FNSEA et JA demandent un cap et de la stabilité
Les deux syndicats agricoles ont organisé, le 24 septembre à Paris, à deux pas de l’Assemblée nationale, une rencontre avec les députés de tous horizons pour aborder les sujets d’actualité et leur faire part de leurs demandes concrètes sur les nombreux dossiers en cours et à venir.
Avant l’ouverture officielle de la session parlementaire, la FNSEA et Jeunes agriculteurs (JA) rencontrent traditionnellement les députés, avant d’échanger avec les sénateurs (fin octobre). Après un été marqué par d’importants aléas climatiques, politiques, et internationaux, les deux syndicats ont voulu porter plusieurs messages forts : celui d’avoir de la stabilité politique en France et un vrai cap agricole porté par les politiques, en particulier par Bruxelles.
« On nous a lâchés »
« La France et l’Europe sont à contre-courant de l’histoire en n’investissant pas dans l’agriculture, quand la Russie, les Etats-Unis, la Chine le font. », a lancé Yannick Fialip, président de la Commission économique de la FNSEA. En effet, les premiers éléments financiers de la politique agricole commune (Pac) 2028 font état d’une baisse du budget de 20 % (-80 milliards d’euros/Md€). « Comment peut-on demander des efforts supplémentaires aux agriculteurs dans un tel contexte ? », a interrogé Franck Sander, vice-président du syndicat agricole. Un avis partagé par l’ensemble des députés présents, qu’a résumé Aurélie Trouvé (LFI, Seine-Saint-Denis), présidente de la Commission économique de l’Assemblée nationale : « La Pac est de moins en moins commune et l’Union européenne se transforme, à l’intérieur, en espace de libre-échange ». Sur le volet international, la fronde est unanime contre le Mercosur : « Nous ne sommes pas opposés au libre-échange. Nous souhaitons simplement que les mêmes règles s’appliquent de manière réciproque », a insisté le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau. Un avis partagé par le deuxième vice-président, Patrick Bénézit qui a pointé les manquements de la Commission européenne en matière de contrôle. « La seule clause miroir qui existe avec le Mercosur porte sur les hormones. Elle n’est pas appliquée car il n’y a aucune traçabilité au Brésil et quand on effectue des contrôles, on retrouve de l’œstradiol », a-t-il expliqué, mécontent du manque de soutien français. « Quand la présidente de la Commission européenne a scindé l’accord avec le Mercosur pour éviter qu’il soit rectifié par les parlements nationaux, la France est restée muette. On nous a lâchés », a-t-il dit, fustigeant un « accord toxique ».
Une moyenne olympique à huit ans ?
À l’approche du débat sur le projet de loi de finances 2026, les demandes des deux syndicats agricoles sont nombreuses, comme proroger le dispositif pour épargne de précaution et l’étendre aux aléas économiques. Les syndicats ne veulent pas entendre parler des hausses des redevances des agences de l’eau et souhaitent que les parlementaires mettent en place une exonération des indemnités perçues quand un agriculteur est contraint d’abattre son cheptel. « Il faut aussi revoir la moyenne olympique qui aujourd’hui ne ressemble plus à rien, notamment en viticulture », a tranché le premier vice-président, Jérôme Despey qui veut la porter à huit ans au lieu de cinq. Tout aussi indispensable lui semble le déclenchement de crédits de réserve de crise pour compenser les effets des tarifs douaniers imposés par les pays tiers comme les Etats-Unis ou la Chine.
D’une manière globale, les agriculteurs français se sentent « abandonnés » par les élus nationaux et européens. Pour preuve : la balance agroalimentaire française était excédentaire de 13 Md€ il y a encore dix ans. « Cette année, on devrait être tout juste à l’équilibre », s’est inquiété Yannick Fialip. En somme,« qu’on nous permettre d’entreprendre et de créer de la richesse, de la valeur ajoutée, car c’est aussi ce qui contribue à l’effort fiscal et à la réduction des déficits et donc de la dette. Il n’y aura pas d’agriculteurs sans revenus », a conclu Arnaud Rousseau.
Christophe Soulard
Les autres demandes FNSEA-JA
La FNSEA et JA ont annoncé qu’ils seraient vigilants sur un certain nombre de points comme l’application de la réforme des retraites agricoles (25 meilleures années) le 1er janvier 2026. « On attend les décrets d’application », a souligné le vice-président, Luc Smessaert. Les deux syndicats veulent surtout qu’on leur donne les moyens de produire en stockant de l’eau, en développant des sources de revenus complémentaires (énergies renouvelables). Sur ce dernier point, la FNSEA souhaite la mise en place d’un cadre contractuel adapté au développement de l’agrivoltaïsme pour sécuriser les agriculteurs dans le cadre du statut du fermage. Ils entendent également sécuriser les parcours à la transmission/installation grâce à l’aide au passage de relais qui doit être « concrétisée dans le prochain Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) », ont-ils insisté.