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Aménagement

Coup de colère départemental

Conseil général et chambre d'agriculture dénoncent ensemble la nouvelle méthodologie purement administrative et éloignée des réalités du terrain, posée par la Région dans l'attribution des financements des projets agricoles.
Coup de colère départemental

Que les budgets transitent par d'autres canaux, pourquoi pas, mais ce qui les irrite, c'est la perte de la proximité remplacée par une gestion purement administrative des dossiers. Le conseil général et la chambre d'agriculture ne digèrent pas les nouvelles procédures de gestion des budgets agricoles. « Que le conseil régional soit le chef de file en matière d'économie, personne ne le conteste, s'exclame avec véhémence Christian Nucci, lors d'une conférence de presse commune avec la chambre d'agriculture, vendredi 9 janvier. Mais on ne peut demander à nos deux organismes de conduire une politique contractuelle relative aux espaces naturels et agricoles, si nous ne sommes pas autour de la table. »

« Les fonds européens du deuxième pilier transitent désormais par la Région, explique Jean-Claude Darlet, président de la chambre d'agriculture. Cette dernière et la direction régionale de l'agriculture et de la forêt, ont la possibilité de mettre en place des critères d'éligibilité par rapport à la politique à conduire. Ils définissent une grille d'analyse [qui échappe aux organes départementaux, ndlr]. L'octroi des financements à un dossier ne se fait plus qu'après cochage dans la grille des conditions satisfaites, sans qu'il n'y ait un quelconque échange avec le co-financeur, le Département, ou avec les représentants professionnels. La forme du dossier, sa présentation, vont avoir une plus grande importance que son contenu ». Et Pascal Denolly, vice-président de la chambre d'agriculture de l'Isère, de donner un exemple. « Dans le cadre d'une politique de protection des ressources en eau dans le secteur de Bièvre-Valloire, nous avions proposé deux types de solution : une, collective, qui permettait d'impliquer tous les exploitants du secteur concerné, l'autre davantage ciblé, moins chère, qui agit sur les périmètres proches des points de captage. C'est cette dernière qui a été retenue, parce que la grille administrative l'a mise en avant. Mais ce n'est pas la plus vertueuse ». Le traitement sur dossier a empêché un quelconque échange. Le système sera expressément identique y compris dans des dossiers individuels en matière de modernisation des exploitations, de l'accompagnement des installations ou de développement rural. « Le rôle des conseillers de la chambre d'agriculture va être prépondérant pour accompagner le montage des dossiers », constate Bernard Cottaz, conseiller général en charge du dossier agricole. Et celui de constater l'absence totale de dialogue avec la Région, pourtant proche politiquement. « L'ensemble des vice-présidents chargés de l'agriculture des différents conseils généraux de Rhône-Alpes, voulaient une rencontre avec la Région, démarche restée lettre morte jusque-là ». Une situation que B. Cottaz dénonce car même s'il n'a plus son mot à dire, le Département restera co-financeur.

Jean-Marc Emprin