Europe, dossier consensuel... sans passion
l'égard des négociations transatlantiques... les différences de politiques proposées au vote du 25 mai s'expriment davantage en nuances qu'en fractures.

Ce qu'on trouve dans les programmes.
Extraits des programmes des principaux partis candidats aux Européennes
UMP
Une Europe à géométrie variable « afin de permettre aux pays qui veulent avancer plus vite et plus loin ensemble de pouvoir le faire ».
L'Europe ne doit pas intervenir dans les politiques familiales et sur les questions de société.
Mettre fin à la concurrence déloyale et renforcer la convergence fiscale et sociale.
Nous opposer à tout nouvel élargissement européen.
Organiser des coopérations entre différents cercles d'États européens.
Renforcer et rééquilibrer le couple franco-allemand qui a été affaibli par François Hollande.
Simplifier et réduire les normes européennes. Doter l'Europe d'une politique diplomatique et militaire digne de ce nom.
PS
L'agriculture et plus généralement les communautés rurales financées par le fonds de développement rural représentent en France, comme dans d'autres pays, un enjeu économique et
territorial essentiel, créateur d'emplois.
Au niveau de l'Union, six grands projets prioritaires doivent être mis en oeuvre, à 28 si possible, à moins si nécessaire : l'Europe de l'Energie, l'Europe du numérique, des transports propres, de la Défense, des technologies-clés génériques (TCG), de l'agriculture bio ou raisonnée.
ll faut réformer notre agriculture et mieux contrôler notre industrie agroalimentaire. La Pac a été réformée pour plus de justice dans la répartition du soutien et pour promouvoir un développement plus durable. L'enjeu de cette « croissance verte » pour les territoires est majeur : fournir une alimentation en quantité suffisante, saine, diversifiée et de qualité pour des populations en augmentation ; mieux protéger et valoriser plus efficacement les ressources naturelles ; lutter contre le réchauffement climatique en utilisant les sols agricoles et la forêt en tant que puits de carbone ; valoriser le potentiel des zones rurales pour la production de biens non alimentaires (énergie tirée de la biomasse, agro-matériaux, écoproduits, etc.) et services (agrotourisme), promouvoir l'agro-écologie et les circuits courts producteur-consommateur ; développer un bassin d'emploi non-délocalisable.
L'Union doit mettre fin au moins disant qualitatif et au dumping social qui pénalisent nos entreprises à l'exportation intra et extra-communautaire.
Négociations transatlantiques : la Commission négocie, mais ce n'est pas elle qui décide. Une fois conclu, l'accord devra être approuvé à l'unanimité par le Conseil des chefs d'États et de gouvernement; puis à la majorité qualifiée du Parlement européen.
UDI - Modem
Retrouver une relation franco-allemande équilibrée, où la vision des deux pays est exprimée clairement aux yeux de tous, et ne se présente jamais comme dominatrice.
Soutenir que l'Europe a besoin d'indépendance stratégique et lui donner une stratégie industrielle (politiques de recherche dans des grands programmes définis ensemble : biotechnologies, nanotechnologies, programmes dans le domaine des énergies renouvelables, dans le domaine des matériaux, des sources d'énergie nouvelles et renouvelable).
Mettre en oeuvre une politique industrielle européenne favorisant l'emploi.
Nous défendons une politique agricole qui permette l'autosuffisance alimentaire en Europe et le développement, notamment par l'export, de tous les secteurs agroalimentaires porteurs d'emplois.
L'Europe doit garantir la traçabilité des produits agroalimentaires.
Instituer une contribution carbone sur tous les produits fabriqués hors de l'Europe qui ne respecteraient pas nos normes environnementales.
Nous souhaitons que les normes appliquées aux produits agricoles européens en matière sanitaire et environnementale s'imposent également aux produits importés.
Élire le président de l'Union européenne au suffrage universel. Nous veillerons à la stricte application du principe de subsidiarité.
Europe écologie Les Verts
Orienter l'agriculture vers des systèmes autres que la mécanisation, l'utilisation massive d'engrais et de pesticides chimiques, l'élevage presque exclusivement hors-sol et l'ultra-spécialisation.
