Après le loup, le vautour !

Tout cela aura-t-il une fin ? Pour certaines brebis, oui, la fin est déjà arrivée. L'alpage du Jocou vient d'être le théâtre de deux attaques dans la journée de vautours sur des bêtes vivantes. Sous les yeux du berger. « J'avais repéré aujourd'hui, deux brebis qui allaient mettre bas. La première ce matin s'est éloignée du troupeau, elle avait la poche des eaux qui pendait, raconte Patrice Marie, le berger titulaire dans l'alpage. Ce qui m'a intrigué, c'est que soudain, j'ai vu une cinquantaine de vautours danser autour d'elle vers dix heures. J'ai vite compris. Je suis descendu en courant et en gueulant, mais le mal était fait. Elle avait les yeux crévés, était lacérée et l'agneau avait la langue arrachée et diverses blessures. » Emotion garantie pour cet homme amoureux des bêtes qui lui sont confiées pendant l'été, et qui se réjouissait en début de semaine de n'avoir eu qu'une prédation durant l'été due au loup.
Mais cet après-midi, le cauchemar s'est répété : « Je n'ai pas vu à quel moment la deuxième brebis s'est éloignée, mais quand j'ai aperçu la bande de volatiles à terre, je n'en croyais pas mes yeux. Là, il ne reste que la peau et les os. Même la médaille (d'identification, ndlr) a été mangée. » Alors depuis ce constat, le berger remue ciel et terre pour prévenir les autorités compétentes. Mais l'ONCFS dit qu'elle n'est concernée que par le loup, alors que la DDT renvoie sur elle. « Les éleveurs ne vont pas être indemnisés », se lamente le berger. Et surtout, ils ne vont plus savoir que faire car M. Giraud, un des propriétaires, avait descendu une vingtaine de brebis prêtes à mettre bas la semaine dernière pour ne pas les laisser en alpage à ce moment délicat. Sept d'entre elles sont mortes attaquées par le loup près du village de Lalley dont nous nous étions fait écho. Du coup, l'éleveur a préféré laisser les autres en alpage, puisque c'est là que sont les patous en ce moment. Mauvaise pioche : le danger vient du ciel...
Jean-Marc Emprin