Huiles Engagées concilie les performances économiques et environnementales
La démarche Huiles Engagées vise à promouvoir de bonnes pratiques agricoles pour les cultures de colza et de tournesol utilisées pour l’élaboration des huiles Lesieur afin de répondre aux attentes des consommateurs, avec une juste répartition de la valeur. Les explications de Pierre Pelletier, administrateur à la FOP.

Vous êtes administrateur à la Fédération française des producteurs d’oléoprotéagineux (FOP) et membre du comité de pilotage « Lesieur Huiles Engagées ». En quoi consiste cette démarche ?
Pierre Pelletier : « Il s’agit d’une démarche qui a été construite par l’ensemble des acteurs de la filière oléoprotéagineuse, c’est-à-dire les producteurs avec la FOP, les organismes stockeurs, le groupe Avril avec Saipol qui triture les graines et Lesieur qui commercialise les huiles. L’institut technique, Terres Inovia, et l’interprofession, Terres Univia, sont également parties prenantes. La démarche vise à promouvoir de bonnes pratiques agricoles pour les cultures de colza et de tournesol utilisées pour l’élaboration des huiles Lesieur, d’origine garantie 100 % française, et à répondre aux attentes des consommateurs, tout en veillant à une juste répartition de la valeur ajoutée tout au long de la filière. Un organisme tiers indépendant est garant de la transparence et de la fiabilité de la démarche. Environ 20 millions de litres d’huile de Fleur de Colza et Cœur de tournesol sont ainsi produites dans ce cadre. »
Concrètement, quels sont les engagements que prennent les agriculteurs en s’impliquant dans cette démarche ?
P.P. : « Les 800 agriculteurs engagés volontairement dans cette démarche adoptent une charte de bonnes pratiques agricoles qui tient compte des conditions spécifiques de leur exploitation. Cette charte a pour objectif de développer des cultures plus robustes et plus résilientes, d’adopter un itinéraire technique visant à limiter l’utilisation des engrais et des produits phytosanitaires pour préserver la fertilité des sols et tendre vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que de favoriser la biodiversité au sein des exploitations, tout en préservant la productivité des cultures, c’est-à-dire en maintenant les rendements. Les agriculteurs choisissent les pratiques qu’ils souhaitent mettre en place parmi une liste proposée. Beaucoup reposent sur l’observation des parcelles et une attention particulière est portée aux choix des semences (celles qui démarrent assez vite), au recours au binage pour limiter les désherbants, aux apports d’engrais localisés, à la réduction du nombre de traitements, à l’installation de ruches autour des parcelles pour favoriser la pollinisation… »
Souvent, la transition environnementale se traduit par des contraintes supplémentaires pour les agriculteurs. Est-ce qu’ils bénéficient d’un retour financier en contrepartie de leur engagement ?
P.P. : « C’est aussi l’intérêt de la démarche, les agriculteurs sont rémunérés pour les efforts qu’ils consentent. Un comité « Huiles Engagées » qui regroupe les différents partenaires encadre la rémunération de chacun des maillons de la filière, dont les agriculteurs. Il est prévu pour eux trois niveaux de complément de prix, en fonction des pratiques mises en œuvre. Ce complément de prix, qui est répercuté au consommateur, est versé par Lesieur et transmis aux agriculteurs partenaires par l’organisme stockeur. »
Quel type de communication avez-vous mobilisé pour sensibiliser les agriculteurs et les consommateurs sur l’intérêt de cette démarche ?
P.P. : « Lesieur promeut cette démarche sur les bouteilles d’huile par un étiquetage spécifique en insistant sur les pratiques vertueuses auxquelles s’engagent les agriculteurs et la juste rémunération dont ils bénéficient en contrepartie. Partenaire du Tour de France, la marque valorise également son engagement en ce sens par la présence sur les chars de la caravane de bouteilles géantes, Cœur de Tournesol et Fleur de Colza issues de la démarche « Lesieur Huiles Engagées ». La FOP favorise aussi la connaissance et la communication autour de cette démarche auprès de ses adhérents et ponctuellement auprès du grand public lors d’opérations spécifiques. »
Avez-vous mesuré les effets de la démarche en termes de réduction de gaz à effet de serre et de préservation de la biodiversité ? Les rendements sont-ils maintenus sur l’exploitation ?
P.P. : « Pour les cultures de colza, nous avons pu constater, l’an dernier, que les agriculteurs engagés réduisaient leurs émissions de gaz à effet de serre de 4 %, que leur indice de fréquence de traitement (IFT) était de 7,7 avec un rendement moyen de 36,9 q/ha, supérieur de 2,9 q/ha à la moyenne en Eure-et-Loir. Pour le tournesol, les émissions de gaz à effet de serre sont proches de la moyenne nationale et l’indice de fréquence de traitement est de 2,3. Quant aux rendements, ils atteignent 27,6 q/ha, soit 1,5 q/ha de plus que la moyenne nationale. Non seulement l’engagement dans la démarche apporte un plus à l’environnement, mais les performances techniques sont améliorées. »
Propos recueillis par Actuagri