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Montbéliardes

Des vaches à l'AG

Fin janvier, le syndicat des éleveurs montbéliards a démarré son assemblée générale par une visite du Gaec de la combe Rasat, à Saint-Jean-de-Bournay. L'occasion, pour les professionnels, de parler métier en toute convivialité.
Des vaches à l'AG

« Pour attirer du monde, rien de tel qu'une visite d'exploitation ! » Stéphane Richard, président du syndicat des éleveurs montbéliards de l'Isère, sait que pour faire venir les adhérents à une assemblée générale, il faut commencer la réunion... par une visite sur le terrain. Cette année, l'AG démarre au Gaec de la combe Rasat, à Saint-Jean-de-Bournay. Ils sont une trentaine d'éleveurs et de techniciens, venus de tout le département, qui discutent métier autour d'une tasse de café. On s'échange des nouvelles, on se refile des astuces et des tuyaux, tant sur la traite que le sevrage des veaux. Ambiance chaleureuse... en dépit du froid de canard.

Une trentaine d'éleveurs montbéliards venus de tout le département profitent de la visite du Gaec de la Combe Rasat pour s'échanger des nouvelles et des astuces sur la pratique du métier.

Etalement des vêlages

Laurent Genin présente l'exploitation et le troupeau de 90 laitières. Installé en 2000, trois ans après sa femme Céline, l'éleveur s'est mis en Gaec avec son oncle en 2009. A eux trois, ils disposent de 700 000 litres de quota laitier et de 176 hectares de SAU, répartis en 38 hectares de maïs, 29 de blé, 13 d'orge, 7 de luzerne et 89 de prairies permanentes et temporaires. « Notre objectif est de produire environ 9 000 kg de lait par vache et d'étaler les vêlages pour livrer tout le temps entre 50 et 60 000 litres de lait par mois », annonce Laurent Génin. Non sans fierté, il fait état de très bons résultats de reproduction en vaches (1,18 IA/IAP) et en génisses (1,25 IA/IAP), avec des choix génétiques orientés lait-mamelle et santé mamelle. Côté conduite, l'objectif est de « (re)faire vêler les génisses plus jeunes, aux alentours de 26 à 28 mois ».

Laurent Genin et sa femme Céline, associés à l'oncle de Laurent, ont pour objectif de produire environ 9 000 kg de lait par vache.

L'éleveur s'attarde sur l'organisation générale du Gaec, et notamment l'agencement des bâtiments. Simple et fonctionnel, le logement des laitières a été pensé pour rationaliser le travail au maximum, histoire de libérer du temps... pour aller à la chasse, passion de Laurent. Long de 72 mètre, large de 30, le bâtiment s'étend sur 2 200 m2, dont 480 m2 d'aire paillée. Il comprend un couloir de raclage (avec racleur à chaine et fosse géo-membrane), une zone de stockage de la paille et du foin, la laiterie, la nurserie et, bien sûr, la salle de traite. Les génisses sont quant à elles logées en aire paillée, pour partie dans l'ancien bâtiment des laitières, pour partie chez l'oncle, à Royas. « Après trois ans d'utilisation, le plus gros inconvénient reste la quantité de paille consommée : 900 kg par jour en hiver », fait remarquer Laurent Genin.

Vaches conçues par ordinateur

Alignées comme à la parade, les montbéliardes se laissent paisiblement admirer. Avec les 100 990 kg de lait à 42,3 TB et 35 TB en dix lactations, Océane ouvre le bal. L'occasion, pour Laurent Genin de rappeler que Manon, son ancêtre, est « une fille d'Ezozo/BLV/Bistro qui a été beaucoup démultipliée dans l'élevage ». La visite se poursuit avec Coccinelle, Ecologie ou encore Canadienne, de la souche Indochine, elle-même arrière grand-mère du célèbre Crasat, inscrit au Top 10 des taureaux montbéliards... Willy Quiron-Blondin, technicien de la race chez Eliacoop, brosse rapidement le portrait du troupeau et de ses lignées de vaches, dont la fameuse Manon et le taureau Crazat : « Avec la génomique, ce sont deux rameaux qui marchent bien.» Le technicien développera son propos plus tard, durant l'assemblée générale, invitant les éleveurs à confier leurs génisses à la station d'insémination de Ceyzériat, dans l'Ain, où l'on bichonne la filière montbéliarde. Chez les éleveurs, on sent un mélange d'enthousiasme et de résignation. «La génomique, c'est compliqué, reconnaît Laurent Genin. Je laisse faire le technicien : il prend les souches, il met de bons taureaux et ça fait de bonnes génisses. Mais finalement, c'est l'ordinateur qui calcule tout ça.» Certains de ses collègues estiment que l'on va trop loin, que ça va trop vite. « Il y a tellement d'enjeux économiques, que ça emporte tout, résume Stéphane Richard. La génomique, c'est bien, mais ça risque de démotiver un peu les éleveurs.» Une motivation que le syndicat cultive pourtant avec le plus grand soin.

Marianne Boilève