« Garder le cap » de la transformation écologique
À l’aube de sa 47ᵉ édition, Pollutec reste un rendez-vous incontournable des solutions environnementales en France et en Europe. Sa directrice, Anne-Manuèle Hébert, revient sur l’évolution de cet événement majeur, ses thématiques pour cette nouvelle édition et l’importance de « garder le cap » face aux incertitudes actuelles.
Pollutec, c’est une « grande dame », rappelle Anne-Manuèle Hébert, directrice du Salon depuis 2022. Du 7 au 10 octobre 2025, l’événement tiendra sa 47e édition et réunira à Lyon (Eurexpo) près de 2 000 exposants et 50 000 visiteurs sur quatre jours, confirmant une nouvelle fois son statut de référence en matière de transition écologique.
Un Salon en constante évolution
À l’origine centré sur les technologies de dépollution, Pollutec a évolué en même temps que la société, comme l’explique Anne-Manuèle Hébert : « À l’origine, le Salon concernait la gestion des déchets et de la pollution. Aujourd’hui, dans un contexte marqué par le dérèglement climatique et la pression sur les ressources, Pollutec regroupe l’ensemble des acteurs qui proposent des solutions écologiques pour les industries, l’agriculture et les territoires. » Cette année, l’événement met l’accent sur quatre grands thèmes : la santé environnementale, la bioéconomie (afin de réconcilier économie et nature), la décarbonation et la science. « La science nous semblait être un thème tout à fait opportun et en plein dans l’actualité, puisque nous le rappelons, l’écologie n’est pas une opinion, c’est une science », insiste la directrice. Par ailleurs, l’une des forces de Pollutec réside dans la cohabitation d’une multitude de secteurs : énergie, eau, déchets, agriculture, mobilité… « C’est ce qui fait notre spécificité : mettre autour de la table des acteurs qui parfois s’opposent sur certains sujets, par exemple sur la gestion de l’eau et leur permettre d’imaginer des solutions communes. » La directrice insiste sur l’importance de dépasser les contraintes pour y voir aussi des opportunités : « La transition écologique, ce n’est pas seulement une obligation réglementaire, c’est également un levier de compétitivité, d’économie d’énergie et de souveraineté. » Pollutec accueille donc aujourd’hui principalement des acteurs industriels et des collectivités, majoritairement issus du secteur privé. « Pour les territoires et les collectivités, cette thématique de l’agriculture est très importante, puisque l’agriculture fait partie intégrante des territoires ».
Innovation et filières stratégiques
Parmi les nouveautés de cette nouvelle édition : le forum Filières, consacré à trois secteurs : le textile, la mobilité et l’agriculture. « Le monde agricole est directement touché par le dérèglement climatique, mais il peut également contribuer au stockage du carbone, à la création de biogaz, l’agrivoltaïsme… C’est une filière que nous souhaitons mettre en avant au sein de Pollutec. » Ce dernier se veut également une vitrine de l’innovation : près de 200 nouveautés y seront dévoilées. « On y trouvera des solutions de dépollution écologiques, des technologies de réutilisation des eaux usées, ou encore des projets d’énergies renouvelables en circuits courts. Des innovations accessibles, parfois frugales, qui intéressent particulièrement les agriculteurs et les territoires. » Pour la directrice, tout est une histoire de transformation des modèles : « Si l’on parle de décarbonation, nous ne nous concentrons pas seulement sur les objectifs ou engagements à respecter d’ici 2030 ou 2050. Nous souhaitons sensibiliser à une transformation profonde des modèles industriels ou territoriaux. »
À l’heure où les débats sur l’écologie se crispent, Anne-Manuèle Hébert rappelle la philosophie de l’événement : « À Pollutec, nous parlons de science, de faits, et surtout de solutions. Notre mot d’ordre, c’est garder le cap. Quand on doute, il faut un cap, et c’est ce qui permet de trouver l’engagement et la motivation pour transformer nos modèles. »
Charlotte Bayon
Un Forum Agriculture pour accompagner la transition des exploitations
Mercredi 8 octobre, Pollutec consacrera une journée entière au monde agricole, à travers son nouveau forum Filière. Parmi les trois secteurs choisis, à savoir le textile, la mobilité et l’agriculture, cette nouveauté souhaite mettre en lumière les défis mais aussi les opportunités d’une agriculture résiliente.
« Le monde agricole est à la fois le premier touché par le dérèglement climatique et un acteur clé de la transition », insiste Anne-Manuèle Hébert, directrice du Salon Pollutec qui se tiendra à Lyon (Pollutec) du 7 au 10 octobre. Mercredi 8 octobre sera une journée consacrée à l'agriculture. Sécheresses, raréfaction de l’eau, pression sur les rendements… autant de problématiques qui appellent à des réponses concrètes afin de préserver l’agriculture. La matinée sera consacrée à la coopération entre agriculteurs et collectivités locales. Jérémy Camus, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l’agriculture et de la résilience du territoire, présentera notamment un programme d’accompagnement vers une production moins dépendante des pesticides. À ses côtés, Benjamin Gestin, directeur général des eaux de Paris, témoignera des initiatives de financement mises en place pour réduire la pollution des ressources et donc les coûts de traitement.
Une après-midi autour de l'eau
L’après-midi laissera place à la question cruciale de l’eau. Dans un contexte de sécheresses récurrentes, une table ronde portera sur la réutilisation des eaux usées traitées en agriculture. Avec la participation de Nicolas Mourlon (Agence de l’eau Rhône-Alpes) et d’experts européens, cette conférence mettra en perspective des initiatives déjà en place en Italie et ailleurs.
La décarbonation sera également au cœur des débats, sous plusieurs angles :
- Réduction des émissions agricoles,
- Développement du biogaz et de la méthanisation à partir des effluents,
- Développement de l’agrivoltaïsme, qui peut à la fois générer des revenus complémentaires et créer des zones d’ombre bénéfiques aux cultures.
"L’agriculture est un pilier de notre résilience collectivé"
« Aujourd’hui, le coût de l’inaction est supérieur à celui de l’anticipation. Nous voulons montrer que des solutions existent, qu’elles soient techniques, économiques ou d’organisation, et qu’elles peuvent être mises en place grâce à la coopération entre territoires et agriculteurs », résume la directrice de Pollutec. Le Salon sera ainsi un lieu privilégié pour découvrir des innovations concrètes : systèmes de récupération d’eau, solutions de dépollution naturelles, nouvelles énergies renouvelables locales… Autant d’outils pour aider les exploitations à conjuguer adaptation et transformation. « L’agriculture est un pilier de notre résilience collective. En lui donnant une place centrale, Pollutec veut contribuer à inventer un modèle plus sobre, plus régénératif et durable », conclut Anne-Manuèle Hébert.
C. B.