Un pôle à toute épreuve
Le pôle agroalimentaire de l’Isère observe toujours une belle croissance de son activité. La communication et la qualité sont les piliers de la notoriété grandissante des produits de la marque IsHere.

« 2024 ne fut pas une année de tout repos », lance Aurélien Clavel, le président du Pôle agroalimentaire (PAA), lors de l’assemblée générale de la structure, le 18 juin à Moirans. Les réflexions ont en effet porté sur le cahier des charges — de façon à le resserrer — sur les filières porcs et orge brassicole — à structurer — et sur l’évolution de la partie logistique. « On travaille sur tous les fronts. Il a fallu s’adapter. Merci à toute l’équipe car les délais étaient courts et il ne fallait pas pénaliser l’activité », a souligné le président, notamment parce que la logistique est désormais intégrée à l’activité du PAA avec un préparateur de commandes.
Le PAA affiche un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros (M€) en progression, mais doit aussi faire face à une augmentation de ses charges. Les subventions, en augmentation de 18 %, et principalement celle du Département, compensent cet accroissement des charges. Geoffrey Lafosse, le directeur du PAA a précisé que la structure « vise, sur son activité commerciale, une autonomie à un horizon trois à cinq ans ». Il explique aussi que cette année, le budget communication est important et représente 10 % du chiffre d’affaires. Autre précision, le PAA applique une marge très faible, de l’ordre de 13 % par produit, alors que les autres plateformes sont plutôt entre 20 et 25 %. « Ceci afin de favoriser le retour de la valeur sur les producteurs et les artisans, d’où la recherche de subventions qui servent à accomplir notre modèle », précise le directeur.
Gages de qualité
Dans son rapport d’activité, Aurélien Clavel a insisté sur « les deux piliers de l’activité du PAA », que sont la construction d’une marque forte et le développement des ventes des produits agréés. Il est revenu sur la campagne de communication de l’année écoulée qui a mis en avant tous les acteurs de la filière, à commencer par les producteurs, mais aussi les restaurateurs, les bouchers, les distributeurs. L’objectif : faire valoir leur rôle dans le développement d’une alimentation locale et responsable. Aurélien Clavel souhaite que chaque membre de la communauté PAA « s’approprie ces outils et s’en saisisse pour communiquer à leur tour ». Il est aussi revenu sur ce qui fait la force de la marque IsHere, c’est-à-dire un comité d’agrément indépendant et présidé par Pascal Clavel, artisan boucher, ainsi qu’un suivi technique des produits, les deux étant gages de qualité.
En 2024, sur 169 produits soumis au comité, 142 ont été agréés. Dans ses perspectives, le PAA s’est engagé dans l’évolution des critères de qualité de la transformation et souhaite travailler sur les additifs pour en limiter le nombre. La Chambre des métiers (CMA) mène une mission afin de mieux connaître la composition des produits, avec la liste des ingrédients utilisés et l’identification des additifs. L’objectif est « d’analyser, substituer, dans le cadre d’une démarche de progrès sans compromettre la sécurité du produit », précise Isabelle Pellerey de la CMA. L’objectif est d’abandonner les additifs classés 3 et 4 et de trouver des substituts plus naturels.
Elle met également en garde sur « le process à risque de l’autoclavage », « l’obligation de formation » et la preuve de stabilité du produit, notamment dans le cadre du traitement des végétaux.
Aurélien Clavel a également précisé que les producteurs du PAA étaient soit en agriculture biologique, soit HVE.
Avec les collectivités
Par ailleurs, le président a proposé une augmentation des cotisations de 30 € par tranche, en fonction du chiffre d’affaires réalisé avec le pôle, acceptée par les adhérents après discussion. Aurélien Clavel a regretté qu’un groupe de travail ait été constitué en 2024 pour conduire la réflexion, mais sans donner suite, faute de participants. Une participation de 25 € par événement sera également demandée aux producteurs. Elle ne concerne pas les animations en magasins. Ces augmentations interviennent dans un souci « de faire coller l’adhésion à ce qu’amène réellement la marque », indique le président.
Dans ses interventions, Aurélien Clavel n’a pas oublié de mentionner « la chance d’avoir un accompagnement très fort des collectivités, la dernière arrivée étant le Trièves ». Et de saluer l’engagement « des collectivités historiques (1) à la création du pôle ». Avant d’ajouter : « Notre but est le développer des filières pour l’ensemble des territoires et nous avons le souhaite de faire entrer d’autres collectivités. »
Cyrille Madinier, le vice-président du Département en charge de l’agriculture, de la ruralité et de la forêt, a rappelé que la souveraineté alimentaire du Département était portée « grâce à des actions comme celle du pôle agroalimentaire », félicitant sa gouvernance pour son dynamisme et ses annonces positives.
Isabelle Doucet
(1) Département de l’Isère, Grenoble Alpes métropole, Pays voironnais, Le Grésivaudan, Les Vals du Dauphiné, Entre Bièvre et Rhône, Capi, Chambre d’agriculture de l’Isère, Chambre des métiers de l’Isère, Chambres de commerce et d’industrie de Grenoble et Nord Isère.
Intervention de Cyrille Madinier

Une maison des produits IsHere
Un magasin de produits de la marque IsHere devrait ouvrir en centre-ville grenoblois en 2026.

L’objectif du Pôle agroalimentaire de l’Isère est bien de développer ses ventes de produits agréés. Pour cela il utilise trois canaux : les ventes et distributions en magasins ; les ventes en boutiques éphémères et les ventes de box entreprises et particuliers.
Pour aller encore plus loin dans son activité, le PAA a lancé une étude de faisabilité en vue de la création d’un magasin dédié aux produits IsHere en région grenobloise. « Le but est de créer davantage de liens entre la marque et le consommateur », explique Geoffrey Lafosse, le directeur du pôle. Tous les faisceaux ont convergé vers la création d’un commerce dans le centre-ville piétonnier de Grenoble, « une zone où la population résidente est importante, où le niveau de vie médian est supérieur à celui du département, où la population de passage en journée est égale à celle résidente et où il n’y a pas de concurrence », précise encore le directeur.
Les adhérents du PAA ont voté en assemblée générale le principe de la création de ce magasin. La recherche de locaux devrait donc débuter dès cet automne pour une ouverture envisagée en mai 2026.
Il s’agirait d’un local de 250 m2 avec une surface de vente d’environ 200 m2, possiblement avec un espace snacking. Il bénéficiera de trois livraisons par semaine et ne vendra que des produits IsHere. Interrogé sur la dynamique du secteur où de nombreux commerces ferment en centre-ville grenoblois, Geoffrey Lafosse a précisé que les difficultés touchent les commerces non alimentaires alors qu’il y a « une dynamique sur l’alimentaire », les grandes enseignes y installant de petits formats de libre-service.
« J’espère que l’aventure sera fructueuse », avance Aurélien Clavel, le président du PAA. Il faisait sans doute référence à la fermeture de la boutique IsHere original, au Village outlet de Villefontaine, qui a tiré son rideau en août 2024 après deux ans et demi d’activité.
ID