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Innovation

Cuma : passage de relais en douceur dans la plaine de Faverges

La Cuma de la plaine de Faverges prépare le départ de son président fondateur depuis deux ans. L'opération combine formation et tuilage.
Cuma : passage de relais en douceur dans la plaine de Faverges

Un départ, ça s'anticipe. C'est ce qu'a bien compris Yves François, le président de la Cuma de la plaine de Faverges, qui prévoit de faire valoir ses droits à la retraite dans deux ans. Pour préparer sa succession, le co-fondateur de la Cuma a proposé aux adhérents et aux salariés de prendre le temps de s'organiser... et de se former pour passer le cap en douceur. « Yves François a beaucoup insisté pour instaurer ça : le tuilage lui tenait à cœur », explique Emmanuel Drevet, 36 ans. Installé à Montalieu, le jeune éleveur de charolais a accepté de prendre la succession du pionnier fondateur à la suite d'une première formation collective consacrée à la transmission. « On ne peut pas vivre que sur ses acquis, parfois il faut choisir d'y aller, explique le futur président. Je n'ai pas plus le temps que les autres d'assurer ce rôle, mais j'estime que nous avons hérité d'un outil efficace, performant, et je m'en sens redevable. C'est ce qui m'a incité à prendre plus de responsabilités. »

Souder le groupe

Deux séquences de formation plus tard, Emmanuel Drevet est plus que jamais convaincu de la démarche. « Au départ, on a tous eu le sentiment qu'on allait perdre notre temps, confie-t-il. En fait pas du tout. La formation nous a appris à nous connaître, à nous parler, à comprendre le fonctionnement de chacun. Au final, ça a soudé le groupe. On va essayer d'entretenir ça et de s'en servir pour aborder les difficultés à venir... » Le formateur, Daniel Poly, a beaucoup insisté sur la nécessité de s'appuyer sur le groupe comme un support d'écoute et de soutien. « Il ne s'agit pas de "prendre la place de", mais que chacun prenne sa place », a-t-il rappelé. Le message est très bien passé. Il a d'ailleurs encouragé Emmanuel Drevet à se lancer et facilité l'installation d'un jeune salarié.

Ce qui compte, c'est l'humain

Financé grâce au dispositif DiNA Cuma, le processus s'est déroulé sur deux saisons. Durant l'hiver 2015-2016, les adhérents ont travaillé sur les enjeux stratégiques liés à la transmission (plusieurs membres fondateurs arrivent à l'âge de la retraite), les attentes des uns et des autres et, plus globalement, l'avenir de la Cuma. L'hiver suivant, ils ont abordé la communication en tant que « clé de la cohésion ». « Pour le matériel, on aura toujours des solutions techniques. Mais pour le fonctionnement de la Cuma, la base, c'est le relationnel, estime Emmanuel Drevet. Ce qui compte, c'est l'humain. Personnellement, j'ai retenu qu'il fallait être franc et dire la vérité : ça permet de gagner du temps... »

Tuilage

Prochaine étape : le passage de relais l'été prochain entre Yves François et son successeur. Pour une meilleure fluidité, le « tuilage » a été prévu sur deux ans. Il a commencé il y a quelques mois avec la constitution d'un binôme (les deux hommes se tiennent au courant mutuellement de tous les dossiers en cours ou à venir) et se poursuivra quand Emmanuel Drevet sera officiellement élu président. « Ce n'est pas six mois avant qu'on prépare un départ : c'est trois ou quatre ans avant, sourit-il. En agriculture, on ne maîtrise pas tout, mais ça, on peut le maîtriser. »
MB