Soutenir des pratiques économes en énergie et en intrants, qui restituent de la matière organique aux sols.
Relocaliser certaines productions animales en soutenant les élevages à l'herbe, diversifiés et intégrés aux cultures.
À moyen/long terme : organiser la convergence des modèles sociaux et des niveaux de vie : un Smic européen, une assurance chômage européenne et un revenu minimum européen.
Une Europe réformée plutôt qu'un retrait. Une réforme institutionnelle complète pour une Europe fédérale plus citoyenne, transparente et démocratique.
Utiliser la possibilité de mettre en place des coopérations renforcées (qui concernent seulement un groupe d'Etats qui souhaitent s'intégrer plus vite).
Front de Gauche
La Politique agricole commune doit elle aussi être refondée sur la base de la sécurité et de la souveraineté alimentaire, d'une agriculture paysanne non soumise aux logiques productivistes
qui garantisse aux agriculteurs des prix rémunérateurs et aux citoyens une nourriture de qualité, saine et variée, accessible à tous et au juste prix.
Nous proposons d'harmoniser progressivement les droits sociaux des salariés européens par le haut. Des salaires minimums en Europe doivent permettre une rémunération décente. Nous
voulons mettre en place des critères pour la convergence vers le haut des normes sociales, écologiques et démocratiques, étendant à tous les pays européens les droits des salariés sur ceux
des pays où ils sont les plus avancés.
Pour en finir avec le dumping fiscal, nous proposons d'harmoniser la fiscalité des entreprises au niveau européen en modulant les taxes sur les sociétés pour inciter les entreprises qui créent de l'emploi, investissent dans la formation et augmentent les salaires ; et pénaliser celles qui délocalisent, spéculent, polluent.
Front national
La Politique agricole commune (Pac) a marginalisé l'agriculture européenne. Restaurer notre souveraineté nationale dans l'ensemble des domaines où elle a disparu.
La France doit préparer, avec ses partenaires européens, le retour aux monnaies nationales, qui permettra d'effectuer des dévaluations compétitives. Le couple franco-allemand peut jouer un
rôle moteur pour sortir du marasme.
La France abandonnera la Pac au bénéfice de la Paf (Politique agricole française) permettant un développement stratégique plus justement réparti entre petites et grosses structures agricoles.
Pour cela, la France adoptera cette politique agricole nationale ambitieuse financée par la réduction de sa contribution globale au budget européen, dans le cadre de la renégociation des traités
européens qui sera entreprise dès 2014. Cette « nationalisation » de la politique agricole dans le cadre d'une loi de programmation pluriannuelle mettant en oeuvre une vision à long terme de nos ambitions collectives pour l'agriculture française, aura pour premier objectif la stabilisation des prix des matières premières agricoles.
PAC / Les élections européennes approchant, la question de la Pac (37 % du budget européen) ne peut pas être écartée de ce scrutin. Pour en débattre, l'association des journalistes agricoles (Afja) a organisé une discussion à Paris, le 12 mai, autour de « l'Europe, nécessité ou impasse ? Une agriculture sans Pac ? ».
