Du cœur de montagne jusqu'au piémont

« L'Adabel* et ses 22 communes a besoin d'évoluer en phase avec le territoire de Belledonne », déclarait Audrey Abba, présidente de l'Adabel, lors de l'assemblée générale du comité de territoire qui s'est déroulée début avril à Saint-Pierre-d'Allevard. Le conseil d'administration a pris la décision de réviser ses statuts pour s'ouvrir à un périmètre plus élargi parce que « nous sommes attendus en tant qu'interlocuteur sur le projet de territoire », a expliqué la présidente. Initialement, le comité de territoire couvrait 22 communes réparties en quatre secteurs. Il accueillera désormais 16 nouvelles communes des coteaux et se découpera en deux grands secteurs : cœur de montagne et piémont. La question de la représentation agricole est au cœur de cette révision. La dissolution de l'Adayg a laissé bon nombre d'agriculteurs de la région grenobloise en dehors des instances de représentation, ceux des coteaux se tournant naturellement vers l'Adabel. D'autre part, la présidente, tout en souhaitant conserver le caractère montagnard du territoire, désire que tous les secteurs et toutes les productions soient représentés afin de porter une parole forte et partagée de tous.
Reconquête agricole
L'Adabel suit de près l'avancée du dossier du parc naturel régional porté par l'Espace Belledonne. « Nous avons eu une réponse favorable du préfet de région en février pour poursuivre le projet », a indiqué la présidente. Pour autant, elle s'inquiète de la disparition de la ligne des crédits départementaux, qui intervenaient en cofinancement des fonds européens, dans le cadre du projet Leader.
Il faut dire que l'Adabel soutient de nombreuses initiatives propres au territoire de montagne, à l'image du projet agri-environnemental et climatique (PAEC) que porte l'Espace Belledonne. Le territoire a été retenu en 2015 pour la mise en place de MAEC dédiées aux exploitations en zones prioritaires. Le programme a été largement suivi puisque 3 800 hectares sont déjà engagés, représentant une enveloppe financière de 975 000 euros sur cinq ans. Une deuxième campagne du PAEC se déroule en 2016 pour les personnes qui n'avaient pas contractualisé en 2015.
A l'écoute du territoire, l'Adabel, la communauté de communes du Grésivaudan et l'Espace Belledonne accompagnent le projet pilote de reconquête agricole de parcelles boisées à Laval. L'enjeu pour la municipalité est de maintenir des espaces ouverts face à l'avancée de la forêt. Il s'agit aussi de se dégager de l'obligation de reboisement compensatoire sur les parcelles déboisées. « Une trentaine d'hectares ont été répertoriés. Il s'agit maintenant d'élaborer un argumentaire pour expliquer notre démarche aux propriétaires », complète Jacqueline Rebuffet, vice-présidente de l'Adabel.
Enfin, fort de son succès, le dispositif Viande directe Belledonne, qui réunit une poignée d'éleveurs bovins pour la commercialisation collective de colis par internet, va être étendu. Le site est appelé à évoluer et la commercialisation sera élargie à la viande porcine.
Côté marchés à la ferme, c'est aussi leur attractivité qui incite de nouvelles initiatives. Un marché fermier sera lancé à la ferme de la Grangette, à La Chapelle-du-Bard, chaque deuxième samedi du mois, ce qui porte leur nombre à 19 (il y en avait eu 14 en 2015) et équilibre le maillage territorial. « Nous délocalisons également un marché à Pinsot le 18 juin pour lancer des marchés d'été et relancer les circuits rando des fermes de Belledonne », a détaillé Audrey Abba.
Isabelle Doucet
*Adabel : associaiton pour le dévelopement de l'agriculture de Belledonne
Energie
Les fermes de Belledonne ont des idées
Ce sont parfois de petites initiatives, mais qui peuvent rapporter gros. Les fermes de Belledonne ont partagé leurs idées dans le cadre de la réflexion sur l'énergie, l'agriculture et le climat qui clôturait l'assemblée générale de l'Adabel. Jean-Paul Sauzet, référent énergie à la chambre d'agriculture, a rappelé les objectifs de limiter le réchauffement climatique à 2° en 2040, fixés par la Cop21. Bon, on peut pas dire que le Grésivaudan soit le territoire le plus pollué par les relents agricoles. L'agriculture y est en effet responsable de 3% des gaz à effet de serre (GES) contre 19% en moyenne en France. Pour autant, la montagne se révèle beaucoup plus sensible au réchauffement climatique que les autres territoires. La réflexion sur les énergies renouvelables y est tout aussi pertinente.
Jean-François Mamet, de la miellerie de Montgoutoux, à Saint-Pierre-d'Allevard, a également considéré son toit come une source d'énergie, las de ne pas atteindre plus de 15° dans son bâtiment. Pour augmenter la température et lutter contre l'humidité afin de garantir les meilleures conditions de conservation de son miel, il a implanté un système de ventilation sous un toit recouvert de tôles bac acier noires. « Cela m'a coûté moins cher que le projet initial et me permet de travailler dans de bonnes conditions », se réjouit-il. Le local est aujourd'hui chauffé entre 25 et 28°. D'autres exploitations comme la ferme de la Grangette mènent aussi des réflexions sur leur système de chauffage.
Pour la méthanisation, Jean-Paul Sauzet reconnaît qu'il y a encore des difficultés tandis que le photovoltaïque retrouverait un certain niveau de rentabilité.ID