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Agronomie

Couverts végétaux : les plateformes transforment l'essai

Outre l'obligation réglementaire, les couverts végétaux présentent de nombreux atouts agronomiques et environnementaux. Reste à semer les bons couverts sur les bons sols.
Couverts végétaux : les plateformes transforment l'essai

En ce jeudi de novembre glacial, la chambre d'agriculture de l'Isère a organisé la visite de trois plateformes d'essais de couverts végétaux en interculture. Programmée en parallèle à Biol, Faramans et Agnin, cette journée s'inscrit dans le cadre d'Innov'Action, un programme qui cherche à valoriser les pratiques innovantes des agriculteurs. Certes, les couverts végétaux ne sont pas « nouveaux » en tant que tels : la chambre d'agriculture travaille sur cette thématique depuis 1992, mais elle s'est récemment lancée dans une nouvelle démarche qui consiste à observer le comportement des différentes espèces et des mélanges de couverts, de façon à « définir les mélanges les mieux adaptés au contexte pédo-climatiques local ».

La démarche consiste à observer le comportement des différentes espèces et des mélanges de couverts, de façon à « définir les mélanges les mieux adaptés au contexte pédo-climatiques local ».

Les essais conduits par les conseillers agronomiques de la chambre concerne trois sites installés en zone de captage. L'occasion de rappeler « l'intérêt d'implanter des couverts, notamment durant l'automne et l'hiver, périodes propices au lessivage d'éléments, dont les nitrates », et de faire un focus sur les Cipan (cultures intermédiaires pièges à nitrates). « Ils limitent le lessivage, mais participent aussi à la bonne structure du sol, freinent le développement des adventices, favorisent la biodiversité et restituent de l'azote à la culture suivante , a souligné Amandine Roux, conseillère agro-environnement à la chambre.

A Agnin, Hervé Marion s'est plu à expérimenter différents couverts, et notamment les semis de radis chinois.  

Hervé Marion en a fait l'expérience à Faramans, sur sols limoneux. « Moi, mon but, c'est d'apporter de l'azote et de structurer le sol, explique l'exploitant spécialisé en grandes cultures. Les couverts, ça permet de faire des économies d'engrais. Pour la structure du sol, c'est le jour et la nuit : la terre est beaucoup plus légère. » Depuis plusieurs années, l'agriculteur sème des couverts début août, après un passage de disque fin juillet. Cette année, il a testé sept mélanges différents (1). Les semis ont été réalisés le 1er août, après une récolte de blé, à l'aide d'un semoir à céréales avec combiné (cultivateur à l'avant, herse rotative et rouleau à l'arrière). Une mesure du reliquat azoté dans le sol a été prise avant les semis. Une autre interviendra juste avant la destruction des couverts, en février, de façon à mesurer l'azote piégé par les couverts. Dans l'ensemble, Aymeric Solerti, conseil agronomique à la chambre d'agriculture, a constaté « une bonne levée de toutes les espèces dans tous les couverts dès la fin août malgré un semis dans le sec ». Les repousses de blé et de colza sont également « très présentes », de même que le ray-grass. Le technicien a relevé la présence importante de ravenelles sur certaines bandes, ainsi que « la présence sporadique de quelques autres adventices (ambroisie, renouées etc.) ».

Qualité de semis

A Biol, Steven Clavel a pour sa part semé sept mélanges (les mêmes que ceux de la plateforme de Faramans) lors d'un déchaumage, début août. Les crucifères (à éviter dans les rotations avec colza) ont présenté « un développement très rapide, concurrençant parfois les autres espèces ». Quant au trèfle, à Biol comme sur la plateforme d'Agnin, il n'a quasiment pas levé. Explication : « Cette espèce requiert une bonne qualité de semis avec une profondeur maximale de 1,5 cm. »

Semer le plus tôt possible

Après visite des trois plateformes, on retiendra qu'il faut semer le plus tôt possible, notamment les mélanges avec légumineuses, et que, pour obtenir de bons résultats, il convient de soigner le semis. Il semble que le semis avec semoir à céréales donne un meilleur développement et de meilleurs résultats que le semis avec semoir sur déchaumeur pour la plupart des mélanges (de 0,5 à 0,8 TMS/ha et de 4 à 23 uN/ha en plus en 2016). A noter : les mélanges qui contiennent de l'avoine rude et de la vesce commune (Chloro 25 et Chloro 31) sont utilisables en fourrage. Mais, attention : la limace, elle aussi, raffole de l'avoine...

Compte rendu réalisé avec l'aide des conseillers techniques de la chambre d'agriculture de l'Isère

 

 

(1) Cinq mélanges commerciaux entre 40 et 60 euros à l'hectare (voir tableau), un mélange « maison » à base de sarrazin (47%), vesce commune (41%), moutarde blanche AN (6%) et Carinazote (6%), et un mélange fourni par la Fédération de chasse (avoine de printemps, vesce commune, trèfle d'Alexandrie, sarrazin et phacélie).

 

 

 

 

Les mélanges testés sur les plateformes d'essais

       
 
Nom commercial
Semencier
Composition
 
Ecofix VRM
Semences de Provence
Moutarde blanche Candella, radis chinois, vesce commune de printemps
 
Chloro élite
Jouffray Drillaud
Trèfle d'Alexandrie, vesce commune, moutarde d'Abyssinie
 
Chloro 25
Jouffray Drillaud
Avoine rude, vesce commune de printemps ultra-précoce
 
Chloro 31
Jouffray Drillaud
Avoine rude, vesce commune, trèfle d'Alexandrie
 
Chloro été
Jouffray Drillaud
Vesce pourpre, vesce velue, trèfle d'Alexandrie, sorgho fourrager, moha tardif
 
Sud Perfo
Semences de Provence
Pois fourrager, radis chinois, gesse du Canada, vesce commune, alpiste des Canaries
 
Mélange de chasse
Fédération départementale des chasseurs
Avoine de printemps, vesce commune, sarrasin, phacélie