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Prédateurs

Attaque du loup à Chichilianne

La première attaque de troupeau s'est déroulée à Chichilianne le week-end dernier. Le maire de la commune s'est emparé de la question et organise une réunion d'élus du Trièves ce mercredi soir 11 mai à 18h.
Attaque du loup à Chichilianne

 

« Les bêtes dormaient dehors car je n'ai plus assez de foin pour les garder à la bergerie. Lorsque je suis arrivée samedi matin, j'ai constaté que des brebis étaient blessées, témoigne Christèle Durand, éleveuse de brebis laitières et associée du Gaec de la Touche à Chichilianne. J'ai rentré tout le monde et je suis allée en haut du parc qui fait 9 hectares. Là, j'ai trouvé deux brebis tuées, six ou sept étaient blessées à la gorge ainsi qu'un agneau et une autre brebis sur le dos. »

 

La première attaque de loup a eu lieu à Chichilianne.


C'est la première attaque de la saison en Isère. L'éleveuse attend une réponse officielle des officiers de l'ONCFS, mais pour elle, il ne fait aucun doute : le loup est l'auteur du carnage. « Les blessures, le mode d'attaque, la consommation, je pense même qu'il y avait deux bêtes ».

Aucun signe avant coureur n'aurait pu alerter l'exploitante qui possède un troupeau de 190 brebis lacaunes. Elle n'a plus de patous depuis l'an dernier, mais ne monte plus en alpage et son troupeau est rentré quotidiennement pour la traite. « On voit les brebis tous les jours, elles sont toujours groupées », explique l'éleveuse qui a aussitôt donné l'alerte aux autres producteurs ovins du secteur.

La violence faite aux bêtes

Le maire de Chichilianne, Yann Souriau, qui est aussi représentant des élus pour le plan loup, ne cache pas sa colère. « Ca se passe derrière les maisons ! », constate-t-il impuissant. « Depuis l'automne, trois loups se sont installés dans la commune, un couple et une bête isolée. On voit régulièrement des traces », avance-t-il. L'élu dénonce « la violence systématique faite aux animaux. Comment certaines associations de protection de la nature peuvent-elles laisser des brebis se faire égorger, éventrer ou avorter ? », interroge-t-il.

 

Les attaques ont eu lieu dans la nuit du 6 au 7 mai.

 

Il trouve aussi intolérable « la violence faite aux habitants et aux élus ». Décidé à monter au créneau, il va inviter les autres élus du secteur à se réunir « pour ne plus subir ». « Ce n'est pas pour exterminer le loup, mais pour le tenir à distance. C'est à nous de mettre les limites. » S'il veut rassembler tous les acteurs impliqués dans la gestion du loup c'est qu'il est conscient de la nécessité d'une action concertée. « Si l'on chasse le loup d'un alpage, deux jours après, il ira dans celui d'à-côté ». Le maire craint le « surarmement en chiens et la pression grandissante sur les voisins ». Il organise ce mercredi soir 11 mai une réunion d'élus du Trièves à la salle des fêtes de Prébois.

 

Dans le troupeau, des animaux portent des traces de morsure.

 

L'élu pose aussi des questions : quel risque pour les randonneurs ? Yann Souriau estime que la situation n'est « ni socialement, ni économiquement, ni environnementalement acceptable ». S'il ne veut pas d'un bras de fer, il souhaite pour autant que tout le monde prenne conscience de la violence de ce qu'il se passe en alpage. A un mois de l'arrivée des transhumants, la question du loup revient comme un boomerang lancé toujours plus fort.

Isabelle Doucet