Aux États-Unis, les prix du beurre et du lait ne tiennent qu’à un fil
La production étasunienne de beurre croît davantage que celle du lait. Sans le relais des exportations, les stocks de beurre s’accroissent et le prix du lait payé aux éleveurs s’effondre.

Depuis plusieurs années, « la production laitière aux États-Unis a peu évolué. Elle a même légèrement reflué de 0,5 % en 2024, à 102,2 millions de tonnes (Mt). Mais les disponibilités en matières grasses laitières n’ont cessé de progresser », relate l’Institut de l’élevage (Idele). Depuis 2010, le taux butyreux du lait étasunien est passé de 3,7 à 4,3 % (+ 16 % en quinze ans) et la collecte de lait a progressé de 14 %. Du coup, la quantité annuelle de matière grasse collectée a augmenté de près de 32 % en quinze ans. Simultanément, la consommation annuelle de beurre a dépassé le million de tonnes. Pour autant, ces débouchés ne suffisent pas pour équilibrer le marché étasunien du beurre sans l’appoint de l’export. Or, en 2024, les volumes de beurre commercialisés avec les pays tiers n’ont pas été suffisants pour éviter la constitution de stocks. Entre les mois de janvier et mars 2025, ces derniers étaient même supérieurs aux trois campagnes laitières précédentes. Aussi, la tonne de beurre américain ne valait plus que 4 500 € à la fin du premier trimestre, soit 2 000 €/t de moins qu’au mois de juin 2024. À l’export, le beurre étasunien est dorénavant très compétitif comparé à l’européen (7 500 €/t). Aussi, les exportations ont explosé, vers le Canada notamment, et le marché américain s’est alors rapidement assaini. La concurrence étasunienne pourrait déteindre sur les marchés européens de produits laitiers, en les orientant à la baisse, y compris le lait payé aux éleveurs. Les éleveurs américains restent motivés pour produire du lait car leurs marges semblent préservées par la baisse des charges.