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CAPRINS

Clément Morel, récit d’une installation réussie

Clément Morel s’est installé en élevage caprin en 2020 dans la Loire. Une installation réussie que l’Anicap1 a souhaité mettre en lumière. Rencontre.  

Clément Morel, récit d’une installation réussie
Clément Morel s'est installé en production caprine en 2020 à Épercieux-Saint-Paul (Loire).

Revenir à la terre. En 2020, c’est cet objectif qui a poussé Clément Morel à chausser les bottes et à reprendre l’exploitation de Jean-Pierre et Annie Forissier à Épercieux-Saint-Paul (Loire), après plusieurs années passées à œuvrer comme technicien-commercial. Si ses prédécesseurs élevaient des vaches allaitantes, Clément décide de s’orienter vers une tout autre spécialité et opte pour l’élevage caprin. Une aventure qu’il a imaginée avant tout comme un projet global où sa famille à une place de choix. « La semaine prochaine ma fille a une sortie scolaire, je m’organise pour être libre l’après-midi et l’accompagner. J’ai réfléchi les choses pour que l’exploitation soit fonctionnelle et que je puisse facilement être remplacé », sourit le jeune papa de deux enfants. Il transforme les anciens bâtiments, grâce notamment à des dispositifs d’aides à l’adaptation des bâtiments agricoles (PCAE, Feader…). Il investit dans la génétique en sélectionnant avec soin ses animaux et opte pour du matériel d’occasion qu’il fait le choix de rénover. « Le troupeau est pour moi le nerf de la guerre. Au départ, j’ai misé sur le facteur production. Il faut se fixer des priorités, même si ce n’est pas toujours facile de le faire », assure le jeune éleveur. Dans ses priorités, l’assurance se positionne aussi en place de choix. « Nous sommes tributaires de la grêle, de la sécheresse, des inondations… Il faut que mon exploitation soit résiliente. Pour moi, l’assurance n’est pas obligatoire, mais indispensable. »

Autonomie fourragère

Aujourd’hui, il élève 300 chèvres alpines, qui sont en partie conduites en lactation longue, sur 53 hectares (14 ha de céréales, 19 de prairies permanentes, 15 de prairies temporaires et le reste en luzerne). La production fourragère permet au trentenaire d’atteindre près de 75 % d’autonomie alimentaire sur son élevage. « Sur l’exploitation, j’autoconsomme la majorité des céréales produites, le surplus ou ce qui ne peut pas être consommé par les chèvres est vendu. Pour compléter la ration, j’achète du tourteau, un peu de maïs et de la pulpe de betterave. Mes chèvres ne pâturent pas, car nous faisons face à de réelles impasses techniques concernant le parasitisme. Sur mes terrains, il n’y a pas de possibilité de faire buissonner mes animaux. J’ensile et enrubanne donc ma récolte d’herbe. La ration que je distribue aux chèvres me coûte 75 centimes par jour et par chèvre », explique Clément Morel. Il produit 270 000 litres de lait totalement livrés à la coopérative Agrial. Pour les travaux, Clément Morel fait appel à un entrepreneur du territoire (EDT). Cinq ans après son installation, l’exploitation affiche un chiffre d’affaires de 270 000 € et un revenu disponible de 26 000 €.

Des accompagnements

L’éleveur a également touché la dotation jeunes agriculteurs (DJA) et s’appuie sur l’expertise des conseillers de la chambre d’agriculture. « Il existe de nombreuses organisations professionnelles agricoles qui sont là pour nous accompagner. Il ne faut pas hésiter à solliciter leur aide. Dans le cadre de mon parcours à l’installation, j’ai notamment pu suivre le stage Agir action, proposé par Jeunes agriculteurs, qui permet de rencontrer les organismes qui nous entourent », souligne Clément Morel. Seul regret pour ce dernier, ne pas avoir connu certains dispositifs qui accompagnent les nouveaux installés comme la charte à l’installation de la filière caprin lait. Élaborée à l’initiative de Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes et du Criel renommé Anicap Aura-Paca, la charte regroupe une vingtaine de partenaires de l’interprofession. Elle permet notamment d’accompagner les éleveurs en amont de leur installation via des conseils techniques ou sanitaires sur les troupeaux, aider au remplacement des chefs d’exploitation ou encore leur donner des clés concernant les ressources humaines. Les coopératives laitières aussi sont aux côtés des nouveaux éleveurs. « Au sein d’Agrial, à travers notre plan caprin, nous aidons notamment les nouveaux installés pour l’investissement dans le troupeau et nous garantissons un prix du lait minimum pendant cinq ans », explique Alix Thizy, présidente du bassin lait de chèvre chez Agrial. Défi relevé donc pour le jeune éleveur qui n’hésite pas à partager son expérience avec le plus grand nombre. Il reçoit régulièrement des stagiaires âgés de 14 ans à une vingtaine d’années ou encore des classes pour faire découvrir sa ferme. L’occasion de faire découvrir l’envers du décor. Un des meilleurs moyens selon lui de donner l’envie d’embrasser la profession.

Marie-Cécile Seigle-Buyat

1 L’Anicap est l’association nationale interprofessionnelle caprine et son relai régional Anicap Aura-Paca.