Coup de gueule contre le futur Plan loup

Le calme avant la tempête. Jérémy Jallat est descendu du Vercors pour aller clamer sa colère à Lyon, ce lundi 9 octobre. « Mon voisin s'est fait attaquer il y a trois semaines à Lans-en-Vercors, raconte le jeune éleveur, membre des JA 38. Il a eu trois génisses tuées. Ça aurait pu tomber sur moi. Nous sommes deux éleveurs dans la commune et nous sommes solidaires. Mon grand-père et mon père faisaient de la génétique, moi je continue dans leur sillage, mais ce n'est pas pour voir mes bêtes croquées et mourir dans d'atroces souffrances. »
Pression sur les ministères
Ce qui met en rage Jérémy Jallat et le millier d'éleveurs venus défiler à Lyon hors d'eux, avec près de 1 200 brebis, c'est le prochain Plan loup dévoilé le 12 septembre dernier. Selon eux, le futur dispositif ne prend aucunement en compte les propositions présentées par les professionnels (FNSEA, FNO, JA, APCA). S'ils sont là, défilant dans le calme et faisant tinter leur sonnailles au bord du Rhône, c'est dans le but de « faire pression sur les deux ministères pour réécrire le Plan loup à la lumière de [leurs] demandes ». Si une majorité d'éleveurs refuse désormais de se mobiliser, argant que « ça ne sert plus à rien », d'autres ont encore un peu d'espoir. « On sent que ça commence à bouger... un peu, déclare Laurent Plançon, éleveur dans le Trièves et membre de la FDSEA de l'Isère. En 92, quand j'ai eu mes premières attaques, ça faisait rire tout le monde. Aujourdh'ui, il y a de plus en plus d'élus qui nous suivent. Mais là, avec Nicolas Hulot au gouvernement, je n'y crois pas trop... »
Adoption
En milieu d'après-midi, une délégation d'élus et de représentants syndicaux est reçue en Préfecture. Baptiste Blanc, éleveur dans le Vercors en charge du dossier loup pour les JA 38, en fait partie. Ce qu'il veut plaider, ce n'est pas la rédaction d'un nouveau Plan loup, mais le droit des agriculteurs à se défendre en cas d'attaque. A la sortie de la réunion, le jeune délégué se dit mitigé : « Le préfet nous a entendus et nous avons au moins réussi à stopper les propositions avancées le 12 septembre. Nous avons bien insisté sur le fait que nous ne voulions pas un nouveau Plan loup, mais un plan de sauvegarde des agriculteurs face au loup. Mais de là à dire que nous avons beaucoup avancé... » Les éleveurs ont néanmoins réussi à faire remplir au préfet le bulletin d'adoption d'un agneau orphelin et adressé aux ministres Travers et Hulot une invitation à venir passer une nuit en alpage d'ici la fin octobre. En attendant des résultats plus concrets.
MB