Les politiques peinent à jouer la carte de l'agriculture
Parti socialiste, Front national, Front de gauche et UMP ont été réunis par l'association française des journalistes agricoles (Afja) le temps d'un débat sur les élections européennes le 12 mai à Paris. Première question évoquée : l'abstention. Pervenche Berès, députée européenne et tête de liste PS en Ile-de-France, a insisté sur la montée en puissance du populisme dans les territoires ruraux. Selon elle, ce scepticisme influerait sur la Pac. « Ce n'est pas une situation acceptable », a-t-elle lancé au public de journalistes et communicants agricoles. Leif Blanc, conseiller de Marine Le Pen, a indiqué que le Front national se positionnait clairement contre l'abstention. Concernant les alliances pour faire un groupe avec le FN, « c'est après le vote que cela se décidera », a-t-il répondu. Pour l'agriculteur Philippe Collin, qui fut porte-parole de la Confédération paysanne, « le projet européen n'est pas clairement exprimé (...) les décisions prises par les dirigeants sont vécues, à tort ou à raison, comme des sanctions ». Quant à la FNSEA, représentée par Henri Brichart, « elle s'est toujours montrée pro-européenne ». « L'abstention est plus une réponse à un manque de vision, de clarté, de transparence et de gouvernance de la part de l'Union européenne », a ajouté le vice-président de la FNSEA.La Pac en questionAprès quelques exposés purement politiques, les partis en présence ont fini par aborder le sujet de la Politique agricole commune. Pervenche Berès, du PS, rappelle que les inflexions données par la Pac 2014 permettent de maintenir l'agriculture dans sa diversité, favorisent l'aide à l'installation et donnent une aide financière conséquente pour les agriculteurs. « Nous soutenons une agriculture de qualité et assurons la sécurité alimentaire des Européens grâce, notamment, à l'impulsion du président de la République et du ministre de l'Agriculture français », se félicite-t-elle.
Pas de surprise quant au scepticisme du Front national par rapport à la Pac et au traité transatlantique : « Je ne suis pas du tout certain que l'actuelle Pac puisse aller jusqu'à 2020. Celle-ci va se prendre le Farm Bill en pleine figure. L'agriculture est prise en étau, le dumping extérieur va s'aggraver, on n'a aucun mécanisme sérieux contre les crises », a lancé Leif Blanc, conseiller de Marine Le Pen. Il pense que le Smic allemand bientôt en place « ne sauvera personne » car, selon lui, après les élections européennes, le gouvernement allemand ne fera plus de geste envers les travailleurs saisonniers.Le revenu agricoleLa question du revenu des agriculteurs était très présente lors du débat. Alain Lamassoure (UMP) plaide pour l'introduction d'une assurance récolte du type Farm Bill dans la Pac. « Le revenu de nos producteurs pourrait être assuré par les prix du marché mais l'agriculture reste tributaire des aléas climatiques. Nous entendons jouer au maximum de cette nouvelle possibilité assurantielle offerte par la Pac. » Quant à Patrick Le Hyaric, tête de liste Front de gauche en Ile-de-France, il croit en « un nouveau système de régulation, visant un prix minimal de base pour les petits et moyens exploitants ». Il s'interroge tout de même sur le modèle d'avenir : « Doit-on aller vers une agriculture toujours plus intensive ? Y aura-t-il une autre réforme possible ? ». « Une des solutions au problème alimentaire mondial serait d'aider les pays du Sud à se développer par eux-mêmes », explique-t-il. Claude Fischer, présidente du think tank Confrontations Europe, tente de résumer la situation européenne : « La Pac est une politique que les agriculteurs ne veulent pas remettre en cause. Il faut plus d'Europe avec un budget digne de ce nom et une politique commerciale. » Elle rappelle aussi que, pour avoir de bonnes politiques européennes, il faut élire desdéputés qui siègent au Parlement européen.Tous les malheurs ne viennent pas de la PacDu côté des représentants syndicalistes, les enjeux de la Pac sont bien connus. Henri Brichart, de la FNSEA, insiste sur la « nécessaire assurance » qui doit être mise en place : « Nous devons mieux utiliser les outils proposés par la Pac et réfléchir à des schémas plus assurantiels. Tous les malheurs ne proviennent pas forcément de la Pac. Celle-ci est faite par rapport aux objectifs qu'on veut lui donner et aujourd'hui, le premier objectif, c'est de produire ce dont le consommateur européen a besoin », ajoute-t-il. Philippe Collin, de la Confédération Paysanne, rappelle que 70% de la planète est nourrie grâce à l'agriculture familiale. « Personne ne peut mettre en doute la qualité de ce travail. On a un choix politique à faire. » Reste maintenant à savoir quelles orientations prendra la Pac après 2020 et lors du débat, les politiques n'ont pas su répondre concrètement à la question.
NDD
(Agrapresse)