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Formation

Des métiers plus spécialisés, mieux valorisés

Dans le cadre du salon de l'aménagement de la montagne, aussi appelé Mountain planet, qui s'est déroulé fin avril à Grenoble, des experts se sont penchés sur l'avenir des métiers de la montagne.
Des métiers plus spécialisés, mieux valorisés

La montagne et le tourisme, pour jouer de toute leur attractivité, ont besoin d'acteurs formés et imaginatifs. Car, comme le rappelle François Noguet, président de Pôle emploi, « il existe une concurrence entre les régions françaises et le secteur de la montagne est confronté à une innovation permanente. » Pour lui, la différence se joue dans la capacité des acteurs à être innovants en matière d'offre touristique. La filière touristique compte un million d'emplois directs et deux millions d'emplois indirects. Elle pèse 7 à 8% du PIB. Or, les métiers du tourisme souffrent de leur faible attractivité. De plus, ils sont souvent occupés par des jeunes peu qualifiés, ce qui crée un écart avec les besoins des entreprises au service de leur terroir.

Les enjeux portent donc sur l'adaptation des formations à la diversité des besoins, sur l'amélioration des conditions de travail, sur un rapprochement des conventions collectives, plus souples et plus facilitatrices pour les travailleurs saisonniers, avec notamment des clauses de reconduction automatique d'une saison à l'autre, la création des CDII*, ou l'allègement des contraintes qui pèsent sur les groupements d'employeurs. Le président de Pôle emploi insiste sur cette filière non délocalisable, qui crée des emplois même en période de crise et mérite toute l'attention des collectivités.

Travailler toute l'année

Chez les acteurs de la formation, les initiatives sont nombreuses pour mettre en adéquation les jeunes en formation initiale ou les moins jeunes en formation continue, et les activités touristiques de montagne. Ainsi, le lycée d'enseignement général et technologique agricole Edgar Faure, dans le Jura propose une formation qualifiante en deux ans et quatre diplômes. Elle se décompose en un BTS gestion et protection de la nature, un brevet d'Etat accompagnateur de montagne, un brevet national de pisteur secouriste et un brevet d'Etat de moniteur de ski de fond. Ce cursus de formation est proposé en collaboration avec le centre national de ski nordique. « Notre idée a été de former des gens capables de travailler toute l'année en montagne », insiste Anne Corriol, professeur coordinatrice de la formation au Legta.

Pierre Lestas, le président des Domaines skiables de France, explique que « c'est l'innovation de l'offre qui a conduit à l'évolution des métiers pour les collaborateurs permanents et saisonniers ». Ainsi, la neige de culture a permis de sécuriser une économie et de créer un millier d'emplois, tandis que les technologies mains-libres ont relevé le défi de l'e-commerce. Depuis 2008, DSF a donc créé un organisme de formation en direction de ses employés pour qu'ils se qualifient dans des domaines aussi variés que le façonnage de snowparks ou la technologie des remontées mécaniques. Mais le président de DSF veut avant out briser un préjugé : non les saisonniers ne sont pas des précaires. « Nous avons mené une enquête il y a trois ans où il apparaît que 75% d'entre eux sont propriétaires de leur bien, habitent et vivent en montagne, non loin de leur lieu d'emploi. Seulement 10% peinent à trouver un emploi l'été. »

Diversifier les activités

Claude Comet, conseillère régionale Rhône-Alpes déléguée au tourisme et à la montagne, a tenu à rappeler que tout n'était pas rose dans le domaine de l'emploi et du tourisme en montagne et que les 86 000 saisonniers de la région n'étaient pas logés à la même enseigne. Claude Comet, conseillère régionale Rhône-Alpes déléguée au tourisme et à la montagn.

« Il y a des emplois hautement qualifiés et des métiers de base où le taux de fidélisation est faible et c'est là où c'est compliqué ». Le rapport montagne 2040 du conseil régional indique que le tourisme de montagne est un sujet mouvant : les saisonnalités bougent et il y a encore des problèmes de logement. Elle prône le dialogue territorial pour une responsabilité partagée, l'allongement des saisons ou la diversification des activités et donne l'exemple de Valloire, dont la municipalité et l'office de tourisme ont créé une formation au métier d'ambianceur, assortie de vingt contrats de retour à l'emploi pour les jeunes. Enfin, le dispositif régional Euréka est un accompagnement pédagogique qui s'adresse spécifiquement au public de montagne

 

Terroirs/

Une formation au plus près des ruraux

Sébastien Favier, chargé de mission tourisme de l'Afrat à Autrans.
A Autrans, l'Association pour la formation des ruraux aux activités du tourisme (AFRAT), fondée en 1965 par les syndicats agricoles et les organismes consulaires pour lutter contre l'exode rural et accompagner le développement touristique, on fait du cousu main. Sébastien Favier, chargé de mission tourisme, présente une offre « au plus près des acteurs » de cette « petite économie touristique diffuse ». Il identifie trois profils montagnards, à commencer par les professionnels du tourisme (hébergeurs, encadrants sportifs, guides) qui, par manque de temps ou de moyens ont des difficultés à accéder à al formation. « Il nous faut aller au contact dans les territoires en mettant en place des formations pratiques et techniques (hygiène, technologies de l'information...) Cela permet aussi de réunir les individus sur un thème fédérateur », note le chargé de mission. Le deuxième profil, ce sont les personnes en recherche d'emploi ou précaires, jeunes ou saisonniers, montagnards ou en reconversion. « Leur problématique est la mobilité et la qualification », mentionne Sébastien Favier. Ce sont des jeunes qui peuvent par exemple suivre une formation de niveau IV de cuisinier du terroir ou accéder à une pluri qualification ou micro qualification, c'est-à-dire une formation de base accompagnée de petites compétences. Le dernier profil, celui des porteurs de projets, sont capables d'apporter une plus value au territoire. S'ils sont néo montagnards ou ex urbains, l'organisme de formation sera soucieux de les renforcer dans la connaissance de la culture montagnarde ou des réseaux des territoires ruraux. Pour être au plus juste dans son offre de formation, l'Afrat joue sur son ancrage territorial, sa culture montagnarde et sa capacité d'adaptation.