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Vendanges 2025

De petits millésimes plein de promesses

Après une campagne viticole marquée par des grandes chaleurs et des pluies en septembre, les vignobles de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que le Jura et la Saône-et-Loire dressent un constat global en demi-teinte. Si les volumes s’annoncent globalement inférieurs aux attentes des vignerons, la qualité des jus récoltés fait naître de grands espoirs pour les vins à venir. 

De petits millésimes plein de promesses
Si les volumes s’annoncent globalement inférieurs aux attentes des vignerons, la qualité des jus récoltés fait naître de grands espoirs pour les vins à venir.

Vins de Savoie

Julien Barlet, représentant des vins de Savoie, décrit un millésime 2024 marqué par une grande précocité. Les vendanges ont débuté mi-août pour les cépages précoces, comme le chardonnay destiné aux crémants et se sont terminées autour du 20 septembre. Malgré une belle sortie de grappes, les rendements se révèlent décevants, avec peu de jus et une récolte d’environ 100 000 hectolitres, soit 15 à 20 % en dessous de la moyenne décennale. L’altesse, notamment, a souffert des épisodes de sécheresse de juillet et août. En revanche, la qualité est jugée excellente, avec des maturités abouties et des équilibres intéressants. La faiblesse des stocks, déjà tendus, empêchera toutefois de reconstituer des volumes de réserve.

Forez et Roannais

Dans le Forez et le Roannais, les avis se rejoignent : Stéphane Sérol, président des vignobles du Roannais, évoque une récolte en forte baisse sur les gamays (–20 à –30 %), mais correcte sur les sauvignons. La sécheresse et le coup de chaud d’août ont accentué des grappes déjà petites en raison d’une initiation florale insuffisante. Malgré des volumes modestes, la qualité s’annonce prometteuse. Loïc Chaize, également producteur et président de la cave coopérative des vignerons du Forez, confirme des vendanges sauvées par les pluies de fin août. Les maturités atteignent les équilibres recherchés (11,5 à 12,5°), avec des jus sains et des rendements proches de 2023. Globalement, les volumes sont moyens mais les vins devraient présenter une belle tenue.

Coteaux du lyonnais

Pour Yann Fangeat, représentant des coteaux du lyonnais, 2024 se caractérise par une vendange précoce et contrastée. Les blancs ont été ramassés dès le 20 août, suivis des rouges jusqu’au 10 septembre. La sécheresse a réduit les volumes de jus et accéléré la maturité, compensée en partie par les pluies de fin août. La campagne se résume par une qualité jugée excellente, avec des maturités phénoliques élevées et des vins plus tanniques que l’an passé. Néanmoins, les volumes ont été amputés d’environ 30 %. Les rendements sont donc moyens, mais le millésime devrait marquer par sa belle qualité gustative.

Jura

Gaël Delorme, conseiller à la chambre d’agriculture du Jura, souligne une saison très contrastée : après un printemps favorable, la sécheresse d’août a mis les vignes à rude épreuve. Les vendanges, étalées du 20 août au 20 septembre, ont été marquées par des pluies récurrentes alternées avec de la chaleur, compliquant les choix de dates de début. Les rendements s’annoncent moyens sur les rouges, un peu supérieurs pour les blancs, avec de fortes disparités selon les domaines. Malgré tout, l’équilibre sucre et acidité est jugé remarquable, promettant des vins qualitatifs, tant en crémant qu’en vins tranquilles.

Beaujolais et Mâconnais

Dans le Mâconnais, Benjamin Alban, conseiller viticole à la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, décrit une année éprouvante, avec des pertes liées au mildiou pouvant atteindre 50 %. Les canicules estivales ont provoqué des blocages de maturité, compliquant la planification des vendanges, qui se sont déroulées du 20 août au 20 septembre. Les volumes sont faibles, mais la qualité est au rendez-vous, avec des vins prometteurs, tendus et complexes. Dans le Beaujolais, Axel de Couët, conseiller à la chambre d’agriculture du Rhône, évoque un « excellent millésime », malgré une sortie de grappes moyenne et des pertes dues à la fleur perturbée et aux coups de chaud d’août. Les vendanges se sont étalées de mi-août pour les crémants, jusqu’à début septembre pour les rouges. Les volumes restent moyens, mais la qualité promet d’être saluée.

Drôme et Ardèche

Fabien Lombard, président de l'AOC clairette-de-die, note une récolte faible en clairette, mais d’une qualité exceptionnelle. Le muscat a souffert de l’échaudage du 15 août, entraînant des pertes, alors que la clairette, cépage plus tardif, a mieux résisté. Les équilibres sucre-acidité sont remarquables et promettent des effervescents de grande qualité. Dans le sud de la Drôme, Isabelle Méjean, conseillère à la chambre d’agriculture de la Drôme, constate une forte précocité et une hétérogénéité marquée, notamment sur les grenaches touchés par la pluie et le botrytis. Les blancs et rosés sont prometteurs, mais les rouges apparaissent plus incertains. En Ardèche, Cyril Jacquin, président de l’union des vignerons ardéchois, décrit une campagne débutée dès le 8 août et conclue fin septembre, avec des volumes en nette baisse, « probablement l’une des plus petites récoltes de l’histoire des Vignerons Ardéchois » (moins de 300 000 hl contre une moyenne de 330 000), décrit-il. La chaleur de juin a limité la croissance des baies, néanmoins, l’état sanitaire est lui aussi excellent, offrant des vins de belle qualité.

Côtes du Rhône

Le vignoble rhodanien illustre bien les contrastes de 2024. Dans le nord, Michaël Gerin, producteur et président de l’appellation côte-rôtie, annonce un millésime de garde exceptionnel, « digne des grands millésimes en 5 », avec des tanins fins et une intensité remarquable. Les volumes, en revanche, sont limités à cause d’une initiation florale non réussie en 2024, mais la qualité compensera selon lui ces pertes. Dans le sud, Carole Puech (InterRhône) décrit une récolte « à deux vitesses ». Après des degrés très élevés mi-août, orages et pluies ont bloqué les maturités, entraînant une baisse des degrés alcooliques. Malgré ces aléas, l’état sanitaire est resté bon et la qualité promet d’être au rendez-vous, même si les rendements restent moyens. Du côté des IGP collines rhodaniennes, Alexandre Defrance relate un rendement équivalent à 50 % sur l’ensemble des cépages, avec un déficit plus marqué sur les blancs et la syrah, mais une qualité réjouissante malgré tout. « Malgré un état sanitaire impeccable, la petite induction florale et les sécheresses d’août ont pesé », explique-t-il. Les rendements en crozes-hermitage n’y font pas exception : entre 50 et 60 % du potentiel a pu être vendangé, mais avec parfois des degrés élevés, mais une maturité phénolique incomplète.

Charlotte Bayon