Cuisinez local... jusqu'au 15 septembre!

Le concours de cuisine, c'est très tendance. Télés, journaux, organisations professionnelles, associations étudiantes, confréries, chacun y va de sa compétition culinaire pour gastronomes amateurs. C'est ce qui a conduit six territoires du sud de l'Isère à lancer Cuisinez local !, un concours organisé dans le cadre de l'Isère Food festival, qui se déroulera le 25 septembre prochain au Marché d'intérêt national (Min) de Grenoble.
D'ordinaire, ce genre de compétition a pour vocation de récompenser de jeunes talents, de faire la promotion d'une institution ou de valoriser une marque. Avec Cuisinez local !, rien de tout cela. La star, c'est le produit local. Ou plus exactement les produits issus des terroirs isérois. A savoir le bleu du Vercors-Sassenage, le saint-marcellin, le poulet, l'agneau, la noix de Grenoble, la courge, la salade et le miel. Huit produits isérois, animaux ou végétaux, avec ou sans signe officiel de qualité, produits en montagne ou montagne, mis en valeur sur la page Facebook du concours. Pour ceux qui pourraient s'étonner de voir figurer un légume aussi banal que la salade, l'équipe organisatrice du concours rétorque que « la salade est un légume local que l’on peut manger tout au long de l’année et qui a sa réputation avec la batavia grenobloise ».
Bon pour l’économie locale
L'initiative s'intègre dans la « stratégie agricole et alimentaire », un programme d'actions commun porté par Grenoble-Alpes-Métropole, le Pays voironnais, le Pays du Grésivaudan, les parcs naturels régionaux de Chartreuse et Vercors, ainsi que par le CDDRA Alpes Sud-Isère. « Le concours est un peu un prétexte pour sensibiliser habitants et touristes à l’utilisation des produits locaux dans leur alimentation quotidienne, parce que c’est bon pour l'économie locale - et pour les producteurs - et bon pour les consommateurs qui connaissent l’origine de leurs produits et peuvent s’intéresser à leur mode de production, et donc à leur qualité », précise Arnaud Finet, chargé de mission au CDDRA Alpes Sud Isère.
S'il n'est qu'un maillon dans une stratégie plus globale, le concours n'en est pas moins pris très au sérieux par ceux qui y participent, de quelque côté des fourneaux qu'ils se trouvent. A commencer par le jury, composé de chefs (cuisiniers ou rédacteurs), de professionnels de l'univers culinaire et de producteurs isérois. Bien que très prise par son métier et ses responsabilités professionnelles, Emilie Salvi, éleveuse de brebis à Ornon, en Oisans, et présidente de l'Apao, a « accepté avec plaisir de faire partie du jury, car c'est une belle occasion de mettre les produits locaux en valeur de manière ludique et festive ». Sur son territoire, les éleveurs sont souvent sollicités par les restaurateurs pour proposer des recettes qui intègrent leurs produits. Il existe donc déjà une belle complicité entre gastronomie et production locale. Mais la démarche ne cible monsieur et madame Toutlemonde qu'en tant que consommateurs de plats déjà élaborés. D'où l'intérêt de faire appel à la créativité du grand public via un concours ouvert aux amateurs : « J'espère que beaucoup de cuisiniers en herbe participeront à l'événement et j'ai hâte de goûter les réalisations », s'enthousiasme l'apprentie jurée qui jugera les recettes sur leur aspect visuel et leur goût bien sûr, mais aussi sur le « côté reproductible » : « Si c'est trop sophistiqué, ce sera difficile à diffuser auprès de nos clients », estime-t-elle avec pragmatisme. Les internautes sont d'ailleurs invités à votre pour leur recette préférée sur la page Facebook du concours.
Du côté des participants, l'engouement n'est pas moindre. « Je ne fais pas ça pour la récompense ou le prestige, mais parce que j'aime relever les défis culinaires, confie Jackie Thouny, une habitante de Voiron qui tient un blog culinaire (jackiecuisine.com). Ça fait travailler les méninges. Il faut trouver une manière de sublimer des produits très simples. » Publiée sur la page Facebook de Cuisinez local !, sa recette consiste en un dos de cabillaud en crumble de noix, fondue de poireaux au bleu du Vercors-Sassenage et polenta crémeuse. « Ce qu'il y a de bien, avec ce concours et la page Facebook qui l'accompagne, c'est que l'on découvre plein de produits et de producteurs du Dauphiné. C'est une région très riche. » Et quand on lui demande pourquoi elle n'a pas, dans ce cas, choisi une truite du Vercors en lieu et place du cabillaud, elle répond : « Parce que j'avais déjà créé une recette avec la truite pour le Food Camp de Grenoble en 2013 ! »
Sans doute un peu moins « pro », Maria Voccia, de Saint-Ismier, avoue que c'est son fils qui l'a poussée à participer. « Il a entendu parler du concours sur le marché de Meylan. Comme il aime ma cuisine et que je travaille les produits locaux, il n'a pas eu beaucoup de mal à me convaincre. » C'est ainsi que Maria, napolitaine de naissance, a eu l'idée de transformer une recette de chez elle, en remplaçant la mozarella de bufflonne par du saint-marcellin et la viande de bœuf par de l'agneau. « J’aime bien préparer les lasagnes italiennes classiques avec du saint-marcellin, car c’est un produit local très bon que j'achète habituellement dans un magasin de produits locaux à Biviers, explique-t-elle. J'espère que le jury aimera la transformation...» Verdict le 25 septembre.
Marianne Boilève
« Allez à l'essentiel ! »
