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INTERVIEW

« Chacun a un rôle important à jouer sur le sanitaire »

Face au besoin de renforcer la prévention contre les maladies animales, le fonds de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE) est prêt à accepter des missions plus larges, mais sans déshabiller d’autres structures. Christophe Chambon, son président, se dit aussi ouvert à accueillir d’autres acteurs au sein du fonds professionnel. 

« Chacun a un rôle important à jouer sur le sanitaire »
Christophe Chambon, président du fonds de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE) et, par ailleurs, secrétaire général adjoint de la FNSEA.

Quel bilan tirez-vous de l’action du FMSE en élevage ces dernières années ? 

Christophe Chambon : « Malheureusement, le FMSE a été de plus en plus sollicité en raison de la succession des crises : d’abord l’influenza aviaire, avec d’importantes pertes en canards et en poules pondeuses ; la fièvre catarrhale ovine (FCO) depuis trois ans, sur les bovins et ovins, avec les sérotypes 8, 4 et 3 ; sans oublier la maladie hémorragique épizootique (MHE) depuis 2023. À chacune de ces crises, l’État a débloqué des aides, et le FMSE est intervenu pour soutenir les éleveurs qui subissaient des pertes, en complément du ministère quand celui-ci n’avait pas une enveloppe suffisante. Au-delà de l’élevage, il ne faut pas oublier les filières végétales, sur lesquelles nous avons aussi eu une activité importante : la tomate avec le virus ToBRFV, la vigne avec la flavescence dorée, l’arboriculture, etc. » 

Cette accélération des crises menace-t-elle les finances du FMSE ?  

C.C : « Nous appelons des cotisations auprès de l’ensemble des agriculteurs, mais nous avons aussi des sections spécialisées par filière. Les caisses de la section des ruminants, par exemple, commencent à se vider fortement. D’où l’intérêt des Assises du sanitaire animal, qui permettent à la profession de rappeler qu’elle croit toujours au FMSE et qu’il a plus que jamais son utilité. » 

« Comment le FMSE peut-il s’adapter ?  

C.C : « Nous nous posons la question d’augmenter les cotisations ou encore de faire contribuer d’autres acteurs. Par exemple, les programmes sanitaires d’intérêt collectif (PSIC) permettent d’associer les collectivités et les interprofessions. Au cœur des Assises du sanitaire, il y a la volonté de privilégier le préventif, d’anticiper certaines crises, que ce soit par la vaccination ou d’autres moyens de prévention. C’est un moyen de limiter les crises et d’éviter d’avoir à indemniser autant de pertes. Il faut rappeler qu’à chaque fois que le FMSE intervient, 40 % de la somme provient de ses fonds propres et 60 % de l’État. Avec le changement climatique, les nouvelles maladies que l’on voit arriver en France ont déjà été vues dans d’autres pays. C’est le cas pour la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). C’est aussi le cas des sérotypes 1 et 10 de la FCO, qui arrivent de nouveau à nos frontières et pour lesquels nous avons demandé que les vaccins soient prêts si besoin. » 

À l’avenir, le FMSE pourrait-il endosser de nouvelles missions, notamment en matière de prévention ?  

C.C : « Nous sommes prêts à répondre au nom de la profession pour faire évoluer nos missions, mais sans déshabiller nos collègues des autres structures. Par exemple, les organismes à vocation sanitaire (OVS), qui sont gérés par le GDS France et la Fredon France, font partie du FMSE. Ils participent activement à notre conseil d’administration. Chacun a un rôle important à jouer sur le sanitaire. On peut faire évoluer les missions du FMSE, mais on peut aussi faire évoluer sa composition, en intégrant par exemple des acteurs qui ne l’auraient pas été au début, mais qui pourraient venir en soutien. Par ailleurs, nous incitons de nouvelles filières à intégrer le FMSE et à monter des sections : les équins et l’apiculture sont en cours de création. » 

Plus précisément, quelles relations entretenez-vous avec les groupements de défense sanitaire (GDS) ?  

C.C : « Au sein du FMSE, ça se passe très bien, à tel point que la section des ruminants est présidée par Christophe Moulin, le président de GDS France. Du national jusqu’à l’échelon départemental, il y a de la fluidité dans nos relations. En matière de gouvernance du sanitaire, je pense que l’on doit avoir la capacité d’avancer sur un bon compromis dans lequel tout le monde garderait sa place. On n’enlèvera jamais leur spécificité technique aux GDS, leur suivi sanitaire. Ils font très bien leur travail, leurs missions auprès des éleveurs. Il est hors de question que les FMSE remplacent les GDS ou n’importe quelle autre structure. »

Comment voyez-vous l’évolution de la gouvernance sanitaire 

C.C : « Les Assises du sanitaire doivent déboucher sur une nouvelle gouvernance du sanitaire. Il faut bien regarder comment chacun se positionne et travailler en lien les uns avec les autres, mais surtout ne pas créer des usines à gaz. Car il y a des crises sanitaires à gérer, l’important, c’est qu’on ait des personnes ressources en face de nous et qu’on mette tout le monde autour de la table. » 

Une récente proposition de loi veut permettre au FMSE de créer des équipes mobiles de vétérinaires pour améliorer le maillage territorial. Qu’en pensez-vous ?  

C.C : « Ce n’est pas le FMSE qui a demandé ça. Évidemment, le maillage territorial des vétérinaires est un sujet qui nous tient à cœur. Mais nous n’avons pas demandé à intervenir. Que ce soit clair : le FMSE n’est pas là pour piquer la place de qui que ce soit. Nous nous positionnons au sein des Assises du sanitaire, car nous rassemblons largement des interlocuteurs des filières et de différentes productions. Aucune autre organisation ne permet un dialogue aussi large sur ces sujets. » 

Propos recueillis par Yannick Groult