier Brun, bénévole de l'AFM Téléthon pour le secteur Nord. Car les organisateurs partagent tous une même crainte : que les gens se démobilisent et, l'esprit occupé par d'autres urgences, se montrent moins généreux que les autres années. 

A Meyrié, les organisateurs semblent avoir trouvé la bonne formule. Depuis le 15 novembre, les habitants du village, plutôt sportifs, sont invités à profiter de chaque sortie pour marcher, courir ou pédaler au profit du Téléthon. Des idées de parcours sont même proposées, pour visiter le village ou les environs dans la limite du temps et des distances autorisés. «Notre idée, c'est d'accumuler le plus de kilomètres possible et que chacun offre une partie de ses kilomètres au Téléthon, sachant que chaque kilomètre parcouru correspond à un don d'un euro… ou plus bien sûr», explique Florent Stroesser, l'un des bénévoles organisateurs. Du couple d'anciens au sportif chevronné, en passant par les familles, de nombreux habitants du village ont joué le jeu : en début de semaine, la commune avait ainsi comptabilisé plus de 700 kilomètres. L'opération va se poursuivre jusqu'au week-end des 12 et 13 décembre, date à laquelle chacun pourra «venir symboliquement accrocher ses kilomètres sur des panneaux installés sur la place» du village et déposer son don dans une cagnotte, en présence des bénévoles du Téléthon. Il sera également possible d'acheter un menu «réconfort après l'effort», proposé par le café Bottu, dont les profits seront entièrement reversés au Téléthon.

Course virtuelle

Ailleurs, on s'est inspiré des systèmes de drive et de click & collect pour vendre des pizzas, des plats cuisinés, des objets artisanaux, des masques ou des articles de la boutique du Téléthon. A Septème, les membres d'une association de makers ont fabriqué des "pinces masques anti-buée" avec leur imprimantes 3 D. Côté sportif, les bénévoles rivalisent d'imagination pour organiser des événements en toute sécurité. Affecté d'une sclérose en plaque, l'Isérois Armand Thoinet, ambassadeur sport et handicap pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, s'est notamment lancé, dans un périple à vélo confiné d'une semaine, projetant de parcourir 3 470 kilomètres (l'équivalent du Tour de France) en HomeTrainer. Plus modestes, les bénévoles de l'Office municipal des sports de Grenoble vont quant à eux organiser une course virtuelle. 

Le monde agricole n'est pas en reste. Coordonné comme chaque année par Francis Annequin, le "Téléthon des organisations agricoles" a bien eu lieu. Malgré la crise sanitaire, la collecte de noix s'est déroulée à Tullins (200 kilos glanés) et les partenaires traditionnels de l'opération, comme Groupama, Drevon ou la Maison Cholat, ont été sollicités pour apporter leur contribution. «Nous espérons faire 60% de ce que nous ferions une année normale, indique Francis Annequin. Ce qui devrait faire environ 2 500 euros.»

«Insistez bien sur le fait que le Téléthon a bien lieu cette année, mais sous une autre forme», nous presse Francesco Bardaro, coordinateur du secteur Sud. Malgré l'énergie déployée pour motiver les troupes, le bénévole reconnaît que «le souci, c'est la mobilisation. Le distanciel, c'est bien, mais ce n'est pas la même atmosphère que le  terrain». Conséquence : sur la centaine de contrats d'animation signés en année «normale», le secteur Sud n'en totalisera que le quart en 2020. Le secteur Nord en comptabilise une petite cinquantaine, essentiellement autour de la collecte par internet. Ce sera encore plus limité dans le secteur Ouest. «Ce que j'essaie de faire vivre, surtout, c'est la page de collecte, confie Pierre Masson, le coordinateur du secteur. Mais c'est vraiment une année compliquée.»

Marianne Boilève

 

Le Téléthon en Isère