Histoire
Fin d'une collecte participative d'envergure

Morgane Poulet
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Le musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, situé à Grenoble, a désormais achevé de collecter des objets du quotidien des Isérois pendant la Seconde Guerre mondiale.

Fin d'une collecte participative d'envergure
Josiane Gouvernayre a cédé au musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère son corsage préféré, réalisé en toile de parachute.

« L’ère des témoins se termine », explique Jean-Pierre Barbier, président du Conseil départemental de l’Isère, lors d’une conférence de presse le 22 mars. C’est pour cette raison que le musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, situé à Grenoble, a mené une collecte participative du 1er février au 1er juillet 2021.

Une diversité d’objets

Le musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère est le détenteur de plus de 8 000 pièces. Parmi ces dernières, un canard en bois fabriqué par un prisonnier de guerre aux alentours de 1943, un almanach des postes de 1943 à l’effigie du régime de Vichy ou encore des brassards de circulation pour médecin.
Josiane Gouvernaye, qui fait partie des donateurs, a été invitée par le musée pour une remise d’objets officielle à Jean-Pierre Barbier. Née au début de l’année 1939, elle a grandi à Trept, dans le Nord-Isère. Bien qu’étant très jeune au moment de la guerre, elle affirme s’en souvenir et a une histoire pour chacun des objets qu’elle cède au musée.
Avec émotion, elle confie à ce dernier des tickets de rationnement, de la laine ou encore de nombreux vêtements. Parmi eux, son corsage préféré, « réalisé en toile de parachute par la couturière du village, Mme Rose, et qu’elle a pu créer avec les chutes de tissus d’une robe de ma mère ».
Comme elle, plus de 300 familles ont répondu à l'appel et ont proposé au musée de la Résistance et de la Déportation d'étendre sa collection.

Ne pas oublier

Comme le rappelle Alice Buffet, la directrice de l’établissement, le musée doit permettre aux visiteurs de s’instruire et de prendre conscience des enjeux du passé. Les témoins de la Seconde Guerre mondiale disparaissant petit à petit, à l’image d’Hubert Germain, dernier compagnon de la Libération, décédé en octobre 2021, il devenait urgent de recenser des objets leur ayant appartenu.
Pour Jean-Pierre Barbier, il est également important que « les jeunes, qui vivent bien loin de cette période, acquièrent une conscience de ce qui a été vécu afin d’éviter que cela ne se reproduise ». Afin d’étoffer les collections iséroises, il rappelle qu’un douzième musée départemental sur l’histoire ouvrira bientôt ses portes à Vienne. Cela permettra à un plus large public de prendre connaissance de la vie des Français entre 1939 et 1945.

Des objectifs précis

Le musée souhaitait suivre quatre axes. Un premier axe typologique, afin de privilégier l’acquisition d’objets en trois dimensions. Un deuxième axe thématique, pour cibler les éléments montrant le quotidien de la société française pendant la Seconde Guerre mondiale. Un troisième plus chronologique, qui a vocation à se concentrer sur les quatre premières années du conflit. Enfin, le quatrième axe est géographique et vise l’acquisition d’objets et de documents provenant du Nord-Isère, « encore peu représenté dans les collections », précise Alice Buffet.
Au total, ce sont 307 dossiers qui ont été reçus par le musée et qui ont ensuite été analysés par deux comités d’experts, l’un composé par des historiens et des professionnels de musées, l’autre constitué par la commission scientifique régionale d’acquisition de la Direction régionale des affaires culturelles d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Jean-Pierre Barbier, admiratif devant le nombre de familles à avoir proposé un dossier, qualifie l’opération de « franc succès », car « c’est parfois un déchirement de se séparer d’objets personnels ».
Finalement, 169 dossiers ont été retenus. 31 propositions n’ont pas abouti et 103 ont été refusées car elles ne faisaient pas partie de la bonne zone géographique ou bien encore elles ne couvraient pas la période recherchée.
Il ne reste désormais plus qu'aux équipes du musée à collecter les objets directement chez les donateurs.

Morgane Poulet