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Aménagement

"Il y a toujours des budgets pour les routes forestières"

L'animation d'un territoire est primordiale pour faire avancer les projets de route forestière. En 2018, de beaux feuillus pourront être exploités dans le massif du Mont.
"Il y a toujours des budgets pour les routes forestières"

Le projet de desserte forestière des massifs du Mont et de la Caillatière situés dans les communes de Voissant et Merlas, tient enfin le bon bout. Mais ce n'est pas sans mal : depuis cinq ans, Romain Provost, technicien du Centre régional de la propriété forestière (CRPF) et l'association syndicale autorisée du Cervelong (Asa), présidée par Gilbert Monin-Picard, travaillent à son élaboration.

Animation indispensable

« Il y a toujours eu des financements pour les routes forestières, précise René Sabatier, ingénieur CRPF chargé de l'Ain et de l'Isère. Ce qui fait défaut souvent, ce sont les budgets consacrés à l'animation des projets. Pour celui-ci, le travail auprès des propriétaires, leur recensement, l'organisation de réunions, a duré plusieurs années. Sans ce travail préliminaire, aucun dossier ne peut aboutir. » Il faut dire que même si la zone est cohérente et continue, elle concerne 87 hectares de forêt privée très morcelée. Au total 205 parcelles seront desservies, mais 80 d'entre elles sont touchées par l'aménagement de routes empierrées, de pistes de débardage ou de places de stockage de bois. L'Asa et le CRPF ont donc dû réunir 49 adhésions de propriétaires représentant 63 signatures car les parcelles sont souvent indivises. Il faut non seulement identifier joindre chacun d'entre eux, mais également les joindre (souvent les propriétaires n'habitent pas dans la région) et les convaincre pour une opération dont ils ne voient pas l'intérêt de prime abord. C'est là que le rôle de l'Asa est primordial car ce sont des propriétaires qui parlent aux propriétaires. « Les élus ont un grand rôle également et il faut citer l'implication de Denis Grandperrin, de la commune de Merlas, souligne Bruno Cattin, maire de Voissant. Dans certaines circonstances, les élus locaux sont de très bons relais. »
Le projet va comporter la création d'une route empierrée qui viendra se greffer sur une route déjà existante créée en 1988 dans le massif du Mont. « Elle est très détériorée et a été mal configurée dès l'origine, remarque Romain Provost, car elle comporte des tronçons à 14-15% de pentes. Sur ce que nous allons créer nous ne dépasserons pas 12%. » L'objectif est de permettre aux camions grumiers de venir chercher le bois abattu au plus près des parcelles. Il faut donc des routes accessibles. « Aujourd'hui, une partie de cette ancienne piste est en très mauvais état, impraticable, remarque Bruno Cattin, et représente même un danger important en termes de catastrophes naturelles ». Ravinée, avec de nombreuses ornières, elle peut se transformer en un véritable torrent si un épisode orageux se produisait dans le secteur. Et pour peu que deux ou trois arbres s'abattent en travers, le péril devient important.

 

Le projet de route devrait être mis en oeuvre dès le printemps prochain.

Expertise forestière

Si le projet permettra de prévenir un risque d'écoulement grâce à une remise en état des chemins existants, il a surtout pour finalité d'améliorer la gestion des parcelles concernées. « Certaines n'ont pas été touchées depuis des dizaines d'années », fait-on remarquer du côté du CRPF. « Une forêt naît, vit et meurt, selon un cycle naturel, mais dans lequel il est important d'intervenir à bon escient et régulièrement », fait remarquer Gérard Seigle-Vatte, représentant le Pays Voironnais, qui a financé une partie de l'animation du CRPF. Car la régénérescence de la forêt est améliorée avec l'intervention de l'homme. Si le couvert est trop dense, la luminosité insuffisante sous les grands arbres, les petits ont du mal à pousser. « Les propriétaires, quand ils étaient réticents, craignaient des coupes rases, fait remarquer Bruno Sabatier. Ce n'est pas le but des routes forestières. Certains voient dans de tel type de coupe, une compensation de l'investissement demandé au départ. Mais ce n'est pas un raisonnement à long terme. C'est pour cela que l'Asa proposera de recourir aux services d'un expert forestier pour aider les propriétaires à mieux gérer leur parcelle à long terme. Enlever les plus gros arbres, favoriser le rajeunissement, intervenir selon les caractéristiques des parcelles, permet de mieux rentabiliser ce capital forestier. » Visiblement, d'après les techniciens, le massif possède de multiples débouchés. Il est essentiellement composé de feuillus qui peuvent être valorisés soit en bois d'œuvre, soit en piquets avec l'avantage de la proximité de scieries spécialisées, ou bien encore sous forme de bûches de qualité car tirées d'essences nobles. « En organisant les travaux de manière concertée pour l'ensemble du massif, l'expert forestier permet une meilleure adaptation aux débouchés et peut fidéliser les petites entreprises locales d'abattage ou de transformation », souligne René Sabatier.
Aujourd'hui le dossier a été déposé auprès des services de l'Etat pour obtenir les subventions nécessaires à sa mise en œuvre. Laquelle pourrait débuter au printemps 2017 et se poursuivre jusqu'en 2018.

 

Jean-Marc Emprin