40 ans d'expérience intercommunautaire en pays voironnais

« Le Pays voironnais s'est constitué de façon originale, sur une impulsion grenobloise », rappelle Jean-Paul Bret, le président de la communauté du Pays voironnais. Au moment de fêter ses 40 ans autour d'une table ronde réunissant les acteurs politiques locaux, d'aucuns ont en effet rappelé qu'en 1973, le Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme de la région grenobloise prévoyait la création d'une ville nouvelle sur le plateau de Charnècle et Saint-Cassien, afin d'absorber la très forte croissance de l'agglomération grenobloise. Les élus concernés ont dit non et c'est sur ce refus que s'est constituée, en 1974, la première intercommunalité : le Syndicat mixte d'aménagement du voironnais (Smav), qui regroupait 14 communes. Il devient communauté de communes en 1994 et passe progressivement à 34 communes, notamment avec l'élargissement aux communautés de Paladru-Val-d'Ainan, Saint-Geoire-en-Valdaine et Rives. En 40 ans, le Pays voironnais a su se construire une identité et une dynamique propres, en dépit de sa très grande proximité avec la métropole grenobloise. Sans doute est-ce en raison de ses trois atouts, ainsi que les cite Jean-Paul Bret. C'est d'abord un positionnement géographique au cœur des grands axes de circulation, un territoire capable d'accueillir une très forte activité économique tout en proposant des paysages et un cadre de vie très variés. Le Pays voironnais est aussi un pays d'art et d'histoire, de Paladru à la Chartreuse. Enfin, il bénéficie de tous les grands équipements structurels (hôpitaux, salles de spectacles, musées...)
Systèmes ouverts
« Oui, mais en 40 ans, nous avons changé dans notre rapport au territoire », lance Daniel Béhar, géographe et professeur à l'Institut d'urbanisme de Paris. Les hommes ne se concentrent plus forcément là où il y a de l'activité. A l'échelle des métropoles régionales, certaines peuvent créer de la richesse quand d'autres attirent les ménages, à l'image des villes de l'Ouest qui connaissent un fort essor démographique, quand c'est l'Est qui génère le plus d'activité économique. Il parle de « stratégie des ménages » qui choisissent leur localisation en fonction de critères autres que la seule profession du chef de famille, notion devenue désuète. Le géographe décrit des systèmes ouverts, dans lesquels « les territoires doivent apprendre à coopérer ». Revenant à Voiron, il ajoute : « Il n'y a pas photo. Le Pays voironnais fait partie de l'aire métropolitaine grenobloise. La métropole n'a pas de frontière, elle a des rizhomes. Pour autant, ce n'est pas une raison pour fabriquer une institution unique ».
Ticket unique
La coopération, la mutualisation et la complémentarité sont les trois grands principes sur lesquels les élus des différentes collectivités, Pays voironnais, Métro ou conseil général, s'appuient pour imaginer leur avenir, notamment dans le cadre de la réforme territoriale. Les transferts de compétences vers les intercommunalités pourraient d'ailleurs être de nature à simplifier les relations. Le 1er janvier 2015, la Métro récupèrera toute la compétence économique, ce qui permettra au Pays voironnais de continuer à travailler avec un seul interlocuteur sur des dossiers comme l'agriculture de proximité (légumerie, circuits courts) ou la redynamisation de l'abattoir du Fontanil. Mais le grand chantier d'avenir sera celui des transports. « Nous avons pour objectif, en 2015, de créer un syndicat de transport, avec la région, le département, la Métro et le Grésivaudan pour parvenir à avoir un ticket unique afin de voyager sans contrainte et sans lourdeur », a annoncé Jean-Paul Bret.
Question d'échelle
De l'ambition, l'envie de « travailler intelligemment ensemble en conservant les entités institutionnelles », comme le précise le président du Pays voironnais, les élus en ont. Mais tous sont confrontés à la raréfaction de leurs ressources. « Nous devrons être plus rigoureux sur les dépenses publiques », confirme Christophe Ferrari, le président de la Métro. Les transferts de compétences entre les communes et les intercommunalités devront s'effectuer dans le respect du critère de neutralité financière. Mais Alain Cottalorda, le président du conseil général, en mesure les limites. « Nous sommes sur un autre modèle, nous n'avons plus les mêmes moyens d'investissement pour répondre à la demande sociétale », déclare-t-il en défendant les structures de proximité. Car, dans cette nouvelle organisation, les rapports entre les communes et les intercommunalités, entre les communautés de communes et les métropole répondront probablement à une notion d'échelle. Il s'agira de définir le niveau d'action le plus pertinent entre la rationalité financière et le service rendu au citoyen. Sur ce terrain, le Pays voironnais, avec ses 40 ans d'expérience de travail intercommunautaire, peut se faire fort de quelques enseignements.
Isabelle Doucet
Economie