De franquette à ferbel

Depuis 1995, la franquette, la maillette et la parisienne, les trois variétés de l'AOC noix de Grenoble, font l'objet d'essais réguliers à la station Senura. La fernor, arrivée en 1995, la chandler et la fergent font également partie du verger de la station, ces trois variétés se distinguant pour leur qualité et leur potentiel. Depuis 2008, la station teste aussi des variétés hybrides crées par l'Inra et mises à disposition sur le marché depuis 2010. Ferouette, feradam ou ferbel, leurs patronymes commencent par « Fer », car elles sont issues du domaine de la Grande Ferrade, le centre de recherche de l'Inra de Bordeaux-Aquitaine.
La Ferouette, issue du croisement de franquette et howard présente une phénologie plus précoce que franquette et lara, ce qui peut l'exposer au gel tardif. A Chatte, elle manifeste une vigueur inférieure à franquette, mais ses calibres sont intéressants (32% supérieurs à 36 mm). Sa sensibilité à la bactériose est jugée faible. Sa productivité est la plus faible de ces trois variétés. Feradam, issue du croisement entre adams 10 et chandler est aussi une variété plus précoce avec les mêmes risques d'exposition au gel que ferouette. Ses calibres sont excellents (65% supérieurs à 36 mm) et adaptés au marché de la noix en coque. Mais la qualité de ses cerneaux est moyenne, elle est la plus sensible à l'anthracnose et présente une faible vigueur. Feradam et ferouette ont la même productivité que franquette. Enfin, ferbel a été créée à l'Inra de Toulenne. Elle est issue d'un croisement entre chandler et lara. C'est elle aussi une espèce précoce. Ses calibres sont intéressants (40% sont supérieurs à 36mm) et surtout, son rendement au cassage est bien supérieur à franquette (46%). C'est à ce jour le meilleur compromis en termes de productivité, de calibres et de qualité des cerneaux.
Pour Fabrice Lheureux, du Ctifl, « le renouvellement des variétés est faible en France. Sur les 2 000 hybrides étudiés, seulement sept variétés sont sorties en 20 ans. Le programme sur les hybrides n'est pas prioritaire ». Il compare les Etats-Unis et la Chine qui utilisent les biotech au service de la création variétale. « La plante idéale n'existe pas. Il faut tirer meilleur parti des ressources génétiques et des techniques culturales », affirme-t-il. Il estime que fernor fait partie des variétés prometteuses, mais réclame encore des essais complémentaires sur les porte-greffe.
Isabelle Doucet
Le point surLa mouche du brou
Reconnue sur le territoire drômois en 2007, elle est classée organisme de quarantaine. Son statut a évolué en 2013 et elle n'est plus soumise à une lutte obligatoire en tout temps et en tout lieu. Cependant l'absence de moyen de lutte bio homologué, en dehors de l'argile demeure, un problème. Et la firme détentrice des substances actives à base de spinosad n'est pas encline au soutien d'une homologation sur noyer. Néanmoins, des travaux se poursuivent à l'université de Berkeley en Californie, qui donnent des résultats encourageants, lesquels pourraient être validés en 2014 et donner matière à publication.
Yves Borel réélu président des noix de Grenoble
Le Comité interprofessionnel de la noix de Grenoble a réélu à sa tête et pour trois ans le nuciculteur de Vinay, Yves Borel. Il souhaite poursuivre les missions de protection et de valorisation de l'appellation au travers de deux actions phares : la concrétisation du projet de balisage de la zone d'appellation et le lancement d'une campagne de valorisation de la noix en Italie. L'interprofession réunit près de 1 000 producteurs et 18 entreprises de commercialisation. La noix de Grenoble enregistre une demande supérieure à l'offre et une production de plus de 13 000 tonnes par an. Aujourd'hui, plus de 60% de la production de noix de Grenoble labellisée AOP est exportée à l'étranger et la demande n'a jamais été aussi forte.