Difficile pour ce drôle d'équipage qui déambule depuis quelques jours dans la vallée du Grésivaudan et les balcons de Belledonne de passer inaperçu. Avec leurs deux ânes, Michel et Ouest, et leurs calèches, les artistes de la compagnie Artiflette, vont de villages en hameaux, d'habitations en exploitations, d'écoles en centres d'accueil, pour proposer leur spectacle, leur bonne humeur et leur envie d'aller vers les autres. C'est la tournée « Grési dos d'ânes ».

Un duo maladroit de cirque burlesque

Les cinq compères, Gandalf Goudard et Olaf Fabiani, les comédiens du spectacle « le Rocket tiger circus », Mickaël Bodergat, l'animateur d’éducation populaire, Jonathan Argemi, le technicien, et Ignace Fabiani, l'administrateur de la tournée, sont partis de Barraux le 12 juin et arriveront à Revel le 7 juillet. En tout, 150 kilomètres, 14 étapes, neuf représentations de leur spectacle, de nombreux partenaires et un nombre incalculable de rencontres. « Cela faisait quelques temps que nous nourrissions le projet de créer une tournée itinérante d'une ou deux semaines. Nous souhaitions aussi partir avec nos ânes, car pour l'avoir déjà fait, nous savons qu'ils sont un formidable passeport pour aller à la rencontre des autres. Ils attirent autant les plus jeunes que les plus âgés », explique Olaf Fabiani, de la compagnie Artiflette. Au fil des contacts et des démarchages des communes et des structures qui pouvaient les accueillir, le projet a pris forme. Pour les membres de la compagnie, l'idée était de partir du spectacle « le Rocket tiger circus », un duo maladroit de cirque burlesque tout public et familial, mais de ne pas s'arrêter là. « Nous voulions inventer avec les participants des temps d’échanges, tels que des pots d’accueil, des interviews radio, des repas partagés, des balades... Nous voulions aller à l’encontre du rythme frénétique habituel qui nous pousse à ne jamais être là où nous sommes, et croire que l’on peut tout faire en même temps », détaille le jeune comédien.

Fédérateur

Alors, les étapes se suivent et ne se ressemblent pas. Et c'est d'ailleurs tout le charme de cette tournée au sein de laquelle règnent la convivialité et la simplicité. « Nous voulions créer des espaces de rencontres et d'échanges, et prendre le temps de réfléchir aux notions de « vivre ensemble », de culture et de lien social », indique Olaf Fabiani. Aussi, durant l'ensemble de leur périple, tous les moyens sont bons pour aller à la rencontre des habitants de ces villages qui n'ont pas si souvent que cela l'occasion d'accueillir de telles animations. Présente au départ à pied de la première étape de Barraux au Fayet, Sandrine Quercia-Fayaud, de Barraux, a apprécié l'initiative. « C'était très fédérateur. L'après-midi a généré de multiples rencontres entre des personnes d'horizons et d'âges différents. La présence des ânes a probablement permis d'attirer un public plus large que celui qui serait venu uniquement pour la troupe de théâtre. Et le concert de musique mexicaine s'est déroulé dans une ambiance simple et agréable. Dans notre société trop individualiste, ce sont des moments dont nous avons besoin », estime-t-elle.

Simplement

A La Ferrière-d'Allevard, le 20 juin, ce sont les enfants de l'école élémentaire qui ont accueilli la joyeuse troupe. « Nous les avons retrouvés à Pinsot et nous avons cheminé ensemble. L'après-midi, les artistes nous ont présenté un jeu sur les différentes façons de se dire « bonjour » dans le monde. Leur façon d'être incite les participants à se parler, à communiquer, sans retenue, ce qui n'est pas toujours fait. Les enfants étaient ravis, et nous (le corps enseignant, ndlr), nous avons apprécié cette opportunité d'avoir un spectacle à La Ferrière et de faire cotoyer aux petits des comédiens. Ils font vivre le village, ils apportent du dynamisme là où ils passent », déclare Anne Boussant-Roux, institutrice de l'école élémentaire. Quelques jours et kilomètres plus tard, « Grési dos d'ânes » est à Crêt-en-Belledonne, au foyer d'accueil de la Maison du Barbaz. Là encore, la bonne humeur était au rendez-vous, même si quelques questions avaient été posés par les jeunes résidents en amont de leur arrivée. « C'est une première pour nous d'accueillir une troupe et d'ouvrir nos portes au public. Ils nous ont demandé et nous avons accepté. Simplement. Nous l'avons vu comme une opportunité pour faire croiser les petites sphères de chacun », constate Mathieu Sugier, le directeur de l'établissement. La tournée n'est pas terminée, mais elle est déjà un succès. 100 à 150 personnes viennent voir chacune de leur représentation.

Isabelle Brenguier

Une tournée accessible à tous

Encore quelques dates