Des métiers plus spécialisés, mieux valorisés

La montagne et le tourisme, pour jouer de toute leur attractivité, ont besoin d'acteurs formés et imaginatifs. Car, comme le rappelle François Noguet, président de Pôle emploi, « il existe une concurrence entre les régions françaises et le secteur de la montagne est confronté à une innovation permanente. » Pour lui, la différence se joue dans la capacité des acteurs à être innovants en matière d'offre touristique. La filière touristique compte un million d'emplois directs et deux millions d'emplois indirects. Elle pèse 7 à 8% du PIB. Or, les métiers du tourisme souffrent de leur faible attractivité. De plus, ils sont souvent occupés par des jeunes peu qualifiés, ce qui crée un écart avec les besoins des entreprises au service de leur terroir.
Les enjeux portent donc sur l'adaptation des formations à la diversité des besoins, sur l'amélioration des conditions de travail, sur un rapprochement des conventions collectives, plus souples et plus facilitatrices pour les travailleurs saisonniers, avec notamment des clauses de reconduction automatique d'une saison à l'autre, la création des CDII*, ou l'allègement des contraintes qui pèsent sur les groupements d'employeurs. Le président de Pôle emploi insiste sur cette filière non délocalisable, qui crée des emplois même en période de crise et mérite toute l'attention des collectivités.
Travailler toute l'année
Chez les acteurs de la formation, les initiatives sont nombreuses pour mettre en adéquation les jeunes en formation initiale ou les moins jeunes en formation continue, et les activités touristiques de montagne. Ainsi, le lycée d'enseignement général et technologique agricole Edgar Faure, dans le Jura propose une formation qualifiante en deux ans et quatre diplômes. Elle se décompose en un BTS gestion et protection de la nature, un brevet d'Etat accompagnateur de montagne, un brevet national de pisteur secouriste et un brevet d'Etat de moniteur de ski de fond. Ce cursus de formation est proposé en collaboration avec le centre national de ski nordique. « Notre idée a été de former des gens capables de travailler toute l'année en montagne », insiste Anne Corriol, professeur coordinatrice de la formation au Legta.
Pierre Lestas, le président des Domaines skiables de France, explique que « c'est l'innovation de l'offre qui a conduit à l'évolution des métiers pour les collaborateurs permanents et saisonniers ». Ainsi, la neige de culture a permis de sécuriser une économie et de créer un millier d'emplois, tandis que les technologies mains-libres ont relevé le défi de l'e-commerce. Depuis 2008, DSF a donc créé un organisme de formation en direction de ses employés pour qu'ils se qualifient dans des domaines aussi variés que le façonnage de snowparks ou la technologie des remontées mécaniques. Mais le président de DSF veut avant out briser un préjugé : non les saisonniers ne sont pas des précaires. « Nous avons mené une enquête il y a trois ans où il apparaît que 75% d'entre eux sont propriétaires de leur bien, habitent et vivent en montagne, non loin de leur lieu d'emploi. Seulement 10% peinent à trouver un emploi l'été. »
Diversifier les activités
Claude Comet, conseillère régionale Rhône-Alpes déléguée au tourisme et à la montagne, a tenu à rappeler que tout n'était pas rose dans le domaine de l'emploi et du tourisme en montagne et que les 86 000 saisonniers de la région n'étaient pas logés à la même enseigne.
« Il y a des emplois hautement qualifiés et des métiers de base où le taux de fidélisation est faible et c'est là où c'est compliqué ». Le rapport montagne 2040 du conseil régional indique que le tourisme de montagne est un sujet mouvant : les saisonnalités bougent et il y a encore des problèmes de logement. Elle prône le dialogue territorial pour une responsabilité partagée, l'allongement des saisons ou la diversification des activités et donne l'exemple de Valloire, dont la municipalité et l'office de tourisme ont créé une formation au métier d'ambianceur, assortie de vingt contrats de retour à l'emploi pour les jeunes. Enfin, le dispositif régional Euréka est un accompagnement pédagogique qui s'adresse spécifiquement au public de montagne
Terroirs/
Une formation au plus près des ruraux
