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INTERPROFESSION

Filère laitière : le budget du Cniel sous pression

L’interprofession nationale laitière (Cniel) doit mettre au point sa feuille de route pour les trois prochaines années en précisant ses missions, mais aussi les ressources permettant de les mener à bien. La baisse de la collecte, qui sert de base au financement du Cniel, pose question pour l’avenir.

Filère laitière : le budget du Cniel sous pression
En 2024, la contribution nationale obligatoire des éleveurs (1,22 €/1 000 litres) et des transformateurs (0,442 €/1 000 litres) est passée de 40 à 36 M€, et celle de la distribution est stable à 1,6 M€.

Les ressources du Cniel se sont amoindries en 2024 par rapport à 2023, selon les données publiées en juin dans le rapport annuel 2024. La contribution nationale obligatoire des éleveurs (1,22 €/1 000 litres) et des transformateurs (0,442 €/1 000 litres) est passée de 40 millions d’euros (M€) à 36 M€, à cause de la baisse de la collecte de lait. La cotisation du quatrième collège (distribution), dont le calcul ne repose pas sur les volumes vendus, est stable à 1,6 M€. Cette somme est répartie entre les distributeurs en fonction de leur part de marché dans le lait. Quant au cofinancement de l’Union européenne pour les actions de communication à l’international, il est passé de 11 à 6 M€. Ces actions ont été moins nombreuses, notamment à cause d’un changement des règles d’attribution pour les campagnes récurrentes sur la zone Amérique ; 200 à 300 K€ sont aussi versés au titre du crédit d’impôt recherche. La baisse de la collecte, si elle devait être pérenne, pose la question du financement du Cniel, qui devrait soit augmenter ses ressources, soit baisser ses dépenses et donc ses actions, selon la direction générale du Cniel. L’interprofession laitière compte aujourd’hui une centaine de collaborateurs au total dont les coûts salariaux sont ventilés en fonction des missions. Parmi les dépenses annuelles du Cniel, la communication en faveur du lait et des produits laitiers domine largement, représentant environ la moitié du budget. Cela inclut la communication vers le grand public, les relais d’opinion et les professionnels de santé, la présence sur les foires et Salons et la communication pour valoriser les exportations. Deuxième poste de dépenses, pour environ un tiers : les actions dans les domaines scientifique, économique et technique, comme les programmes d’amélioration de l’élevage, du sanitaire ou de la qualité du lait. Le solde du budget est consacré aux analyses et prospectives économiques et aux achats de panels.

Rééquilibrage demandé par les éleveurs

La question de l’avenir du financement du Cniel est un sujet de réflexion pour les différents collèges qui doivent élaborer le prochain plan triennal pour la période 2026-2028. Ce plan est mis au point après le bilan des trois années passées, et doit permettre de se mettre d’accord sur les missions et les ressources qu’il faut mobiliser. Les différents collèges, sollicités, ne souhaitent pas s’exprimer ou n’ont pas donné suite à nos demandes, à l’exception des éleveurs. Parmi ses souhaits, la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) est attachée à la valorisation de l’origine France des produits laitiers, et ne veut pas aller plus loin sur la transition environnementale, surtout s’il n’y a pas de valorisation pour les producteurs. Et même si les discussions sur le financement ne semblent pas avoir commencé, la FNPL demande un rééquilibrage entre les maillons de la chaîne de valeur, car les éleveurs assument 73 % des ressources, rappelle la FNPL. Or le temps presse. Ce plan triennal doit être publié au Journal officiel avant le 31 décembre 2025. Mais le dossier doit être remis le 30 août, car deux mois sont nécessaires à l’État pour étudier le dossier, période renouvelable une fois. Ce dossier est co-instruit par le ministère de l’Agriculture (DGPE) et le ministère des Finances (DGCCRF). La direction générale du Cniel indique que « le dossier n’est pas complètement finalisé aujourd’hui ». Il reste moins d’un mois et demi à la gouvernance du Cniel, en place depuis un an, pour mettre au point son premier plan triennal.

C.B