Chute des cours mondiaux des produits laitiers

En octobre 2014, le prix du lait à la production baisse légèrement, en glissement annuel, après 18 mois consécutifs de hausse. La collecte laitière, en forte progression comme le prix du lait depuis près d'un an et demi, est elle aussi pratiquement redescendue au niveau d'octobre 2013. Ces inversions de tendance font suite au retournement des prix des produits industriels (poudres et beurre) sur les marchés internationaux qui, après avoir atteint des sommets fin 2013 se sont détendus au premier semestre 2014 avant de décrocher durant l'été 2014, face au ralentissement de la demande mondiale puis à la mise en place de l'embargo russe.
En relation avec l'évolution du prix du lait, la croissance de la collecte laitière française a nettement ralenti en octobre. Elle n'est plus que 2,5 % au-dessus de celle d'octobre 2013 alors qu'en avril 2014 elle avait progressé de 9 % par rapport à avril 2013, atteignant ainsi un niveau record.
La collecte laitière avait redémarré en juillet 2013, après 12 mois consécutifs de baisse, la conjonction de facteurs favorables ayant incité les producteurs à accroître leur production. Au redressement du prix du lait, étaient venues s'ajouter, en 2013, des conditions de production avantageuses, avec la réduction du prix des aliments pour vaches laitières et des facteurs climatiques propices à la pousse de l'herbe. Avec la perspective de sortie des quotas, le cheptel laitier s'est même accru (hausse confirmée des effectifs de vaches laitières en France en mai 2014). En 2014, ces conditions sont progressivement devenues moins favorables, avec notamment la détérioration du rapport du prix du lait sur celui de l'aliment. Ainsi, malgré un été pluvieux et un automne doux favorables à la production d'herbe, la hausse sur un an de la collecte a ralenti en octobre 2014.
Décrochage des prix industriels
Le prix à la production du lait standard répercute, avec plus ou moins de délai, la valorisation des produits industriels et des produits de consommation, dans le cadre de contrats prévoyant des indexations. Les entreprises françaises tiennent en général compte, dans les mécanismes de fixation des prix, du prix des produits laitiers français, mais aussi des cours de la concurrence mondiale.
En octobre 2014, les prix des produits industriels se sont stabilisés sur les marchés mondiaux et français, après avoir fortement chuté. Durant l'été 2014, les cours ont en effet décroché. En août 2014, le cours de la poudre de lait écrémé a fortement fléchi en France pour se retrouver à son plus bas niveau de 2012 (2 100 €/t en août 2014, soit un retrait de près de 30 % en deux mois). Le prix de la poudre de lait écrémé avait bondi en avril 2013, atteignant 3 200 €/t sur les marchés européens. En 2014, il a continué de croître jusqu'au début du printemps, tiré par l'envolée du prix des expéditions néo-zélandaises, en réponse aux achats chinois. Le cours de la poudre de lait écrémé a ensuite entamé son mouvement de retrait.
Le cours de la poudre grasse a suivi la même tendance que celui de la poudre de lait écrémé. En août 2014, il a diminué jusqu'à son plus bas niveau de 2012. Le prix du beurre a mieux résisté sur les marchés européens à la détérioration des cours mondiaux. Début novembre 2014, il a continué de se rétracter mais de manière moins prononcée qu'en été. En avril 2013, le prix du beurre en Europe s'était hissé jusqu'aux niveaux record de 2007 et 2011, soit 4 200 €/t. Ce bond du prix du beurre faisait suite au manque de disponibilité sur les marchés. A partir du milieu 2013, le prix du beurre s'était orienté à la baisse tout en restant bien supérieur au bas niveau de 2012.
Tension sur la collecte mondiale
La baisse des prix de produits industriels en 2014 s'inscrit dans un contexte de hausse de la collecte laitière au premier semestre, répondant à une importante demande internationale depuis 2013. Cette année-là, les conditions climatiques pluvieuses en Europe et en Argentine ainsi que la sécheresse en Océanie ont limité les capacités de collecte laitière mondiale. De plus, la Chine, moteur de la demande internationale, a réalisé d'importants achats à cette même période, en réponse à une demande interne très présente.
La baisse de la collecte laitière dans les principaux bassins producteurs (UE à 27, Etats-Unis, Nouvelle-Zélande, Australie et Argentine), conjuguée à une demande mondiale très dynamique, s'est traduite par un manque de disponibilité en lait. Cette disponibilité insuffisante a entraîné, à partir de mars 2013, une augmentation des cours mondiaux du beurre, de la poudre de lait et du fromage. La revalorisation des prix des produits industriels s'est ensuite répercutée plus ou moins vite selon les pays sur le prix du lait à la production. L'envolée des prix des produits industriels a ainsi débuté en mars 2013 sur les marchés océaniens et de façon moins vive et plus tardive, en avril 2013, sur les marchés européens.
Depuis le début de l'année 2014, les fabrications des produits laitiers profitent d'une forte disponibilité en lait et d'une demande ferme. Au premier semestre 2014, avec un commerce international très dynamique, les échanges mondiaux de poudre de lait écrémé et de beurre ont été très importants, portés par les exportations européennes.
Hausse de la collecte laitière
En effet, au cours de ce semestre, la Chine a continué d'accroître ses importations de poudre de lait (grasse et écrémé), accroissement amorcé en 2013. Au second semestre 2014, elle a réduit ses importations de beurre et de poudre grasse, mais a maintenu celles de poudre de lait écrémé. Les exportations françaises de poudre de lait écrémé ont ainsi progressé de 65 % et celles de beurre de 37 %, entre septembre 2013 et 2014. Cette demande internationale a stimulé les fabrications de poudre de lait en Europe comme dans les autres grands bassins de pro- duction. Au second semestre 2014, les fabrications en hausse des produits industriels dans les principaux bassins exportateurs ont été supérieures à la demande mondiale. Les stocks euro- péens de poudre dépassaient les 160 000 tonnes, en juillet 2014, selon l'institut de l'élevage. En France, le surcroît de collecte a permis l'augmentation de la production de beurre et de poudre de lait écrémé (destinée à la consommation humaine). En cumul sur les neuf premiers mois de l'année 2014, les fabrications de beurre et de poudre de lait écrémé ont progressé (respectivement + 8 % et + 35 %) par rapport à la même période en 2013.
Source : Agreste conjoncture
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