« Nous avons accueilli un certain nombre de nouveaux membres dans le jury qui sont des professionnels intéressés par la dégustation les vins de l'Isère, se félicite Stéphanie Loup, présidente du syndicat des vins de l'Isère. Des jeunes s'installent, il y a une bonne dynamique et beaucoup de projets ». Un mouvement vertueux que la présidente explique par le fait que la région est accueillante et qu'il est moins difficile de s'implanter dans des secteurs où la tradition viticole s'est endormie, mais aussi parce qu'un travail particulier a été entrepris en Isère sur les cépages anciens. La quatrième édition du concours départemental des vins de l'Isère*, qui s'est déroulée le 8 juin au Clos des Capucins à Meylan, rend compte de ce travail de perfectionnement engagé par les vignerons locaux. En reprenant la suite du concours organisé par l'ex-Adayg et en s'étendant à toutes les régions de production iséroises, il est monté en puissance. Si bien que cette année, 56 échantillons étaient présentés donnant matière à onze médailles et deux coups de cœur.

Vite, une AOP

Yves Paquier, ancien animateur de la Fédération Internationale des journalistes et écrivains du vin, responsable technique du Trophée des 7 ceps et membre du jury, a d'ailleurs été séduit par cette région « qui n'a pas la réputation d'être viticole, mais est en pleine évolution ; on y découvre de nouveaux cépages ». Amateur éclairé, Isabelle Béréziat suit le concours depuis ses débuts. Elle souligne « les progrès remarquables des jeunes vignerons, qui ont démarré avec des terres difficiles. » Quant à Bernard Delaye, président du concours des vins de Mâcon, il n'a pas tari d'éloges au sujet d'une certaine « superbe verdesse » donnant au vin « un équilibre magnifique », « voilà un cépage qui a failli être oublié. C'est un bonheur de redécouvrir ce vin et un grand plaisir de le déguster. Il devrait être en AOP ! »  Jean-Claude Darlet, le président de la chambre d'agriculture a rappelé que derrière la cinquantaine de vignerons installés en Isère, c'était toute une économie qui se mettait en ordre de marche, au même titre que d'autres productions de marque comme la noix ou le saint-marcellin.

Déroutant

Parmi les lauréats, Damien Robelet, du domaine les Serines d'Or à Seyssuel, fréquente le concours depuis trois ans. C'est un des rares Isérois à faire de l'assemblage. Son vin rouge des collines rhodanniennes a été très remarqué et a même dérouté une partie du jury. Au sud de Vienne, le viticulteur a en effet repris une parcelle de merlot qu'il a assemblée à 85% avec de la syrah, « pour garder les racines ». Pari gagné. Mais pour goûter ce vin d'exception, de même que le nectar des autres lauréats du concours, il faut savoir fréquenter les caves et les salons ou encore les restaurants où les sommeliers sont de plus en plus sensibles aux qualités des vins locaux.

Isabelle Doucet

* Le concours est  organisé par la chambre d'agriculture de l'Isère en partenariat avec le syndicat des vins de l'Isère, la laiterie Bayard, le festival Millésime, Vitis Vienna, la Métro et  Le vin des Alpes.

Le palmarès 2015