Face à une consommation en hausse, la filière avicole cherche sa place
À l’occasion de ses 30 ans, l’association interprofessionnelle de la volaille en Auvergne-Rhône-Alpes (Afivol) a présenté la dynamique de la filière en 2024 et a invité le sénateur Laurent Duplomb (LR), ainsi que le journaliste spécialiste de la grande distribution Olivier Dauvers, à échanger avec les éleveurs de la région.

Selon l’interprofession Afivol, la région Auvergne-Rhône-Alpes constitue le quatrième bassin de production de volailles de chair français. Preuve de la forte demande, les abattages de Gallus en tonne équivalent carcasse ont progressé de 14 % en l’espace d’une année. En poules pondeuses, la dynamique est quelque peu différente. « L’année 2024 a été marquée par une moindre mise en place au sol », a relevé le directeur de l’interprofession, François Gaudin, lors d’une journée organisée en l’honneur des 30 ans de l’association interprofessionnelle l’Afivol. Seules les productions en plein air ont réussi à se maintenir par rapport à 2023. La présidente de l’interprofession, Hélène Bombart, l’a bien rappelé : « De Lyon jusqu’au sud de la France, le bassin de consommation qui concerne nos productions est très important, nous avons donc une raison d’être géographique et un savoir-faire historique important ».
Besoin d’éleveurs et de salariés
Difficultés à investir, méfiance des riverains lors de la construction de bâtiments, concurrence des produits importés… Les contraintes qui pèsent sur les éleveurs restent pourtant nombreuses. En plus des programmes d’aides négociés avec la Région, l’Afivol a mis en place une stratégie de communication au sein de l’enseignement agricole. « Nous avons besoin de recruter des éleveurs et des salariés, or l’enseignement agricole ne parle que très peu de la volaille », assure la présidente. Selon Laurent Duplomb, également éleveur laitier en Haute-Loire : « Notre manque de compétitivité est en très grosse partie lié à une surtransposition des normes… », a-t-il asséné, avant d’évoquer les seuils ICPE imposés en France qui ne permettent pas de concurrencer suffisamment les élevages polonais.
La délicate question de la marge
Invité en sa qualité de journaliste spécialiste de la consommation et de la grande distribution, les propos tenus par Olivier Dauvers ont ensuite ouvert un vaste débat. « Quand le consommateur a compris la valeur d’un produit, il est prêt à payer le prix », a-t-il énoncé, en faisant notamment référence à la marque des consommateurs C’est qui le patron ? ! « Si une marque est prête à rémunérer 540 € la tonne de lait à l’éleveur, c’est parce que le client est prêt à payer 1,47 € le litre, contre 0,94 € pour la marque Éco+. Les intérêts des commerçants, dont la grande distribution, et ceux des producteurs, sont donc alignés. La difficulté, c’est de les conjuguer. Or, en les contestant, vous ne bâtissez rien. » Une affirmation qui a fait bondir plusieurs éleveurs, dont Laurent Soileux, président d’un groupement de producteurs de volailles de la Dombes (Ain). « Il ne faut pas oublier que la filière volailles est intégrée à 90 % par le maillon industriel au sein duquel la répartition de la marge n’est pas bonne. Tandis que les résultats des gros groupes industriels de la volaille française progressent, la valeur ajoutée est partie dans les grandes surfaces et dans le monde industriel. Si nous trouvons des œufs ukrainiens, c’est notamment parce que les grandes surfaces ont interdit les œufs en cage… Nous marchons sur la tête ! » Selon l’éleveur, motiver une nouvelle génération d’éleveurs nécessite de retrouver des marges convenables et rémunératrices. De son côté, la présidente de l’interprofession a insisté sur le fait que la consommation de produits issus de la volaille ne fait qu’augmenter. « C’est une particularité que nous ne trouvons pas ailleurs ! L’urgence est donc de construire de nouveaux bâtiments et de continuer à discuter avec la grande distribution, afin de poser la question de la répartition de la marge. » Un appel du pied aussi bien lancé aux industriels et aux distributeurs, qu’à un sénateur dorénavant largement médiatisé.
Léa Rochon
Laurent Soileux
