Culture

La terre, ils y croient dur comme fer

Isoler avec de la terre : les équipes d’e-CoLoS et de CRATerre du laboratoire AE & CC, le laboratoire 3SR et les étudiants du DSA « Architecture de terre » se sont penchées sur l’idée de corriger thermiquement la maison 24H, construite lors du « projet e-CoLoS ! ⁽¹⁾ » en 2018, à Grenoble.
L’objectif est d’améliorer le confort d’été de cette maison. Pour cela de nombreux prototypes de « briques légères » en terre ont été réalisés à l’Ensa ⁽²⁾ de Grenoble.
La mise en œuvre a été testée, puis validée lors du festival Grains d’Isère aux Grands ateliers de l’Isle-d’Abeau en mai 2023.
Cette brique, composé de terre et de fibres appelées terre allégée, possède des propriétés hygrothermiques intéressantes et serait adaptée pour réaliser des améliorations thermiques en ayant un impact environnemental limité.
Les éléments préfabriqués ont été imaginés pour s’adapter à la toiture de la maison 24H, constituée de voûtes et de coupoles.

L’avenir est en terre

La « maison 24H » est le fruit d’une association entre l’équipe du laboratoire CRAterre (Ensag) et l’université de Grenoble-Alpes.
Elle a été entièrement construite à partir de terre crue tamisée et mélangée avec une faible proportion de ciment pour sa stabilisation, avant d’être comprimée sous forme de blocs.
Le projet e-CoLoS apporte des éléments de réflexions sur d’isolation avec les matériaux bio et géosourcés, qui intéressent fortement les étudiants, chercheurs et professionnels de la construction.
C’est le cas d’Elias Henry, étudiant en école d’architecture et bénévole sur le chantier, qui explique combien cela le passionne : « Dans ce chantier, j’apprends beaucoup, je tends l’oreille car c’est vraiment enrichissant. Je suis intéressé par ce matériau, car pour moi, l’avenir est en terre, j’y crois dur comme fer », affirme-t-il. Il explique que construire en terre consomme peu d’énergie, car le matériau est pratiquement déjà fini.
« La terre, il y a peu de transformations à réaliser dessus, un avantage fondamental », déclare Elias Henry. C’est un matériau géosourcé qui présente une faible empreinte environnementale.

Confort

Ce projet qui coûte plus de 12 000 € est mené par des bénévoles, des étudiants et des passionnés qui ont à cœur de réaliser des tests et des analyses montrant que l’utilisation de ces blocs de terre allégés possède un réel impact sur la température intérieure du bâtiment.
L’objectif du projet : avancer et produire de la connaissance.
« Notre objectif c’est de montrer qu’il existe une possibilité de continuer en terre et en fibre, et que cela provoquera un confort d’été ou hiver amélioré », souligne Laurent Galichet, le coordinateur du projet.
Il explique que l’enveloppe que vont créer ces blocs de terre allégés devrait réduire la température d’environ 5 degrés en intérieur. Il affirme que l’idée essentielle de ce projet est de continuer de développer le mariage entre le sable, la terre et la paille.

Pédagogie

Dominique Daudon, enseignante et coresponsable du projet e-Colos, précise que le projet est aussi une formation numérique, qui apporte des éléments concrets pour les étudiants en architecture.
Il mobilise différentes compétences, telles que l’hygrométrie, l’ensoleillement, la construction soutenable.
Ce qui a permis à Elias Henry de se perfectionner dans le domaine de la terre. « Je pense qu’aujourd’hui il faut qu’on ouvre les yeux », déclare-t-il.
Pour lui, cette formation, ce projet est lié à ce domaine, innovant et futuriste. Pour Laurent Galichet, c’est en tout cas : « l’une des solutions d’avenir ».

Allan Brevi

(1) : Étudie les constructions locales soutenables
(2) : Établissement d’enseignement supérieur à Grenoble