La chose ne s'était encore jamais vue dans de telles proportions. La conjoncture est si mauvaise qu'à la coopérative Dauphinoise, certains adhérents qui n'avaient jamais connu de problème se retrouvent aujourd'hui à découvert... D'autres demandent des avances sur la prochaine campagne. Partout les voyants sont au rouge. En cause : des récoltes mauvaises et des cours en baisse alors que les charges fixes ne cessent d'augmenter. Et les perspectives pour 2015 ne laissent guère entrevoir d'éclaircie. Sans se montrer catastrophiste, Jean-Yves Colomb, vice-président de la coopérative, estime qu'au niveau des marchés, « vu les stocks qui s'annoncent, aucun élément ne permet de dire qu'il y aura un sursaut des prix l'an prochain ». Pas de visibilité non plus sur la prochaine campagne. Difficile, dans ces conditions, d'anticiper. « La volatilité des prix est une réalité : depuis trois-quatre ans, les prix se sont écroulés », confirme Jean-Yves Colomb.

Incidences de la Pac

Si certains producteurs ont pu tirer leur épingle du jeu en 2014 du fait d'une conjoncture favorable, notamment chez les producteurs de noix ou de lait qui travaillent en zone IGP, combien d'autres voient le bateau prendre l'eau ? « Nous autres semenciers sommes plus à l'aise que les autres, reconnaît Jean-Yves Colomb, producteur de semences hybrides lui-même. Mais nous sommes retombés aux niveaux de revenus d'il y a six ans... » Une situation d'autant plus préoccupante que les perspectives pour 2015 ne sont pas glorieuses. Le marché des céréales s'effondre, les coûts de l'alimentation animale, des intrants et du carburant sont à la hausse, les productions maraîchères, fruitières et horticoles subissent de graves distorsions de concurrence au niveau européen... Sans compter la réforme de la Pac qui, si elle va favoriser les exploitations en zone de montagne grâce à la revalorisation de l'ICHN, va avoir de sérieuses incidences sur les primes Pac en plaine. « Nous nous attendons à avoir des AG de section difficiles », confie le vice-président de la Dauphinoise qui sait que les administrateurs de la coopérative vont devoir trouver le bon équilibre entre les propos lucides et la nécessité de « ne pas alimenter le marasme ambiant ». Un exercice difficile.

MB