Accès au contenu
Transactions

Des génisses vendues aux enchères

La première vente aux enchères de génisses organisée par le syndicat montbéliard de l'Isère le 15 avril s'est déroulée avec succès. 20 génisses sur les 24 en présentation ont trouvé un acquéreur.
Des génisses vendues aux enchères

« Une fois, deux fois, trois fois, bravo à l'acquéreur ». Au sein de la MFR de Mozas, les propos paraissent bien inhabituels, mais dans le contexte de vente aux enchères de génisses organisée par le syndicat montbéliard, avec l'appui logistique de l'établissement, ils prenaient tout leur sens. Ponctués par la sonnette d'une cloche de vache, ils confirmaient que la bête en présentation sur le ring venait de trouver un acquéreur. Irrémédiablement.

Des achats à faire

Certains voulaient acquérir des animaux de haute valeur génétique et faire du transfert embryonnaire. D'autres souhaitaient faire un échange et rentrer une nouvelle souche au sein de leur élevage. D'autres encore voulaient grossir leur troupeau avec des bêtes de qualité qui soient prêtes à faire du lait ou à vêler. Pour tous, la vente aux enchères représentait une belle opportunité. Avec une pointe de fierté, Stéphane Richard, le président du syndicat montbéliard, était enthousiaste : « les vaches présentées aujourd'hui sont les meilleures de chaque troupeau. Elles représentent le fleuron de l'élevage montbéliard du département ». Et d'espérer que, malgré la conjoncture, la vente se déroule au mieux. Car il en est convaincu, il y avait des achats à faire. « On peut avoir le sentiment que c'est cher d'acheter une génisse à 2 000 euros, mais lorsqu'on examine les bêtes présentes ici, qui sont dans le schéma de sélection, issues de lignées qui ont gagné des concours, quand on pense au temps qu'il faut pour les préparer, l'antériorité qu'elle ont..., le prix n'est pas si élevé et on a l'animal et ses fruits de suite dans son étable ». Et d'ajouter : « Certains disent que l'opération est un peu osée aujourd'hui. Le prix du lait actuel crée sans conteste une incertitude, mais quand nous avons lancé l'idée il y a six mois, les cours n'étaient pas ceux d'aujourd'hui », se défend le président.

24 génisses

Pourtant, dès la matinée, en connaisseurs, les éleveurs, venus de l'Isère, mais aussi de Haute-Savoie, des Vosges, du Jura et du Cantal, catalogue de présentation des bêtes en main, parcouraient les allées pour examiner les 24 génisses âgées de quatre à 30 mois et issues de 20 élevages isérois qui étaient mises en vente. Certains l'affirment sans détour. Ils sont venus pour acheter. Comme cet éleveur de Haute-Savoie : « J'ai déjà repéré deux ou trois animaux qui peuvent m'intéresser ». Un budget ? « Non, si la bête me plaît, je l'achète. Nous ne sommes pas à 200 euros près ». D'autres sont plus prudents, comme un jeune isérois pas encore installé, mais qui, selon les prix de vente, pourrait se lancer : « Faut voir les génisses, si elles sont plaisantes ou pas... Je regarde les index et la morphologie. Je recherche le meilleur compromis entre les deux ». Et puis ces vendeurs qui pourraient devenir le cas échéant des acheteurs et qu'on entendait avancer avec retenue : « J'attends de voir combien la mienne se vend... ». 

Un prix moyen de 1642 euros

Et la vente a commencé. Timidement pour certaines bêtes. Plus vivement pour d'autres. Et de 50 euros en 50 euros, les enchères ont monté. Avec les présentations des animaux, les commentaires mettant en avant leurs caractéristiques, les acheteurs qui levaient la main, les crieurs qui criaient, et l'encanteur de la vente qui faisait augmenter les prix et concluait : « Une fois, deux fois, trois fois, nous pouvons applaudir l'acquéreur », l'ambiance de la vente aux enchères étaient bien là. Et la vente a eu lieu. Sur les 24 bêtes proposées, 20 ont trouvé un acheteur, pour un prix moyen de 1 642 euros, et un top prix à 3 200  euros pour une génisse en provenance du Gaec de la Goula à Trept. Certains espéraient mieux vendre, d'autres ne s'attendaient pas à tant... Si cinq éleveurs isérois sont repartis avec une bête, la majorité des animaux présentée s'en est allée vers les terres du Jura, du Doubs et de la Haute-Savoie, des zones de fabrication de fromages d'appellation qui bénéficient d'une meilleure valorisation... permettant aux éleveurs d'être plus détachés de la conjoncture.

Isabelle Brenguier