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Semences

Chambardement dans les semences

Le syndicat des agriculteurs multiplicateurs de semences vient de tenir son assemblée générale. On assiste à une redistribution des cartes.
Chambardement dans les semences

Le secteur des semences était plutôt tranquille ces dernières années, sauf bien sûr au moment des négociations sur les prix. La période 2013-2014 voit en revanche un redistribution - partielle - des cartes avec le départ de deux maisons, Laboulet et Joufray-Drillaud, et l'arrivée d'un nouveau, Barenbrug. On pourra ajouter dans le retrait des opérateurs, celui de Plan Jardin, qui a l'intention de se réorienter vers les semences de jardin grand public, et d'abandonner les semences agricoles.

« Le secteur se porte bien, indique Gérard Donaty, délégué régional du Gnis*, lors de l'assemblée générale du syndicat des agriculteurs multiplicateurs de semences, tenue sous la présidence de Jean-Claude Plottier à Colombe récemment. Globalement les surfaces cultivées ont augmenté de 15% en Isère et si cela continue le total sera supérieur à celui de la Drôme », département leader dans la région Rhône-Alpes.

Le soja gagne du terrain

La dynamique est puissante dans plusieurs espèces. Le maïs tout d'abord. « De 3 300 hectares, on devrait monter à environ 5 000 », indique le représentant de la Dauphinoise. Même son de cloche chez Top Semence, où avec l'arrivée de Terre d'alliance au sein du groupe sudiste, la sole de maïs semence devrait grimper de 2 650 ha à 3 750 ha. Tendance comparable pour les semences de tournesol et de soja. Sud génération semences, opérateur récent dans le voironnais, chiffre à une centaine de tonnes le soja en base et pré-base produites localement, « en complémentarité avec la Dauphinoise ». Cette dernière a des contrats pour 500 hectares de soja semence en Isère et Drôme, ce qui en fait le premier producteur français. Philippe Rogani, directeur technique de l'Anamso** indique que cette espèce est cultivée en semence sur 1 500 ha en France et que la sole pourrait monter à 2 000 ha en 2014. « Mais cela a du mal à démarrer », regrette-t-il. Côté tournesol, l'évolution de la production de semences reste incertaine, selon Gérard Donaty. « Nous sommes à 1 800 hectares, affirme le représentant de Top semences, avec une petite augmentation envisagée. Mais nous rencontrons de nombreux problèmes de levée en raison des dégâts que font corbeaux et pigeons au semis ». En ce qui concerne les céréales à paille, les surfaces devraient rester stables, mais tous les opérateurs reconnaissent quelques pertes au semis en raison des difficultés d'implantation dues à l'humidité excessive de l'automne.

Marasme pour certaines fourragères

En revanche, le bât blesse en matière de plantes fourragères. La somme des surfaces globales stagne (311 ha en 2013 pour 313 en 2012) mais avec des variations importantes selon les espèces. Alors que dactyle et fétuque élevée voient leurs hectares légèrement augmenter, le ray grass anglais a disparu et celui d'Italie chute de trois quarts. « Les établissements semenciers cherchent des producteurs mais ont du mal à en trouver », constate Gérard Donaty. La raison est avant tout économique, avancent franchement les producteurs présents à Colombe. « Les maisons traînent trop pour payer, relève Jean-Claude Plottier. Il faut souvent beaucoup de courriers pour se faire payer... » Un agriculteur présent dans la salle déplorait n'avoir même pas reçu d'accomptes et ce, malgré de nombreuses relances vis-à-vis de Plan Jardin. Une autre maison indiquait qu'elle « avait un mois de retard, mais que les choses revenaient à la normale. » La situation, de l'avis général, a été plutôt tendue en 2013 avec des surproductions et des difficultés d'écoulement. Le représentant de Barenbrug explique cela par « des raisons climatiques, mais également par des difficultés de trésorerie chez les éleveurs ». L'influence de la montée en puissance des robots de traite, « système dans lequel les pâtures sont moins utilisées », apporterait une autre explication. D'autant qu'en 2013, les volumes de foin ont été pléthoriques. « Nous vendon bien quand il fait froid ou sec...» Mais les prix octroyés par les établissements sont également à prendre en compte. Leur niveau est bas depuis plusieurs années au regard des contraintes techniques que leur production impose. Prenant les devants, la maison Loras devrait proposer une nouvelle grille tenant davantage compte de la productivité pour 2014.

 

* Groupement national interprofessionnel des semences et plants

** Association nationale des agriculteurs multiplicateurs des semences oléagineuses

Jean-Marc Emprin

Faisceau de moyens de lutte contre le campagnol

 
Le campagnol des champs va devoir raser les haies. Une lutte expérimentale grandeur nature à l'échelle d'une centaine d'hectares va être engagée dans les communes de Colombe et du Grand Lemps. Marie Racapé, chargée de mission à la LPO*, est venu présenter le projet qui va être mis en oeuvre prochainement. « En 2012, 400 hectares de cultures agricoles ont subi des dégâts dus à ce rongeur. Les prairies ne sont pas concernées. Cette pullulation avait provoqué une rencontre entre les représentants agricoles et les organisations environnementales pour en déceler les causes. La Franche-Comté est confrontée au même phénomène et a déjà expérimenté un certains nombre de pistes. »
L'expérimentation qui va démarrer en Bièvre va durer trois ans. A court terme une surveillance de l'évolution des populations, un piégeage d'individus, l'installation de perchoirs et de nichoirs vont être déclenchés. « L'autorégulation des populations, la prédation naturelle sont efficaces, mais pas suffisantes », concède la chargée de mission, le vécu franc-comtois le prouve. Le piégeage y aurait atteint jusqu'à 24 000 campagnol par hectare et par an, ce qui permet de réduire fortement le traitement à la bromadiolone, générant beaucoup moins de risques pour la faune sauvage locale. Des perchoirs fixes en bord de parcelles, mais également des perchoirs mobiles installés pendant la saison vont favoriser le rapprochement des prédateurs de leurs proies. Une plantation d'arbustes destinée à restructurer les haies existantes va également être réalisée le 31 mars prochain avec l'aide d'agriculteurs locaux. « C'est une action à plus long terme, complémentaire des premiers moyens de lutte », explique Marie Racapé.
 
*Ligue de protection des oiseaux
JME