Fruits à noyau : une campagne 2025 contrastée
La campagne 2025 des fruits à noyau présente un pré-bilan en demi-teinte. Si les pêches et nectarines ont bénéficié d’une dynamique de marché plutôt favorable, l’abricot reste marqué par ses difficultés structurelles. En Rhône-Alpes, le cas de la cerise illustre aussi la fragilité de certaines productions face aux aléas climatiques.

« Pour l’abricot, nous ne pouvons pas dire que c’est une bonne campagne, ni une mauvaise », résume Raphaël Martinez, directeur de l’AOP pêches et abricots de France. Après un mois de juin prometteur (peu de concurrence espagnole et des fruits de bonne qualité gustative), le marché s’est saturé dès la fin du mois. « Les variétés majeures, comme kioto ou bergeron, concentrent trop de volumes en quelques semaines. Même avec nos opérations en magasin, les prix se sont dégradés », explique-t-il. En Auvergne-Rhône-Alpes, cœur historique du bergeron, les producteurs ont été les plus touchés. « Ceux qui ont diversifié leurs variétés ont mieux résisté. Mais pour les exploitants centrés sur le bergeron, la rentabilité est compliquée cette année », constate le spécialiste. Cependant, l'abricot a retrouvé des lettres de noblesse auprès des distributeurs et des consommateurs par sa qualité et les volumes produits. « Ce n’est pas une année pléthorique comme en 2023, mais nous avons tout de même constaté de beaux volumes. Pour tous les producteurs qui ont un calendrier équilibré, c'est une bonne saison. Malheureusement, pour les producteurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes, dont le cœur de production est composé de bergeron, pinkot et kioto, c’est une année un peu compliquée », explique-t-il.
Pêches-nectarines : « une saison plutôt positive »
À l’inverse, les pêches et nectarines ont tiré leur épingle du jeu. « Jusqu’au 14 juillet, nous avons manqué de fruits. Les prix étaient hauts, et la qualité exceptionnelle », souligne Bruno Darnaud, président de l’AOP pêches et abricots. Puis les volumes ont afflué fin juillet : « Nous avons vu arriver jusqu’à 4 000 tonnes cueillies en un seul week-end. Cela a pesé sur le marché. » Malgré cette correction, l’arboriculteur reste confiant. « Globalement, c’est une année plutôt positive. Contrairement à l’abricot, les pêches et nectarines gardent une régularité et nous en aurons jusqu’en septembre. » La filière reste toutefois confrontée à une consommation plus hésitante : « Le consommateur français regarde les promotions, et la distribution concentre l’offre. C’est un vrai enjeu », souligne-t-il. Pour ce dernier, l’avenir de la filière passera par des prix plus stables et une consommation soutenue.
Une campagne de cerises compliquée
Dans les coteaux de Bessenay (Rhône), la campagne 2025 a été également compliquée pour la cerise. « Nous parions sur une grosse récolte, mais la pluie et la grêle au printemps ont réduit les volumes », témoigne Mathilde Chambe (Chambe Agri-Fruits). Ces évènements climatiques ont touché les arboriculteurs de manière extrêmement localisée. « Quand il y a beaucoup de cerises ailleurs en France et que nous, on en perd, il est compliqué de tirer son épingle du jeu », regrette-t-elle. La fin de saison a aussi été perturbée par la drosophile. « Nous avons dû trier énormément, même si la canicule a permis d’obtenir une belle coloration des fruits », précise-t-elle. Les prix, eux, sont restés bas, en raison d’une forte concurrence. L’entreprise a mobilisé 60 à 70 saisonniers, essentiellement étrangers. Mathilde Chambe a également rappelé les difficultés annuelles de recrutement en ce qui concerne les récoltes.
Charlotte Bayon


